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Le carton rouge de 20 minutes, révélateur des divisions sur le futur du rugby

AFP
Le carton rouge allégé à 20 minutes, auquel la France s'oppose, est un révélateur des conflits entre nations sur le futur du rugby.
Le carton rouge allégé à 20 minutes, auquel la France s'oppose, est un révélateur des conflits entre nations sur le futur du rugby.ANDY BUCHANAN/AFP
Promu par World Rugby et testé sous une variante lors des différents matches internationaux du mois de novembre, le carton rouge allégé à 20 minutes, auquel la France s'oppose, est un révélateur des conflits entre nations sur le futur du rugby.

Après seulement quelques mois de test, la fédération internationale a pris de court le monde du rugby en annonçant un vote le 14 novembre pour élargir mondialement le test du carton rouge allégé, qui permet de remplacer après 20 minutes un joueur exclut définitivement.

La France, par la voix de sa fédération, de la ligue et de son syndicat de joueur, a réagi en se disant "fermement" opposée à ce principe, au nom de la protection des joueurs dans un sport où les commotions cérébrales sont un risque trop fréquent.

"C'est un sport collectif, donc l'équipe doit être sanctionnée", estime le demi d'ouverture sud-africain du Racing 92 Tristan Tedder.

Pas plus d'enthousiasme chez les entraîneurs du Top 14: "une erreur manifeste" pour le Toulousain Ugo Mola, un "non-sens" pour le Rochelais Ronan O'Gara, ancien international irlandais aux 128 sélections.

Son compatriote Caelan Doris, troisième ligne du Leinster et capitaine du XV du trèfle, se montre lui favorable à un essai pour "trouver un équilibre entre la sécurité des joueurs et ne pas vouloir gâcher un match s'il y a un ou deux rouge rapidement dans la rencontre."

Réduire l'impact sur le jeu 

Ne pas gâcher le spectacle: c'est bien la raison pour laquelle World rugby veut modifier le carton rouge, sous l'influence notamment de la fédération néo-zélandaise.

La finale du Mondial-2023, remportée d'un point par les Sud-Africains face aux All Blacks (12-11), n'a pas été digérée par de nombreuses figures du rugby néo-zélandais, en raison de l'exclusion définitive du capitaine des Blacks Sam Cane pour un plaquage dangereux après à peine une demi-heure de jeu.

"Nous pensons que ce n'est pas juste pour les joueurs ni pour les supporters", s'est justifié auprès du quotidien britannique The Telegraph Mark Robinson, le président de la fédération néo-zélandaise, soulignant "l'impact majeur" d'un rouge sur le jeu.

Un argument rejeté par la FFR, qui met en avant des statistiques: "l'équipe qui prend un carton rouge ne perd que dans 60 % des cas" souligne son patron Florian Grill.

"Le rugby se modernise", argumente Mark Robinson, dans la lignée de World Rugby, qui a présenté le carton rouge de 20 minutes parmi un ensemble de règles pour "améliorer l'expérience des spectateurs et des joueurs en favorisant un jeu plus rapide": mêlées et touches accélérées, ne plus autoriser qu'un seul arrêt pour les mauls au lieu de deux actuellement...

Tous ces changements vont dans le sens des fédérations néo-zélandaises et australiennes, qui s'inquiètent de la concurrence du rugby à XIII, aux plaquages spectaculaires, et au jeu plus fluide et sans temps morts.

La France isolée ? 

Selon Robinson, la France est isolée dans son refus du carton rouge de 20 minutes. Une analyse confortée par la décision du comité des Six nations d'en tester une version optionnelle lors des test-matches d'automnes, avec l'accord de l'Irlande, initialement opposée au projet initial de World Rugby.

Durant les rencontres internationales du mois de novembre, l'arbitre pourra donc sortir un rouge définitif pour une faute qu'il juge délibérée, et un carton rouge de 20 minutes pour une faute accidentelle. Au risque d'une certaine confusion pour les spectateurs comme pour les joueurs.

Quelle que soit la décision du conseil de World rugby le 14 novembre, le sort du carton rouge de 20 minutes pourrait également se jouer le même jour dans un autre vote: l'élection à la présidence de l'instance.

L'Australien Brett Robinson, soutenu par sa fédération et la Nouvelle-Zélande et a priori favori à la succession de l'Anglais Bill Beaumont, n'y fera pas obstacle. Mais un succès de l'ancien capitaine du XV de France Abdelatif Benazzi, qui bénéficie du soutien de l'Afrique du sud, pourrait rebattre les cartes.

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