Le doublé brasse-papillon, le défi fou et "bizarre" de Léon Marchand
Même Michael Phelps ne l'a jamais fait. En cinq participations aux JO, l'Américain ne s'est jamais aligné sur deux finales individuelles lors d'une même soirée.
Pourtant, sauf changement de programme de dernière minute, Marchand devrait se lancer dans cette aventure folle aux Jeux 2024.
"C'est un très grand challenge, probablement plus grand que n'importe quel défi que Michael Phelps a dû affronter, parce qu'il faut faire deux courses, trois fois de suite (séries, demies et finales, ndlr). C'est très difficile", explique Bob Bowman, le coach du Français, qui a aussi été l'entraîneur de l'Américain.
Le défi de Marchand consiste donc à enchaîner six courses individuelles en deux jours. "On peut se dire que s'il ne choisit de faire qu'une seule course, elle sera sans doute meilleure", poursuit Bowman. "Par ailleurs, s'il fait les deux, quelles conséquences cela aura-t-il sur son 200 m quatre nages qui est plus tard ? Ce sont deux questions à se poser. On pèse les pour et les contre, on a une idée mais..."
Un duo "bizarre"
Après un peu de repos lundi, le nageur devrait donc vivre une journée de mardi bien chargée avec en matinée les séries des deux courses puis, s'il se qualifie, les deux demi-finales en soirée.
C'est là que l'enchaînement risque d'être le plus compliqué avec la demie du papillon prévue à 20h42 et celle de la brasse à 21h54. Le lendemain, la première finale est programmée à 20h36, la seconde à 22h15.
Pour se préparer au mieux à ce défi, Marchand avait testé cet enchaînement de courses lors des Championnats de France en juin dernier afin de voir si l'exploit était réalisable. Un test réussi qui lui a ouvert l'appétit pour les Jeux...
"C'est le genre de trucs que j'adore dans la natation. J'ai toujours fait pas mal de compétitions assez intenses et j'adore ça. Je récupère assez vite, donc j'en profite", déclarait alors le Toulousain de 22.
Et si le défi semble assez fou, il est de surcroit plutôt curieux dans le monde de la natation. "Ce sont des choses que peu de monde fait. 200 pap-200 brasse, c'est un duo assez bizarre. Et j'adore tout ce qui est bizarre !", sourit-il.
"Un nageur unique"
Avant lui, personne n'avait en effet envisagé de nager ces deux courses lors d'une même compétition. Preuve en est, les finales des deux épreuves avaient été programmées dans un premier temps mercredi soir l'une à la suite de l'autre, rendant un doublé impossible.
Mais à la demande de la Fédération française, les organisateurs ont légèrement modifié le programme pour permettre au nageur de disputer les deux.
"C'est assez rare d'avoir un garçon ou une fille capable de faire du papillon et de la brasse à très haut niveau", explique Denis Auguin, le directeur en chef des équipes de France de natation, tant les deux nages font appel à des qualités différentes.
"La brasse est une nage un petit peu à part, le groupe propulseur principal, c'est les jambes, alors que dans les autres nages, ce sont les bras. L'exemple type, c'est que beaucoup de brasseurs ne savent faire que de la brasse."
"C'est quelque chose d'unique de pouvoir faire 200 brasse et 200 pap. Mais Léon est un nageur unique."
En papillon, Marchand aura toutefois fort à faire face à l'imprévisible Hongrois Kristof Milak, recordman du monde de la distance.
Sur 200 m brasse, c'est Qin Hayiang, l'homme le plus rapide du monde sur l'épreuve, dont il faudra se méfier, même si le Chinois n'a pas semblé en grande forme en ce début de compétition.