Le derby des Plats Pays, avant-goût alléchant de la Coupe du monde 2022 au Qatar
La Belgique, le moment ou jamais ?
Et si 2022 était l’année de la Belgique ? Attendue au tournant lors de la Coupe du monde 2018 en Russie - elle finira troisième lors de cette compétition -, les Diables Rouges arrivent, à deux mois du rendez-vous, à la croisée de deux générations : celle qui fût promise à un grand avenir, mais qui, pour le moment, n’a pas réussi à répondre aux attentes, et une autre, moins connue, peut-être potentiellement moins forte, mais tout aussi intéressante.
Le cocktail parfait pour finalement aller au bout et atteindre le stade de Lusail ? Rome ne s’étant pas faite en un jour, tout vient à point à qui sait attendre. Surtout dans le football, ce sport cruel qui oblige aux nations d’avoir la bonne génération pendant un mois, toutes les quatre années. Roberto Martinez et les siens le savent : ils faisaient partie des favoris en 2018 ; ils ont échoué face au champion du monde en demi-finale ; et comme pour toutes expériences, il faut apprendre du négatif pour le transformer en positif afin d'évoluer.
Le match contre les Pays-Bas, son plus grand rival, en Ligue des nations, arrive donc à pic. Il faut se préparer au mieux pour l’échéance du Qatar, tout en gardant en tête qu’une victoire pourrait permettre aux Belges de voir le Final 4 de cette compétition “amicale”. Les Diables Rouges doivent gagner par trois buts d’écarts minimum pour pouvoir se qualifier. De plus, la mauvaise performance à l’Euro 2020, sûrement dû au fait que l’effectif était à bout de souffle, doit servir d’ultime leçon.
Une chance, de ce fait, pour les hommes de Thierry Henry, entraîneur d'un soir de la sélection belge, de pouvoir se mesurer à l'équipe de Louis van Gaal. L'occasion pour les briscards Hazard, De Bruyne, Courtois et compagnie de montrer qu'ils ne sont pas encore sur le déclin. Une opportunité pour la jeunesse belge de montrer au sélectionneur Roberto Martinez qu'il faudra compter sur elle le jour-J. Sur le papier, le mélange paraît excitant.
Commençons par les anciens : vous avez très certainement le meilleur gardien au monde, probablement le meilleur milieu au monde, et aussi un attaquant, ancien top mondial, qui veut renaître de ses cendres entre le 20 novembre et le 18 décembre. À cela, ajoutez les expérimentés Vertonghen, Alderweireld, Witsel, Carrasco et Meunier, et la pépite plus que confirmée Tielemans.
Maintenant, on se penche sur les jeunes. Cela devient captivant. Tout d'abord, Debast, jeune défenseur prometteur d'Anderlecht, qui a connu sa première sélection en étant titulaire jeudi. Charles de Ketelaere, qu'on ne présente plus, amené à devenir important à Milan. Lois Openda, transféré du Club Bruges à Lens pour 9 millions d'euros cet été, est déjà à 4 buts en 8 rencontres avec les Sang et Or. Enfin, Alexis Saelemaekers reste un profil intéressant.
Associez les deux générations et obtenez un effectif compétitif, qui peut jouer les trouble-fêtes là où on ne les attend pas. Dernier test face aux Pays-Bas, avant le grand rendez-vous au Qatar.
Le baroud d'honneur de Louis van Gaal
Le 4 août 2021, Louis van Gaal sort de sa retraite de cinq ans pour enfiler le costume de super-héros. Il est appelé par la KNVB (la fédération néerlandaise) pour faire rebondir les Oranje après la déception de l'Euro 2020 joué quelques semaines plus tôt. Alors qu'il fête ses 70 ans quatre jours après, Van Gaal interroge les observateurs, notamment sur sa capacité à faire gagner Memphis Depay et ses coéquipiers. Des doutes légitimes, mais qui sont très rapidement oubliés.
