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Mahiedine Mekhissi, la sortie d'un olympien d'exception

Avec AFP
Mahiedine Mekhissi après sa victoire aux championnats d'Europe 2018 sur 3000 m steeple.
Mahiedine Mekhissi après sa victoire aux championnats d'Europe 2018 sur 3000 m steeple.AFP
Mahiedine Mekhissi, à la tête de l'un des plus beaux palmarès de l'athlétisme français avec ses trois médailles olympiques sur 3.000 m steeple, a mis fin mardi à sa carrière, jalonnée d'exploits et de quelques incompréhensions.

"J'arrête parce que l'envie n'est plus là. Je ne prends plus de plaisir à aller m'entraîner. J'ai senti que c'était le moment de dire stop", a-t-il annoncé au journal L'Équipe. Contacté par l'AFP, l'athlète n'a pas pu être joint mardi.

Ténébreux, solitaire et insaisissable, Mahiedine Mekhissi n'était jamais aussi à l'aise que sur la piste où il s'est forgé l'un des plus beaux palmarès de l'athlétisme français. Le Rémois a été à son époque l'un des rares fondeur à pouvoir rivaliser sur 3.000 m steeple avec les maîtres kényans, se transformant en bête de course dans les grands championnats, où il a multiplié les exploits.

Triple médaillé olympique sur sa distance fétiche du 3.000 m steeple (argent en 2008 à Pékin et 2012 à Londres, bronze en 2016 à Rio) il compte également deux podiums aux Championnats du monde (bronze en 2011 et 2013). Il a aussi dominé la scène européenne avec cinq titres continentaux (quatre sur 3.000 m steeple en 2010, 2012, 2016, 2018, un sur 1.500 m en 2014).

Surprise en 2008

À chaque fois, Mekhissi avait surgi de nulle part, réduisant ses apparitions en compétition au strict minimum avant de faire parler sa science de la course en championnat. Ce besoin de vivre caché, et cette méfiance qui transparaissait dès que les micros se tendaient, trouvaient peut-être leurs origines dans l'accueil circonspect qui avait suivi son apparition fulgurante sur la scène internationale aux JO de Pékin en 2008.

Médaillé d'argent à la surprise générale, son podium inattendu avait suscité doutes et incompréhension, d'autant que son entraîneur de l'époque traînait une réputation sulfureuse.

"Mon dopage, c'est ma foi en moi, en ma force. J'ai commencé directement avec des problèmes, je ne comprenais pas pourquoi on disait tellement de choses sur moi... ça fait que je suis l'homme que je suis aujourd'hui", avait-il expliqué par la suite. Le grand brun, costaud pour un fondeur, au sourire timide, avait ensuite connu quelques dérapages qui avaient terni son image.

En juillet 2011, il avait échangé des coups de poings surréalistes et ridicules sur la piste de Monaco avec Mehdi Baala. C'est ensuite un responsable du Creps de Reims qui l'avait accusé de l'avoir agressé. Deux mascottes, celles des Euros 2010 et 2012, vivement poussées, avaient également pu faire connaissance avec le caractère impulsif de Mekhissi, huitième enfant d'une fratrie de dix d'origine algérienne élevée dans une cité HLM de Reims.

"Tempérament"

Survolté sur la piste, il avait voulu célébrer sa victoire à l'Euro de Zurich sur 3.000 m steeple en enlevant son maillot tel un footballeur dans la dernière ligne droite avant de franchir la ligne, symbole de sa marge sur la concurrence. Un impair au règlement qui lui avait valu une disqualification cruelle. Deux jours plus tard, il s'était vengé en s'imposant magistralement sur 1500 m. Du Mekhissi tout craché.

"Les gens ont une fausse image de moi", avait déclaré un jour à l'AFP le recordman d'Europe du 3.000 m steeple (8 min 00 sec 09, le 6 juillet 2013 au Stade de France) de sa voix douce. "Dans un stade, on va au combat, je ne suis pas le Mahiedine de tous les jours. Les gens n'arrivent pas à l'assimiler. Je trouve ça triste, parce qu'ils ont parfois peur de m'aborder. Mon caractère et mon tempérament c'est ma force : sans ça je n'aurais pas le même palmarès."

Emprunt de respect pour les athlètes kényans, ses plus féroces adversaires, il avait offert l'une des plus belles images des Jeux olympiques de Londres en portant en triomphe son adversaire Ezekiel Kemboi, qui venait de le devancer pour l'or. Depuis son dernier titre européen en août 2018, Mekhissi avait connu plusieurs blessures, notamment à un tendon d'Achille, et n'avait plus retrouvé le niveau international.

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