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Le rugby français est redevenu un fournisseur officiel d'émotions

Sébastien Gente
Que d'émotions à Twickenham.
Que d'émotions à Twickenham.AFP
On a vibré comme jamais devant la démonstration du XV de France en Angleterre aujourd'hui. Mais ce résultat ne fait que confirmer une tendance. À tous niveaux, le rugby français est de retour au top. Pour notre plus grand plaisir.

Le spectacle était incroyable. Les Bleus ont massacré les Anglais sur leur terrain, et envoyé un message à quelques mois de la Coupe du monde qui aura lieu en France. De retour au plus haut niveau sous la férule de Fabien Galthié, les Tricolores enchantent de nouveau leur public. Mais c'est tout le rugby français qui est bien de retour au sommet.

Tout le rugby au top

Car il n'y a pas que le XV de France. Hier soir, les U20 se déplaçaient également en Angleterre. Car dans l'ombre des grands, les Bleuets font aussi un sacré Tournoi. Passés proches de tomber les Irlandais, ils ont dépeucé les Anglais et montré la marche à suivre, s'imposant 7-42. Comme un avant-goût de ce qui allait se passer. 

Ce match d'hier soir a également été fantastique pour les suiveurs du rugby hexagonal. Le jeu à la française, le "French Flair" comme il est appelé, a été plus qu'entraperçu. Une mêlée conquérante, de la relance dès que possible, et le réalisme attendu. Sans compter une défense de fer. C'était splendide. 

D'une manière générale, toutes les équipes de France sont au diapason. Qui n'a pas vibré lors de la dernière Coupe du monde féminine à l'automne dernier ? Une compétition incroyable, avec en plus la dramaturgie de la blessure de la capitaine Laure Sansus, le supplément d'âme de l'équipe qui était si proche et si loin.

Les audiences de la demi-finale contre les Néo-Zélandaises, diffusée à 7h30 du matin en France, étaient excellentes. Et le match a été au diapason, même si la victoire n'a pas été au bout. Un scénario rocambolesque, avec la pénalité de la gagne ratée à la dernière minute, parce qu'il n'y a pas que les victoires qui procurent des émotions.

 Et pour les vrais mordus de rugby - comme l'auteur de cet article - sous toutes ses formes, les Bleus du rugby à VII brillent aussi. Messieurs comme femmes ont atteint une finale sur une manche du circuit mondial cette saison. Format court (2 fois 7 minutes), haute intensité, actions de grande classe : le Seven a tout ce qu'il faut pour plaire.

Et là encore, la France est en haut. Surtout les femmes, vice-championnes olympiques et médaillées de bronze à la Coupe du monde en septembre dernier. Toutes les branches du rugby français évoluent à un haut niveau, de quoi nous contenter.

Les Bleus ont quelque chose en plus

Mais bien sûr, c'est le XV de France masculin qui brasse le plus de public. Parce que son histoire est infiniment riche. Les plus anciens repensent au premier Grand Chelem de 68, ou le second de 77 avec la "horde sauvage". La génération suivante parlera de la première Coupe du monde en 1987, avec l'essai de Blanco qui qualifie les Bleus en finale. 

Et bien sûr, les années 90. La demi-finale du Mondial 95, quand Bennazzi tombe à 10 cm de la ligne au terme d'un match disputé sous la pire tempête possible. Mais surtout 1999, dans la discussion pour le plus grand match de l'histoire des Bleus. Cet incroyable succès sur les All Blacks en demi-finales de la Coupe du monde. Un match de légende. S'il faut en avoir vu un dans sa vie, c'est celui-là.

Et puis comment ne pas parler d'un autre France - Nouvelle-Zélande légendaire. 2007, 1/4 de finale du Mondial. Exilés à Cardiff, les Bleus, peu convaincants en début de tournoi, vont renverser des Blacks qui dominaient le rugby à cette époque. Un exploit monumental.

Une décennie 2010 décevante, pour rester poli

Mais beaucoup de choses ont changé. Car on sort d'une décennie 2010 clairement en dessous des précédentes. Si il y eu le Mondial 2011 dans lequel les Bleus sont passés à un point du titre, le niveau de jeu était peu élégant, autant pour les Français que pour les autres. Sans doute la Coupe du monde la moins intéressante rugbystiquement parlant. 

Et puis, la France n'a remporté le tournoi qu'en 2010. Après, rideau. Les Bleus n'ont su contrer la montée en régime du Pays de Galles et de l'Irlande. Niveau joueurs, la génération de cette période ne laisse pas un souvenir impérissable. 

Mais surtout, cette décennie a délivré plusieurs humiliations à la France. Le 59-16 au Stade de France contre l'Australie en 2010. La première défaite dans le Tournoi contre l'Italie en 2011. Celle contre les Tonga en poules du Mondial la même année. Le Tournoi 2013 terminé avec un seul succès. 

Le 62-13 contre les Blacks en quarts de finale du Mondial 2015. La défaite à la maison contre les Fidji en 2018. Sans compter plusieurs déroutes en tournée dans l'Hémisphère Sud. Non vraiment, la décennie 2010, on peut en oublier une très grande partie.

Le haut niveau change tout

Qu'est ce qui a changé ? Bien sûr, la qualité des joueurs de cette génération est exceptionnelle. Avoir des joueurs comme Antoine Dupont, que le monde entier reconnaît comme le meilleur demi de mêlée du monde, cela donne du cachet. 

Mais surtout, le XV de France décolle petit à petit son étiquette de perdant magnifique. Car c'est la principale réputation des Bleus. Capables du meilleur comme du pire, frapper quand on ne l'attend pas. Cela colle avec le French Flair. Imprévisible, les Bleus peuvent gagner quand ils sont donnés perdants et couler en tant qu'archifavoris. 

Cependant, quelques émotions nouvelles sont apparues. La constance des Bleus à un tel niveau est assez inédite. La série de 14 victoires d'affilée étalées sur plus de 18 mois est là pour le prouver. Voilà deux tournées d'automne que les Français matent les nations du Sud à la maison, provoquant nécessairement le retour de l'engouement.

Le fait de gagner encore et encore en sachant pertinemment que l'on fait partie du top 3 mondial est cependant sans doute l'émotion la plus forte. Les victoires sur l'Australie et l'Afrique du Sud en novembre en sont la parfaite illustration. Les Wallabies et Springboks ont donné le change, joué à un haut niveau, bousculé les Bleus, mais au final, la victoire était là, après des années de "défaites encourageantes".

Et quand les Bleus ont perdu en Irlande en février, on a quand même vibré. Parce qu'en connaissant la qualité de l'adversaire, on sait que la prestation était de haute volée. Et cette fois, pas de défaite encourageante, juste une défaite. Comme il en arrive à tous. De quoi remettre les pieds sur terre des Bleus et de leurs supporters, et ce revers n'en a rendu que plus merveilleux ce qu'il s'est passé à Twickenham. Vivement la Coupe du monde. 

France gouvernement

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