Luka Dončić, la NBA pour devenir son plus grand joyau (3/3)
21 juin 2018, Barclays Center, Brooklyn. Pour la 72ᵉ Draft annuelle de la NBA, "El Niño Maravilla" est choisi en troisième position par les Mavs, derrière Deandre Ayton (Suns) et Mavlin Bagley (Kings). À la fin de la saison 2018-2019, le Slovène sera élu Rookie de l’année. Cinq ans plus tard, les propriétaires de Phoenix et de Sacramento se demandent pourquoi leur choix a été porté sur tout sauf Luka Dončić.
"Je ne crois pas aux championnats étrangers. Je n’ai rien contre les joueurs étrangers, mais je sais le genre de compétition que c’est. À 18 ans, il a été le MVP. Pour moi, ça veut dire qu’il jouait contre une opposition de merde. Il ne devrait pas dominer ses adversaires à 18 ans. Je ne l'aurais pas pris au 1ᵉʳ ou 2ᵉ pick lors de la Draft."
Ces mots, ce sont Charles Barkley qui les a eus sur un podcast de Scott Pollard en 2018. Cinq ans plus tard, les faits sont là : Charles Barkley, son ancienne équipe, les Suns, et les Kings, ont eu tort. Luka Dončić s'est imposé comme l'un des plus grands talents de la National Basketball Association.
"Nous savions qu'il allait être très fort. Les seuls qui ne s'y attendaient pas d’ailleurs, c'étaient les Américains, lâche Rémi Reverchon, journaliste-présentateur NBA chez beIN Sport à Flashscore News France. Quand tu vois les choix 1 et 2 à sa Draft, tu te dis quelle terrible erreur pour Phoenix et Sacramento. Ça prouve qu'ils n'étaient pas bien conscients de ce qu'allait devenir Dončić. Malgré tout, personne ne pouvait se douter que ça allait le plus grand talent de NBA."
Une "maturité ultra-précoce" et un talent individuel "sans égal"
En l'espace de 12 mois, Luka Dončić est passé du statut de Rookie de l'année à celui de All-Star. Au cours de sa deuxième saison, il est sélectionné pour son premier All-Star Game en tant que titulaire de la conférence Ouest. Logique au regard de ses chiffres : 21,2 points, 7,8 rebonds et 6 passes décisives en 2018-2019, puis 28.8 points, 9,4 rebonds et 8,8 passes décisives en 2019-2020. Connaissez-vous le mode de jeu "MyCAREER" sur NBA 2K ? Le Slovène ressemble ce prototype créé par vos soins, ultra cheaté, qui assomme la Ligue américaine en deux temps trois mouvements.
"C'est un joueur qui grandit, et qui, depuis le début, a fait preuve d'une maturité ultra-précoce. Dès ses premières années en NBA, il a montré des choses que ne montre pas un gamin de cet âge-là", explique Reverchon. Avec 27,7 points, 8 rebonds et 8,6 passes décisives en 2020-2021 ; 28,4, 9,1, 8,7 en 2021-2022 ; 32,4, 8,6, 8,0 en 2022-2023, l'ancien du Real Madrid n'a jamais levé le pied.
"Son talent individuel est sans égal dans la Ligue, et je pèse mes mots. On parle d'une Ligue avec Steph Curry, Kevin Durant, des mecs comme ça... J'insiste – et avec beaucoup de recul –, je pense que la NBA n'a pas de joyau du niveau de Luka Dončić."
Décembre, son mois fétiche ? Ce lundi 25, "Lukita" est entré dans l’histoire de la NBA ce lundi 25 décembre, en passant la barre symbolique des 10.000 points à seulement 24 ans, grâce à ses 50 points lors de la victoire contre Phoenix (128-114). Avant ça, il était devenu le premier joueur de l'histoire de la NBA avec au moins 60 points, 20 rebonds et 10 passes décisives sur un seul match. C'était le 27 décembre 2022, contre les Knicks, grâce à un match à 60 points, 21 rebonds et 10 passes décisives.
Alors, favori au titre de MVP ? "Oui ! C'est un peu tôt (les déclarations datent de novembre 2023). Mais je pense que les étoiles sont alignées pour que ce soit son année. Dallas est bon collectivement, va gagner des matches. Ce qui est un prérequis obligatoire à être dans la discussion MVP : être top-5 dans sa Conference."
Pour viser la bague, avoir un niveau de leadership plus élevé
Mais voilà. Forcément, comme pour tous les joueurs de son niveau, le Slovène est maintenant attendu en Playoffs. Après avoir prouvé en régulière depuis son arrivée, Dončić va devoir passer un cap en 2024. Son premier objectif ? Réparer l'affront de la saison dernière lorsque les Mavs ont terminé 11ᵉ à l'Ouest, avant de pouvoir emmener son équipe le plus loin possible durant la période d'avril-mai.
"C'est un joueur avec qui la terre entière a envie de jouer. Il a un QI basket supérieur à la moyenne. Mais je pense qu'un gars comme lui doit être capable de tirer une équipe vers le haut. Il n'est peut-être pas assez entouré à Dallas pour le moment, même si j'attends encore de voir l'évolution de l'équipe dans les prochaines semaines, avec laquelle il sera capable de passer un step collectif."
Être mieux entouré, certes. Mais aussi, mûrir en tant que personne, pour pouvoir rendre les autres autour de lui meilleur : "L'homme, c'est là que le bât blesse pour moi. Quand je l'ai interviewé à Abu Dhabi, je l'avais un peu taquiné sur sa proportion à discuter avec les arbitres… Et il avait réagi un peu en gamin, en n'acceptant pas le truc, en étant renfermé. J'ai aussi eu des retours de son équipementier, où parfois, il n'est pas irréprochable dans ses obligations par rapport à Jordan Brand. Il peut y avoir également débat sur sa capacité à rendre les autres autour de lui meilleurs. Je suis peut-être un peu dur, mais quand tu as un talent pareil, il faut de l'exigence à tous les niveaux. Et, aujourd'hui, son niveau de leadership, n'est pas au niveau de son talent."
Malgré tout son talent, le joueur de 24 ans a donc cette ultime étape à franchir. Sûrement la plus dure pour tout joueur de ce niveau. Et c'est le minimum syndical qui doit être réclamé à Luka Dončić qui se doit, un jour, de soulever le Trophée Larry O'Brien.
"Il doit gagner une bague dans les 3-4 ans qui viennent. S'il n'y a pas de bague avant cela, et qu'à Dallas, il n'y a pas de projet pour, il demandera à bouger. C'est un joueur qui doit gagner vite", conclut Reverchon.