En effet, depuis, après 14 rencontres dirigées à la tête des Pays-Bas, Louis van Gaal, qui avait déjà dirigé son pays natal entre 2000 et 2001 puis entre 2012 et 2014, met tout le monde d'accord. Avec 10 victoires et 4 matches nuls, les Orange sont invaincus depuis l'Euro 2020 et surfent sur une superbe dynamique, particulièrement avec un Depay stratosphérique depuis l'été 2021 (14 buts, 3 passes décisives en 13 matches).
De plus, il faut savoir que Louis van Gaal peut se targuer d'une statistique plutôt impressionnante. Il n'a pas perdu un match officiel à la tête des Pays-Bas depuis septembre 2001, c'était en Irlande (1-0) dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2002. Cela signifie que dans les grands rendez-vous, l'ancien du Barça répond présent. On se souvient tous du parcours des Néerlandais à la Coupe du monde 2014 à l'issue de laquelle LVG et ses hommes n'ont pas perdu un match. L'Argentine les avait éliminés aux tirs au but en demi-finale. Ce soir, la Belgique a les moyens de frapper un grand coup.
Lorsqu'on interroge Louis van Gaal en conférence de presse d'avant-match hier à propos d'une éventuelle victoire belge, il répond ceci : "Si cela arrive, ce sera mérité. Mais je crois en mes joueurs et qu'ils vont gagner. C'est ainsi que je les prépare. Je ne m'attends pas à une surprise. Mes joueurs sont toujours concentrés et c'est pourquoi je leur annonce toujours la composition deux jours à l'avance pour qu'ils puissent se concentrer." Le message est donc clair. Ce soir, c'est un choc entre deux pays en forme. Jeudi soir, la Belgique a battu le Pays de Galles (2-1), tandis que les Pays-Bas ont disposé de la Pologne (2-0).
Si lors du match aller au mois de juin, les Oranje sont parvenus à s'imposer 4 à 1 chez ses voisins, ils sont capables de réitérer leur performance à domicile. Pour ce dernier match de poules de Ligue des nations, les Pays-Bas sont en position favorable pour se qualifier pour le Final 4 prévu au mois de juin 2023. Mais cette rencontre fait office de gros test avant le début du Mondial. Rendez-vous que Louis van Gaal connaît bien et espère toujours remporter. "Mon objectif personnel est de devenir champion du monde et je veux le transmettre à mes joueurs [...]. Je ne le fais pas pour moi, mais je le fais pour aider le football néerlandais. J'ai toujours tout fait pour aider le football néerlandais", a déclaré Van Gaal en août 2021. Ça a le mérite d'être clair.
Mais est-ce que le collectif néerlandais est capable d'aller chercher sa première Coupe du monde ? C'est évidemment difficile de prédire quoi que ce soit, mais certaines individualités sont des références internationales et peuvent briller, et ce, dès ce soir. Seul(s) problème(s), plusieurs joueurs sont incertains. En effet, Memphis Depay, Frenkie de Jong, Teun Koopmeiners et Steven Berghuis pourraient ne pas jouer. Une mauvaise nouvelle, car ils sont des joueurs très importants de l'effectif néerlandais.
Néanmoins, si l'on fait un tour d'horizon du contingent Oranje, on trouve des joueurs de classe mondiale à chaque ligne, excepté au poste de gardien de but. En attaque, Depay, Cody Gakpo et Steven Bergwijn apparaissent comme les trois futurs titulaires au Qatar. Au milieu de terrain, la paire De Jong-Koopmeiners pourrait se révéler très dominatrice. Enfin, en défense, la charnière Virgil van Dijk-Matthijs de Ligt est sans doute l'une des tous meilleures du monde. Concernant les promesses, il est à noter que Ryan Gravenberch, Noa Lang, Donyell Malen, Jurriën Timber et Jeremie Frimpong pourraient exploser durant le Mondial s'ils sont sélectionnés.
Ce soir, même sans certains indispensables, les Pays-Bas vont entamer leur derby avec l'ambition d'asseoir leur domination régionale.