Le Canada peut-il réellement créer la surprise au Qatar?
Le parcours du Canada vers la phase finale a été de longue haleine, avec 14 matchs de qualification contre d'autres prétendants de la zone CONCACAF répartis sur près de sept mois. Mais ils n'ont jamais semblé en difficulté, restant invaincus contre leurs deux plus grands rivaux - les États-Unis et le Mexique - pour dominer le groupe, prenant 28 points pour créer l'histoire d'une équipe en plein essor.
Leur sélectionneur est John Herdman (47 ans). Un Anglais, qui a emprunté une voie très différente pour devenir membre de l'équipe nationale du Canada, dirigeant l'équipe féminine du pays pendant sept ans et devenant ainsi la seule personne à diriger une nation masculine et féminine de la Coupe du monde. Il n'a aucune expérience en gestion de club, mais son travail dans le jeu international suggère qu'il s'est créé à construire une nation et une équipe prête à travailler dur les uns pour les autres.
Ils se dirigent vers le Qatar, placés dans le groupe F. Face à eux se trouve le trio coriace du Maroc, des finalistes de 2018, la Croatie et la Belgique. Se qualifier dans ce groupe sera un énorme exploit pour cette équipe, mais ils ont suffisamment d'armes pour provoquer des surprise en ce mois de novembre.
Forces
Leurs plus grands atouts sont leurs joueurs en attaque. Alphonso Davies -l'ailier gauche du Bayern Munich - et Jonathan David, qui joue avec Lille, seront le duo sur lequel le Canada devra s'appuyer s'il veut bien faire au Qatar.
Leur plus grand souci avec cette paire est la forme physique. Davies aurait repris la course début novembre après une blessure aux ischio-jambiers et il y a des points d'interrogation sur l'impact qu'il peut avoir. Il est dans l'équipe, donc Herdman doit croire qu'il peut jouer un rôle dans la phase de groupes. S'il est en pleine forme, il jouera plus haut que pour le Bayern, et compte tenu de sa vitesse et de sa maîtrise du ballon, il sera une énorme menace.
David est l'autre attaquant influent qui peut utiliser son expérience en Europe pour mener le Canada cet hiver. En Ligue 1, il a été fantastique, marquant neuf buts en 15 matchs cette saison avec trois passes décisives. Cette forme a été similaire tout au long de sa carrière internationale, marquant 24 buts en 34 apparitions. Il sera la clé du succès du Canada.
Ensuite, il y a Stephen Eustaquio, l'un des joueurs les plus en forme d'Europe en ce moment avec cinq contributions de buts lors de ses quatre derniers matchs avec Porto. Sa présence pourrait faire une réelle différence dans leur alignement offensif.
Pour Herdman, il cherche le collectif pour les faire passer : « Je pense que la loyauté, la confiance et la fraternité sont au cœur. Je pense que cela va être un facteur X pour le Canada à cette Coupe du monde".
Faiblesses
Si les attaquants ont de l'expérience sur la scène mondiale, les défenseurs n'en ont guère. Seul Richie Laryea évolue dans un des cinq grands championnats européens, la plupart jouant au Canada avec Montréal en MLS ou à travers l'Europe. Herdman a joué à trois ou à quatre derrière au cours de la dernière année, suggérant qu'il n'est pas sûr de ce qui fonctionnera le mieux pour lui. Lors des qualifications, ils pourtant avaient le meilleur bilan défensif de la zone CONCACAF, concédant sept buts en cours de route.
Cependant, leur adversité au Qatar sera plus redoutable et ce manque de qualité à l'arrière pourrait signer leur perte. De plus, ils n'ont pas joué contre une équipe européenne depuis 2015, ce qui signifie qu'une grande partie de leur défense n'a pas été entièrement testée par des joueurs tels que Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku. Il est probable qu'ils déploieront une défense à trois contre les plus grandes équipes, passant à une à quatre lorsqu'ils auront besoin de contrôler le jeu.
XI idéal
M Borjan - A Johnston, S Vitoria, D Cornelius, S Adekugbe, R Larryea - A Hutchinson, S Eustaquio - L Miller, A Davies, J David
Herdman a un talent offensif auquel faire appel et c'est une formation qui devra être solide sur le plan défensif. Herdman a coupé la poire en deux et changé sa formation de départ lors des derniers matchs, il est donc difficile de savoir à qui il fera confiance pour leur match d'ouverture contre la Belgique le 23 novembre.
Cependant, il est peu probable que ses trois joueurs de devant changent, tout comme son milieu de terrain - ils ont un rythme et des qualités qui ont fait leurs preuves auparavant, il sera maintenant temps pour eux de le montrer sur la scène internationale.
Point à suivre
Un record pourrait être battu lors de cette Coupe du monde, celui d'Atiba Hutchinson (39 ans), qui, s'il joue, deviendra le plus vieux joueur d'Amérique du Nord ou du Sud à participer à la compétition, battant le record datant de 1958 établi par l'Argentin Ange Labruna. Sa place, cependant, est menacée par des joueurs comme Samuel Piette, qui a joué à ce poste lors des qualifications. Il a également été omniprésent pour le CF Montréal en MLS - un joueur volontaire, qui est meilleur en défense qu'en attaque - il pourrait fournir des jambes neuves aux côtés d'Eustaquio, qui sera plus haut que son partenaire de milieu de terrain.
Pour Hutchinson, le récit autour de lui et le fait que ce tournoi couronne une carrière en Europe qui semble avoir conduit à ce point. Herdman n'aura pas à prendre une décision avec sa tête et son cœur quant à ce qui sera le mieux pour le Canada.
Prévisions
Avec le Pays de Galles, c'est la seule équipe qui n'a pas disputé cette compétition depuis le début du siècle. Cette attente de 36 ans leur donne un tour gratuit au Qatar, mais ils voudront remporter leur première victoire dans le tournoi de leur histoire comme première étape.
Sortir du groupe sera un défi pour une équipe qui pourrait devoir se passer de son joueur vedette pour le match d'ouverture. Pour se qualifier pour les huitièmes de finale, ils devront battre le Maroc lors de leur dernier match et espérer prendre des points à leurs adversaires européens.
Ce sera un défi et il est probable qu'ils sortiront en phase de groupes, mais ils ont des joueurs qui peuvent créer la surprise et rendre la tâche difficile pour la Belgique et la Croatie. Pour le Canada, la Coupe du monde 2026 à domicile est déjà à l'horizon et ce tournoi est l'occasion idéale d'acquérir de l'expérience et de tirer des leçons avant son tournoi dans quatre ans.