Le Borussia Dortmund toujours dans le flou avant le Klassiker
Cinq victoires et trois défaites, voici le bilan de l'équipe d'Edin Terzic après les huit premières journées de Bundesliga. Un bilan forcément décevant au regard de l'effectif mis à disposition de l'entraîneur allemand revenu cet été sur le banc du BVB.
En effet, le contenu dans le jeu est poussif, à l'image de ce que Terzic avait proposé aux observateurs lors de son premier passage, il y a deux saisons. Offensivement, Dortmund ne semble pas avoir trouvé la bonne formule, même si lorsqu'on regarde les xG (14,62), on se rend compte que les coéquipiers de Jude Bellingham ont manqué de réussite depuis le début de la saison. Défensivement, même problème, le BVB encaisse encore trop de buts pour prétendre à concurrencer le Bayern Munich - qui n'est pas l'actuel leader cependant. Avec dix buts pris en huit matchs, Dortmund n'est pas en réussite non plus dans son camp, car les xGA indiquent 8,18.
Pourtant, au vu des individualités, les hommes de Terzic doivent produire plus. Demain soir face au Bayern Munich, c'est l'occasion d'établir leur premier match référence de cet exercice 2022-2023.
Le Bayern Munich comme bête noire
10 novembre 2018, c'est la date à laquelle il faut remonter pour trouver la trace d'une victoire du Borussia Dortmund à domicile en championnat face au Bayern Munich, les locaux l'avaient emporté 3 à 2. Toutes compétitions confondues, c'était le 3 août 2019 à l'occasion de la Supercoupe d'Allemagne 2019. Cette fois-ci, l'équipe de Lucien Favre avait gagné 2 à 0. Plus largement, dans le Klassiker, le Bayern Munich n'a plus perdu à domicile depuis avril 2017 et une défaite 2-3 en demi-finale de Pokal (Coupe d'Allemagne). Enfin, les Bavarois restent sur huit victoires de rang toutes compétitions confondues face à leur rival.
Il paraît évident que Dortmund reçoit les hommes de Julian Nagelsmann avec un statut d'outsider tant l'historique récent ne plaide pas en sa faveur. On se souvient d'ailleurs du match de la saison dernière au Signal Iduna Park à l'issue duquel le Bayern Munich a triomphé 3-2 et le sentiment prédominant semblait être toujours le même : la supériorité écrasante du Rekordmeister. Ces dernières années, le multiple champion d'Allemagne en titre a pris l'habitude d'écraser son rival. Depuis cet été, un certain Robert Lewandowski n'évolue plus dans les rang bavarois, c'est peut-être l'occasion d'en profiter pour le BVB.
Mais il reste toujours des joueurs comme Joshua Kimmich, Serge Gnabry, Kingsley Coman ou même Jamal Musiala qui ont fait très mal au mur jaune.
Time to shine pour Edin Terzic
Edin Terzic semble l'archétype parfait de ce qu'imagine le Borussia Dortmund au sein de son fonctionnement interne. L'entraîneur allemand, également croate, est arrivé dans la Ruhr en tant que scout ainsi qu'adjoint d'Hannes Wolf au sein des U19 en juillet 2010. Progressivement, il a grimpé les échelons. Pendant trois ans, les deux hommes sont restés au sein de l'académie des jeunes, puis Terzic a pris les commandes des U16, mais n'y reste que... deux semaines ! Un certain Slaven Bilic vient le chercher pour être son adjoint au Besiktas.
Ensuite, les deux techniciens poursuivent leur collaboration à West Ham de 2015 à 2017, mais lorsque Bilic se fait limoger en novembre 2017, Terzic se retrouve sans rien. Six mois plus tard, Lucien Favre se fait engager par le Borussia Dortmund et ce dernier l'appelle pour faire partie du staff. Durant plus de deux ans, Terzic gagne en influence au sein du club de la Ruhr et c'est tout logiquement qu'il fait l'intérim lorsque Favre se fait virer.
C'est alors l'opportunité de sa vie qui se profile et il finit la saison sur le banc des Jaunes et Noirs. Il parvient à qualifier les siens pour la Ligue des champions, mais ne marque pas particulièrement les esprits ni par sa philosophie de jeu, ni par ses résultats. Marco Rose est nommé entraîneur à l'aube de l'été 2021 et Terzic devient directeur technique du club.
Mais sa carrière prend une nouvelle dimension lorsqu'à l'issue de la saison dernière, Rose n'est pas conservé, malgré une place de vice-champion de Bundesliga et Edin Terzic est sollicité une seconde fois pour prendre les rennes de l'équipe. Il signe un contrat de trois ans avec comme objectif de faire du BVB une équipe plus régulière et plus consistante afin d'aller déranger le Bayern Munich.
Sauf que depuis le début de saison, le Borussia Dortmund est tout sauf synonyme de régularité. Une victoire 3-1 contre Fribourg, une défaite 3-2 contre le Werder Brême, une défaite 3-0 conte Leipzig, une défaite 3-2 contre Cologne et une victoire 4-1 contre le Séville FC notamment, tels sont les résultats en dent de scie du BVB depuis le début de saison. Dans la tête, les coéquipiers de Jude Bellingham ne sont pas assez constants et lâche des points qu'un prétendant au titre ne devrait pas laisser faire.
Tantôt en 4-3-3, tantôt en 4-2-3-1, Terzic varie entre plusieurs systèmes de jeu, qui peut s'apparenter à une certaine hésitation. Lorsque Marco Reus est là, il est parfois aligné en 10, sinon Bellingham s'est déjà chargé de ce rôle. En 4-3-3, Emre Can est utilisé en 6, comme ce fut le cas cette semaine face aux Sévillans. Devant Julian Brandt semble l'un des tauliers offensifs, mais il est trop seul à performer régulièrement. À Terzic de faire briller ses autres éléments, car il a de la ressource exploitable.
Demain soir, Terzic va devoir prouver qu'il mérite sa place sur le banc de Dortmund et surtout, qu'il peut être l'homme de la situation pour faire progresser le club de la Ruhr.
Jude Bellingham surnage
Depuis le début de saison, un joueur se démarque tout particulièrement au sein du Borussia Dortmund. Il est international anglais, a 19 ans, est dans la ligne de mire du Real Madrid notamment et a été le capitaine de son équipe face à Séville, Jude Bellingham est désormais le leader technique du BVB.
Auteur de quatre buts et deux passes décisives en douze rencontres toutes compétitions confondues, le natif de Birmingham n'est pas forcément décisif dans le dernier geste, mais il est la plaque tournante du milieu de terrain des Jaunes et Noirs. Lorsqu'on regarde les statistiques avancées, on se rend compte qu'il fait partie des meilleurs en Europe à son poste dans la production offensive, mais aussi dans le jeu de passes. Par exemple, il fait partie des 3 meilleurs % concernant le nombre de passes décisives en moyenne toutes les 90 minutes avec un taux de 0.29. Même pourcentage pour le nombre de dribbles réussis (1.77/90 min) et de touches de balle dans la surface adverse (3,61/90 min).
Pour le moment, il est le meilleur joueur de son équipe, mais face au Bayern Munich, cela ne devrait vraisemblablement pas suffire lorsqu'on regarde le collectif relativement efficace mis en place par Nagelsmann. Bellingham va devoir être épaulé par ses coéquipiers pour espérer un résultat favorable demain soir au Signal Iduna Park.
