Les skippers sont arrivés, la fête peut démarrer au Vendée-Globe
Ce vendredi, les équipes techniques de tous les concurrents, arrivées les unes après les autres ces derniers jours dans la cité vendéenne, briquaient les ponts et installaient devant chaque bateau un panneau grandeur nature à l'effigie de leur skipper.
L'absence de vent a grandement facilité l'entrée dans le port des derniers arrivants, bien guidés par plusieurs membres de la direction de course, heureux de vivre une dernière journée calme et ensoleillée avant l'effervescence du village. Il doit être inauguré dans la matinée samedi et s'étend sur quelque 30 000 m² autour du bassin du port de plaisance, où sont attendus plus de deux millions de personnes d'ici le départ à 13h02 le 10 novembre prochain.
"Avec le Vendée Globe, par rapport à d'autres courses, le village ouvre à l'avance, la pression monte progressivement", a expliqué le skipper Fabrice Amedeo (Nexans-Wewise), arrivé jeudi aux Sables.
"Je suis très heureux d'être ici. Après mon naufrage il y a deux ans (sur la Route du Rhum 2022, ndlr), prendre le départ est aussi une victoire personnelle", a ajouté le marin de 46 ans, qui s'élance pour son 3e tour du monde.
La folie foils
Le Vendée Globe est la plus difficile épreuve de course au large. Elle est surnommée "l'Everest des Mers" et oblige ses participants à passer sans assistance par les trois caps de référence, lors d'un périple d'environ 24 300 milles, soit 45 000 km.
Née en 1989, la course se déroule tous les quatre ans avec des Imoca, des monocoques de 60 pieds (18,28 m) conçus pour pouvoir affronter les conditions de mer les plus engagées de la planète. Pour valider leur ticket d'entrée sur cette 10e édition, les skippers ont dû prendre le départ de plusieurs transatlantiques ces trois dernières années. Tout le plateau est surentraîné et les bateaux sont plus fiables que jamais.
La moitié de la flotte est désormais équipée de foils, ces appendices latéraux qui permettent aux voiliers de filer au-dessus de l'eau à des vitesses impressionnantes en limitant la traînée.
Rares en 2016-2017 puis démocratisés en 2020-2021, ces outils technologiques révolutionnaires et très couteux différencient aujourd'hui les écuries favorites des plus petits budgets. "Il y a des courses dans la course, les foilers et les bateaux à dérives. Tout le monde va essayer de jouer avec les voiliers de sa génération", explique le Suisse Alan Roura (Hublot) qui estime tout de même qu'une bonne quinzaine de navire peut s'imposer.
Bestaven pour le doublé ?
La flotte compte un ancien vainqueur seulement, Yannick Bestaven (Maitre Coq), qui l'avait emporté en 2020-2021, après un périple à rebondissements marqué notamment par un départ en pleine épidémie de Covid et le naufrage du marin Kevin Escoffier.
Bestaven fait office de prétendant au doublé, même si d'autres skippers semblent un peu mieux armés, comme Charlie Dalin (Macif), Thomas Ruyant (Vulnérable) et Yoann Richomme (Paprec Arkea), qui se sont partagés toutes les victoires sur les courses de préparation.
Et si le Vendée Globe a toujours été remporté par un Français, trois étrangers pourraient bien marquer l'histoire cette fois: l'Allemand Boris Herrmann et les Britanniques Sam Goodchild (Vulnérable) et Samantha Davies (Initatives Cœur).
Violette Dorange (Devenir), 23 ans et plus jeune des concurrents, est l'une des six femmes engagées, un nombre identique à l'édition précédente. "Terminer c'est le premier objectif", a-t-elle glissé cette semaine à l'AFP, impatiente de "prendre le large".
"J'ai vu deux départs en mer quand j'étais plus jeune. C'est impressionnant… Il faudra rester concentrée sur la course, mais savourer quand même, car une remontée du chenal de Vendée, c'est un moment unique dans la vie", a-t-elle ajouté.
Le recordman de la course est Armel Le Cléac'h revenu aux Sables-d'Olonne après 74 jours 3 heures et 35 minutes autour du monde entre 2016 et 2017. Les premiers en 2025 sont espérés à la mi-janvier.