Liberté, égalité, Jules Koundé
Et si, finalement, Jules Koundé appréciait ce poste de latéral droit ? Défenseur central de formation, l'international français s'est révélé en Liga à Séville en composant une charnière d'acier avec Diego Carlos. À Barcelone, il a dû se décaler pour exister face à la concurrence de Gerard Piqué, Ronald Araújo et Pau Cubarsí, soit trois générations de joueurs formés tout ou partie à la Masia.
Xavi l'adorait; Hansi Flick conserve la même affection pour l'ancien Bordelais. À Montjuïc, "Djouls" est dans le Top 3 à l'applaudimètre, preuve qu'il est non seulement populaire mais également très performant. Depuis plus d'un an, il fait l'unanimité à Barcelone. Dimanche contre Séville (5-1), il est même devenu centenaire chez les Blaugranas, un total atteint en à peine plus de deux saisons.
Utilisation protéiforme
Si, initialement, ce décalage est une contrainte (et l'est toujours), Koundé a su apprivoiser ce nouveau rôle et plusieurs explications étayent pourquoi il a atteint son meilleur niveau avec le maillot blaugrana.
Un nouveau joueur est apparu en 2024 et non des moindres : Lamine Yamal. Ailier droit, l'adolescent est déjà doté d'une vaste palette tactique qui le conduit à ne pas foncer tête baissée mais plutôt à observer son entourage pour trouver la meilleure solution. Le long du couloir droit, Koundé s'est donc rapproché du jeune crack, pas avare non plus en efforts défensifs, et même si sa position moyenne n'est jamais plus haute que celle d'Alejandro Baldé de l'autre côté, il colle aux consignes de Flick de se trouver peu ou prou au niveau de la ligne médiane pour appliquer une haute dose de verticalité. Le duo Koundé-Lamine Yamal est une forme de garantie pour le technicien allemand car il permet d'obtenir le meilleur du Catalan tout en offrant davantage de latitude au Français sur le plan offensif.
Cette liberté est également garantie par la couverture conjointe de l'axial droit, l'essentiel du temps Cubarsí (2) mais ce fut le cas contre Villarreal avec Sergi Domínguez (36). Au-delà de ça, cette évolution dans son placement est possible grâce à l'adjonction de milieu défensif qui redescend dans l'axe pour écarter la position de Cubarsí dans le jeu avec ballon. Ce fut Marc Bernal jusqu'à sa grave blessure contre le Rayo (3e journée) puis avec Eric García (24) ou Marc Casadó (17). À ce titre, le détail des circuits de passes quand les deux milieux sont associés dessine une étoile quasi parfaite.
Enfin, Koundé conserve son rôle de troisième défenseur central dans certaines dispositions offensives. Comme Xavi, Flick place le latéral gauche haut pour convertir son équipe en 3-4-3. La différence majeure avec la saison dernière, c'est que le technicien allemand exige énormément de transversale pour prendre le bloc adverse à revers. À ce titre, Íñigo Martínez, axial gauche, cherche beaucoup plus Koundé que Cubarsí, axial droit. L'inverse en revanche ne se vérifie pas, Cubarsí cherchant prioritairement la relance verticale sur un milieu du double pivot, droit de préférence. Quant à Baldé, il est principalement cherché dans une situation de décalage et de débordement par le milieu gauche et Raphinha (11). Par ailleurs, le Brésilien est régulièrement la cible de Koundé, de droite vers la gauche.
Alors que Araújo a pu, un temps, constituer, une éventuelle menace, il semble fort improbable de voir l'Uruguayen postule à ce poste à son retour de blessure. Si, en France, l'image de Koundé est souvent limitée à ses frasques vestimentaires, à Barcelone, en revanche, il est surtout perçu comme un cadre indiscutable.