Les Nets suspendent Irving, qui refuse de s'excuser pour avoir promu un film antisémite
Si la NBA a bien fini par déplorer, condamner l'agissement et l'attitude de la star, une semaine tout de même après les faits, par la voix de son patron Adam Silver, la franchise de Brooklyn a, elle, décidé de passer à l'action avec une sanction.
"Nous avons été consternés (jeudi), lorsque l'opportunité lui a été donnée devant la presse, que Kyrie ait refusé de dire sans équivoque qu'il n'a pas de croyances antisémites, ni de reconnaître le contenu haineux spécifique au film", a déploré la franchise de Brooklyn dans un communiqué.
"Un tel manquement à désavouer l'antisémitisme est profondément troublant, va à l'encontre des valeurs de notre organisation et constitue une conduite préjudiciable à l'équipe", ont ajouté les Nets pour qui il ne peut donc décemment "plus être associé au club". Cette suspension "se prolongera tant que le joueur ne remédiera pas à l'impact négatif de sa conduite", ont-ils conclu.
Jeudi dernier, la star de Brooklyn avait diffusé sur Twitter et Instagram une affiche de "Hebrews to Negroes : Wake Up Black America" avec un lien vers le site d'Amazon pour le louer ou l'acheter.
Blême, la NBA blâme
Réalisé en 2018 par Ronald Dalton Jr., ce documentaire est adapté d'un livre éponyme datant de 2015 dans lequel il est écrit que "de nombreux Juifs célèbres de haut rang" ont "admis" avoir "adoré Satan ou Lucifer".
"Kyrie a pris une décision imprudente en postant un lien vers un film contenant des idées antisémites profondément offensantes", l'avait blâmé plus tôt Adam Silver, se disant "déçu qu'il n'ait pas présenté des excuses sans réserve et dénoncé plus spécifiquement le contenu vil et nuisible véhiculé par le film qu'il a choisi de rendre public".
L'intéressé qui a depuis retiré ses posts controversés, a simplement répondu en disant qu'il en prenait "la responsabilité", reconnaissant que "certaines choses étaient douteuses là-dedans, fausses". "Je ne voulais pas faire de mal. Mais je ne suis pas celui qui a fait le documentaire", s'est-il défendu, avant de se montrer plus offensif : "Où étiez-vous quand j'étais enfant et que j'apprenais les événements traumatisants de mon histoire familiale ?"
Mercredi, il s'était contenté, dans un communiqué, d'admettre que sa démarche avait eu un "impact négatif" sur la communauté juive, tout en s'engageant à faire un don de 500.000 dollars à des associations œuvrant pour l'éradication de la haine et de l'intolérance, parmi lesquelles l'ADL, une organisation non-gouvernementale qui lutte contre toute forme d'antisémitisme. Or, cette dernière a refusé son argent, jeudi soir.
Traité d'"idiot"
Quant à Adam Silver, il a dit avoir l'intention "de rencontrer Kyrie Irving en personne dans le courant de la semaine prochaine pour discuter de cette situation", la question étant désormais de savoir s'il prendra à son tour une sanction.
Or, de nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours, autant pour condamner l'agissement de la star que pour fustiger la passivité de la ligue, pourtant à la pointe du combat contre le racisme. Shaquille O'Neal a traité Irving d'"idiot" et Charles Barkley s'est insurgé que la NBA ne l'ait pas suspendu.
"Cette étiquette d'antisémite qu'on me colle n'est pas justifiée et ne reflète pas la réalité dans laquelle je vis tous les jours. J'embrasse tous les milieux et toutes les religions", s'est défendu le joueur, qui s'était déjà fait remarquer en septembre en relayant sur Instagram un message du théoricien du complot Alex Jones parlant du "Nouvel Ordre Mondial".
"Ce n'est pas parce que je poste un lien vers un documentaire que je suis antisémite et que je suis automatiquement du côté de tous ceux qui le sont. Je suis fier de ce que je suis et je suis capable de rejeter toutes les étiquettes que vous me collez parce que j'étudie", a-t-il poursuivi, frondeur.
Cette polémique fait écho à l'affaire Kanye West, suspendu de Twitter et Instagram après avoir écrit qu'il allait s'attaquer aux Juifs. Le rappeur, qui dit souffrir de troubles bipolaires, a vu ses partenariats avec plusieurs marques comme Adidas être rompus, et plusieurs sportifs, comme l'ailier des Celtics Jaylen Brown, ont décidé de ne plus être représentés par son agence Donda Sports.