Malgré la conquête d'un 11e titre, le PSG vit une victoire en déchantant
Le PSG est champion de France et cela ne suscite aucune passion, y compris chez ses supporters. Un 11e sacre national grâce à un but de Lionel Messi, belle ironie, et validé sur un match nul, clin d'oeil vachard pour une saison très en-deçà des attentes.
Malgré ce titre, le club a perdu une partie de son public et les Everest d'argent dépensés depuis une décennie aboutissent à un désamour qui peut être interprêté comme une réaction d'enfants gâtés incapables de mesurer leur chance mais laissant tout de même l'impression qu'emporter l'adhésion n'est pas une question de bugdet, de stars ou même de trophées.Les supporters du CUP, même s'ils ne représentent pas l'ensemble des suiveurs du club, ont manifesté leur mécontentement, certains d'entre eux allant même jusque devant le portail de Neymar pour l'insulter. Cette séquence supplémentaire a encore terni l'image du PSG à l'international. Plus d'une décennie après l'arrivée de QSI, cette quête d'identité n'est toujours pas résolue. Les attentes liées aux MNM ont fondu au soleil et on ne peut pas s'empêcher de penser que la racine du mal vient du 18 décembre dernier, quand Messi a accompli le rêve d'une vie au détriment de Kylian Mbappé.
Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que la première partie de saison servirait de préparation physique pour la Coupe du monde et que la suite ferait office de sas de décompression physique et mental. La mauvaise foi française a pointé Messi qui a signé une saison des plus convenables (16 buts et 16 passes décisives) et, même en marchant, a plus et mieux défendu que Mbappé, chiffres à l'appui.
Les dirigeants du PSG ont achevé cette saison chaotique en mettant la Pulga au piquet, sans que l'on ne sache vraiment s'il s'agissait d'un entraînement séché ou bien la destination de ce voyage publicitaire. Dans un vestiaire convaincu que Mbappé est particulièrement protégé, notamment sur le plan médiatique, équilibrer le jeu et les forces est devenue une chimère pour Christophe Galtier qui, comme ses prédécesseurs, a été loué en septembre pour être déprécié en mars.
La gestion de la deuxième partie de saison a été compliquée et le trop fort désir de Mbappé de revenir sur le terrain quelques jours après la fin du Mondial a eu des conséquences majeures. Sa blessure peu avant le 1/8 de finale aller contre le Bayern l'a empêché d'être titulaire dans un match essentiel. Vu la manière dont il a mis au supplice les Bavarois pendant 20 minutes, avec une égalisation refusée pour un hors-jeu de quelques millimètres, il aurait pu faire pencher la balance du bon côté. Cet épisode est emblématique des atermoiements du club à gérer son image médiatique avec son ambition sportive. Cela a viré à l'absurde au moment de la punition de Messi juste après que les dirigeants ont présenté leurs excuses à Mbappé qui avait publiquement mis à l'index l'ensemble du secteur communication lors de la campagne d'abonnement. "Ce n'est pas le "Kylian Saint-Germain" avait-il écrit : une invention bien trouvée mais qui s'est retournée contre lui car ce n'est pas première fois que Mbappé a fait la une pour de l'extra-sportif, notamment la rumeur de départ au Real Madrid dès le mercato d'hiver.
La sortie de route en Ligue des Champions et une Ligue 1 remportée sans panache semblent devenir une habitude depuis l'arrivée de QSI. A force de ne jurer que pas l'Europe, le PSG a perdu son fil directeur saison après saison et gagner un championnat ne fait plus rêver et ne suffit plus. Ce n'est pas tant une question de joueurs que de gouvernance. Mais, paradoxalement, le PSG est-il capable de changer avec un tel fonctionnement tant qu'il ne ratera pas complètement une saison pour se remettre véritablement en question ?
