Marc Hirschi, une dernière comme lieutenant de Tadej Pogacar avant l'émancipation chez Tudor
Il n'y aura pas d'adieux en bonne et due forme pour Julian Alaphilippe une fois la ligne franchie à Côme. "Loulou" quitte la Soudal-Quick Step sans flonflons ni trompettes, alors qu'il a été contraint au forfait sur le Tour de Lombardie, ultime Monument de la saison.
En revanche, Marc Hirschi aura droit à un dernier baroud avec UAE-Team Emirates et il prendra le départ avec l'objectif de remporter la classique des feuilles mortes. Enfin… tout dépendra de son leader, Tadej Pogacar, guère disposé à faire de cadeaux, surtout depuis qu'il porte le maillot irisé de champion du monde.
Et c'est bien là tout le problème du Suisse : il côtoie un monstre sacré, un glouton qui gobe les bouquets à l'arrivée comme un PacMan dressé sur ses pédales. À 26 ans, le Bernois n'a pas d'autre choix : il faut s'émanciper alors qu'arrivent ses meilleures années.
Le rêve de la Doyenne
La décision de signer chez Tudor jusqu'en 2027 intervient alors qu'il évolue sur coussin d'air depuis le mois de juillet. Tour de République tchèque, Donostia Klasikoa, Bretagne Classic, GP Industria & Artigianato, Coppa Sabatini, Memorial Marco Pantani et Copa Agostini : Hirschi est sur une dynamique phénoménale, mais elle souffre de la comparaison avec celle de… Pogacar.
Spécialiste des classiques ardennaises, le Suisse a l'étoffe pour devenir un leader d'envergure. Tudor n'est pas une équipe du World Tour, mais l'ambition affichée est d'accéder rapidement à l'élite. Une équipe suisse cornaquée par le meilleur coureur du pays, appuyée notamment par Alaphilippe : l'idée de départ est excellente.
En revanche, Tudor devra doter Hirschi de gregarii à sa mesure. Vainqueur de la Flèche Wallonne en 2020, l'Helvète vise Liège-Bastogne-Liège et l'Amstel Gold Race. Toujours dans le Top 10 de la Doyenne depuis 2020 qui reste d'ailleurs son meilleur résultat, une 2ᵉ place derrière Primoz Roglic acquise après le déclassement d'Alaphilippe, 2e cette saison à Maastricht, Hirschi n'est pas loin du compte et il veut y parvenir sans bon de sortie gracieusement offert.
Pour Il Lombardia, pourra-t-il courir pour autre chose que la 2ᵉ place ? Pogacar vient pour signer un quadruplé gargantuesque et malgré un parcours qui ne cesse d'évoluer, le Cannibale du XXIe siècle semble intouchable, incapable de laisser même les miettes comme lors du Tour d'Émilie remporté la semaine dernière sous un déluge de fin du monde.
Premier derrière Pogi, c'est un bel accessit, mais cela ne fait pas une carrière. Pour étoffer son palmarès déjà très enviable, Hirschi doit s'affranchir. C'est risqué, mais c'est le moment ou jamais.