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Les clubs de L1 plongent et veulent faire surpayer les supporters pour compenser leurs erreurs

De gauche à droite : Vincent Labrune (LFP), Nasser Al-Khelaifi (PSG) et Philippe Diallo (FFF)
De gauche à droite : Vincent Labrune (LFP), Nasser Al-Khelaifi (PSG) et Philippe Diallo (FFF)AFP
49€ par mois pendant un an pour voir uniquement la Ligue 1, c'est la nouvelle trouvaille de la LFP et des clubs pour sauver leurs finances déjà mal gérées, surtout après avoir été le seul championnat majeur à totalement s'arrêter pendant la crise COVID. Plutôt que de repenser le système, ils ont décidé de s'en prendre au portefeuille de leurs clients... qui ne les sauveront pas.

Quand Vincent Labrune a été auditionné par la commission sénatoriale le mois dernier, il l'avait assuré : l'objectif premier de l'appel d'offres pour la commercialisation des droits TV était d'offrir aux supporters l'intégralité du catalogue sur un seul et même diffuseur. Ce ne sera finalement pas le cas, DAZN prenant 8 matches et BeIN la 9e rencontre. 

Les temps sont durs et les ménages ne peuvent pas cumuler les extras. Sachant que les entrées de gamme pour Netflix (5,49€ par mois), Disney + (5,99€ par mois), Amazon Prime (6,99€ par mois) et Apple TV (9,99€ par mois) proposent des catalogues pléthoriques pour toute la famille, cela laisse pantois au moment de réaliser qu'il faudra verser 34€ par mois pour obtenir DAZN en plus de BeIN Sports (15€) et l'offre sport de Canal+ (29,99€ pendant un an puis 45,99€ avec un engagement de 24 mois ou directement 45,99€ sans engagement) qui pourrait proposer des packs sport élargis, sous réserve que DAZN verse son écot pour être diffusé, soit 60M€ par an minimum. Précision importante : alors que le Pass Ligue 1 de Prime s'étendait sur 10 mois, il s'agira là d'un abonnement sur 12 mois. 

Quasiment 35€ le match pour un abonné au stade !

49€ juste pour la Ligue 1 ? Même avec une éventuelle remise avec un pack sport proposé par Canal+, encore le grand gagnant de l'histoire, dans quel monde l'équation peut fonctionner ? Le modèle est obsolète. Hormis les journalistes dont c'est le métier, qui a besoin d'un catalogue entier de la Ligue 1 ? La manière uniforme et unilatérale de vendre le championnat n'est plus adaptée aux usages et, en plus, elle manque de respect aux abonnés au stade. 

Un peu de calcul : 49€ sur 12 mois font 588€. Si vous ne regardez que les matches de votre club, cela fait 17,29€ le match. Et si vous êtes abonnés au stade, la journée vous coûtera le double, soit 34,58€ ! Comment la LFP peut-elle ne jamais prendre en compte cette partie substantielle de son public ? Rien qu'avec le PSG et l'OM, cela fait déjà 80.000 personnes, sans compter l'OL, Lens, Lille, Rennes, Strasbourg, Nantes et le retour de Saint-Étienne qui générent beaucoup de ferveur dans les gradins. En fait, elle fait surpayer potentiellement entre un quart et un tiers de son auditoire le plus fidèle !

La L1 attire peu ou prou 1,5 million de personnes payantes. Le pass Ligue 1 à 14,99€ par mois (auquel il fallait ajouter l'abonnement obligatoire à Amazon Prime pour 6,99€ soit 21,98€ tout compris par mois) a atteint 1,8 million d'abonnés en décembre 2021, avant de passer à 1,4 en juin 2023, soit le même niveau qu'en septembre 2021. Alors qu'un tel géant des GAFAM n'est pas rentré dans ses frais avec un investissement de 250M€ par saison pour 7 matches de L1 et 80% de la L2, dans quelle dimension dans arrive-t-on à un business plan certifiant qu'en 2026-2027 il y aura 2,78 millions d'abonnés et même 3,37 en 2028-2029 pour un abonnement en hausse de 150% ? Qui peut vendre une telle ineptie et, pire qui peut bien y croire ? À croire que des propriétaires fortunés perdent tout sens commun quand il s'agit de football... 

Pas de pack par club, pas de pack "10 meilleures affiches", pas d'offre à l'unité, aucun contenu additionnel (insides qualicatifs, matches des féminines hors D1 Arkema, de la réserve, des catégories de jeunes), sans partenariat par exemple avec des radios locales pour disposer de davantage de canaux audios, sans nouveaux angles de caméras, sans immersion : la LFP et les clubs ont tout faux, incapables qu'ils sont à travailler de concert, à mutualiser leurs ressources, à innover. La LFP avait déjà plus d'une décennie de retard dans le partage des highlights sur les réseaux sociaux, une fenêtre de promotion colossale en France et dans le monde, elle va en perdre une de plus, voire davantage, la faute au manque de préparation nécessaire pour développer une OTT d'une part, et parce qu'il faut constamment éponger les déficits ce qui empêche les innovations d'autre part. 

Le football français se meurt depuis des années, perclus dans des modèles passéistes, et offre en plus une opportunité en or au piratage. Le football est devenu un produit de grand luxe, un investissement énorme au sein d'un foyer sans garantie de spectacle et de résultats. Sans star, donc sans produit d'appel, attirer de nouveaux clients pour cette saison 2024-2025 qui commence dans un mois est impossible. Et sans une base solide d'abonnés dès cet été, le pire est déjà à craindre. 

Entre les abonnements TV, les abonnements au stade et le merchandising toujours plus cher (rappelons que le supporter surpaye pour porter un sponsor alors que c'est normalement le sponsor qui paye pour être porté) , les clubs ne font aucun cadeau à leur propre force sociale mais c'est celle-ci qui est toujours plus sollicitée pour compenser toutes les erreurs des dirigeants et propriétaires qui, eux, s'en sortent toujours à bon compte, sans se remettre en question et sans imaginer un nouveau modèle. L'actuel périclite, les subsides du CVC, contrairement à LaLiga, ont été utilisés uniquement pour éponger les dettes liées au COVID au lieu de servir d'investissement dans les différentes infrastructures des clubs. 

De moins en moins attractive, de moins en moins compétitive et de plus en plus chère, la Ligue 1 sombre. À un moment, il n'est pas interdit d'arrêter les frais et de réfléchir sérieusement et honnêtement à comment y remédier. 

France gouvernement

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