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Le mercato mirobolant de Chelsea, une équation à 1000 inconnues

Avec AFP
Stamford Bridge le 15 janvier.
Stamford Bridge le 15 janvier.Profimedia
Avec des recrutements qui ont allègrement dépassé les 600 millions d'euros cette saison, Chelsea a fait exploser tous les compteurs mais suscite aussi un nombre impressionnant de questions sur la viabilité économique et sportive de ces investissements.

Crise de fièvre acheteuse

Lors de la vente forcée du club l'an dernier, l'ancien propriétaire russe Roman Abramovitch avait insisté pour que le futur repreneur s'engage à conserver un niveau d'investissement élevé pour que les Blues gardent leur standing.

Avec 300 millions d'euros dépensés cet été et la même somme cet hiver, en battant au passage le record du plus gros transfert en Premier League (121 millions d'euros déboursés) pour le champion du monde argentin Enzo Fernandez, les nouveaux propriétaires, emmenés par l'Américain Todd Boehly, ont certainement dépassé ses attentes.

Les départs estivaux plus ou moins bien gérés et anticipés d'Andreas Christensen et Antonio Rüdiger en défense ou Timo Werner et Romelu Lukaku en attaque, ainsi que les blessures à long terme de N'Golo Kanté, Reece James, Ben Chilwell, par exemple, n'ont pas aidé à se montrer raisonnable.

Mais les talents de négociateur des nouveaux maîtres de Stamford Bridge n'ont vraiment pas fait merveille, sauf pour le compte en banque des clubs vendeurs, Chelsea payant quasiment toujours le prix fort et largement au-dessus du marché pour Wesley Fofana (80 millions d'euros), Marc Cucurella (65 millions), Mykhaylo Mudryk (100 millions) ou Enzo Fernandez.

Même pour le simple prêt de Joao Félix pour 6 mois par l'Atlético de Madrid, Chelsea a dû se délester de 11 millions d'euros, auxquels s'ajoutent les 7 millions d'euros de salaire pris en charge, soit près de 700.000 euros de coût de revient par match potentiellement joué...

Des tours de passe-passe comptables

Alors que l'UEFA tente depuis des années de juguler l'inflation des indemnités de transfert avec la mise en place du Fair-Play Financier (FPF), la compatibilité des investissements de Chelsea avec celui-ci interroge.

Boehly et Clearlake, le fonds d'investissement qui l'accompagne à la tête du club, pensent avoir trouvé un début de parade en allongeant la durée des contrats, ce qui permet d'étaler, dans les comptes, l'amortissement de l'indemnité sur toute la durée du contrat, même si elle est effectivement payée plus tôt.

Fofana a ainsi signé jusqu'en 2029, Badiashile jusqu'en 2030, Fernandez et Mudryk jusqu'en 2031... Comme les recettes tirées des ventes sont, elles, comptabilisées en une fois l'année de la vente, même si le paiement est étalé dans le temps, il est moins dur d'équilibrer ses comptes, du moment qu'on ne poursuit pas cette politique trop longtemps.

Les règles du FPF vont aussi aller en s'assouplissant dans les années à venir, la perte cumulée autorisée par l'UEFA sur trois exercices passant de 30 à 60 millions d'euros à partir de la saison prochaine, voire à 90 millions si le club est jugé financièrement sain par les instances. Il ne sera tout de même pas facile pour les Blues de s'y conformer, sachant qu'en plus, ils vont perdre deux gros contrats de sponsoring pour près de 68 millions d'euros annuels et qu'il faudra essayer de remplacer.

Les sanctions relativement faibles infligées jusqu'ici aux équipes ayant violé ces règles ne sont pour autant pas de nature à inquiéter fortement les Londoniens.

Un pari sportif... très risqué

Malgré toute la créativité financière et comptable déployée par Chelsea, le verdict du terrain risque, lui, de s'imposer rapidement.

Actuellement 10e de Premier League, à 10 points du top 4, les Blues vont avoir bien du mal à aller chercher une qualification pour la lucrative Ligue des champions. Sans les revenus associés, alors que 42 joueurs sont présentement sous contrat, les prochaines fenêtres de recrutement pourraient surtout être conditionnées à des départs qui risquent de rapporter bien moins, à l'image des quelque 60 millions d'euros récupérés sur quatre principales ventes cette saison.

À plus long terme, si le potentiel des joueurs recrutés est globalement indéniable, ce pari reste extrêmement risqué au vu des sommes engagées. La longueur des contrats signés pourraient vite devenir une prison aussi bien pour les joueurs que pour le club si les prestations ou le temps de jeu ne sont pas ceux espérés, et la gestion du vestiaire s'avèrerait très délicate.

France gouvernement

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