QUESTION : À quelle météo doivent s'attendre les concurrents à Marseille et la connaissance du plan d'eau est-elle un avantage pour les Français ?
RÉPONSE : "On a des statistiques sur 10 ans, mais une statistique reste une statistique et il y a toujours des écarts. Par exemple, l'an dernier, à la période des Jeux, il a fait super froid pendant quatre jours, alors qu'il aurait dû faire 30 degrés. Et il y avait 30 à 40 nœuds de mistral, bien plus que d'habitude. Ça, ça n'est pas dans les statistiques, ce sont des conditions d'automne. Normalement, on devrait avoir entre cinq et 20 nœuds. C'est très rare en juillet-août qu'il y ait zéro vent toute la journée. C'est un plan d'eau avec des effets thermiques qui génèrent toujours un peu de vent l'été. Il y a toujours un moment où ça se lève. De notre côté, en augmentant le nombre de navigations, on a eu une vision plus fine de ce qui se passe un peu partout et donc une compréhension générale du plan d'eau qui, on l'espère, nous apportera un avantage."
Q : Quel est votre rôle auprès des Français ?
R : "Avant les Jeux, j'ai essayé de les former à comprendre le plan d'eau, en amenant des connaissances météo, un peu scientifiques, pour expliquer les phénomènes qu'ils vont ressentir sur l'eau. On a une vedette météo qui nous a permis de sillonner la rade depuis trois ans et d'enregistrer plein de données. On a créé des outils explicatifs, des relevés, des petits PowerPoint pédagogiques. Ensuite, pendant les Jeux, mon rôle sera de faire une prévision le matin. Je pourrai leur dire voilà ce qu'on prévoit, ça va ressembler aux journées que vous avez vécues à tel moment. On a catégorisé les journées météo, avec des schémas, des modèles. Donc on peut leur dire ça va ressembler à la situation 5, demain, ça sera plus situation 6. Ça peut être un WhatsApp d'une vingtaine de lignes avec les éléments essentiels ou un document PDF avec des cartes plus explicatives et puis des briefs en tête-à-tête. Mais une fois qu'ils sont sur l'eau avec leur coach, on n'a plus le droit d'échanger des infos avec eux."
Q : Ensuite, c'est à eux de jouer…
R: "Eux, ils ressentent. Ils sont meilleurs qu'un instrument de relevé. Ils se déplacent en permanence, ils sentent le millième d'accélération du bateau, ils sentent un changement de direction du vent de un ou deux degrés. À l'œil, ils lisent le plan d'eau comme un livre. La prévision leur donne un ordre d'idée, une catégorie de situation météo. Mais ensuite, c'est à qui sera le meilleur pour lire le plan d'eau."
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT
