Marie Wattel, quand le genou fait mal à la tête
Elle explique comment une blessure à un genou l'a privée de compétition pendant plusieurs semaines et la difficile gestion psychologique de ce nouveau coup dur à quelques mois des JO.
"Là, ça fait trop..."
"En novembre, je me suis luxé un genou. A ce moment-là, je me sentais repartie sur une belle dynamique après une saison difficile. Et je me fais cette grosse blessure... Ça m'a remise un peu dans l'état de la saison d'avant avec des blessures, des douleurs, un peu de tristesse, de déception... Je me suis dit "là, ça fait trop...". En décembre, c'était vraiment dur mentalement. Mais j'ai la chance d'être bien entourée, avec une famille et des amis qui croient en moi. C'est une base solide quand ça ne va pas. Et surtout, je n'ai rien d'autre à faire de mieux que de continuer à poursuivre mon rêve. Donc c'était inconcevable d'arrêter. D'ailleurs, quand je me luxe le genou, j'envoie un message à mon entraîneur en lui disant "bon, je vais voir si je peux venir nager demain" (rires). Comme si je n'avais pas réalisé".
"Le plus chiant ça a été en reprenant la nage de voir que mes jambes ne me soutenaient pas très bien. Mentalement c'était difficile, ne pas faire de compet', ne pas être à 100% à l'entraînement encore une fois... J'avais déjà un préparateur mental et en décembre je me suis dit qu'il fallait que je voie un psy. C'était trop pour moi et je ne me sentais pas capable de gérer ça toute seule, j'avais besoin d'une aide supplémentaire."
Changer d'état d'esprit
"Depuis que j'ai repris, je me suis concentrée sur les petits progrès au jour le jour, puisque forcément je m'étais un peu désentraînée. L'état d'esprit c'était vraiment de prendre mon temps même si l'absence de compétition m'a frustrée.
Mais en janvier, j'ai renagé en compétition et j'ai quand même pris la réalité en face. je me suis dit "ouah... ça fait mal". Je m'en doutais, j'avais le sentiment d'être en retard. Même si ça me pesait, j'ai décidé de prendre les choses autrement. De ne pas me dire "je suis en retard", mais "je pars de là et je ne peux que progresser". Ça n'est pas idéal, mais me dire que je suis en retard et que je vais peut-être passer à côté de la saison la plus importante de ma vie, ça n'est pas génial non plus (rires).
Alors j'ai un peu switché d'état d'esprit. Et en fait, ça va plus vite que ce que je pensais. Je suis vraiment contente d'être à ce niveau là physiquement et à l'entraînement. Je ne m'attendais pas à avoir fait tout ce chemin en trois mois. Physiquement je me sens forte et je suis en train de construire un corps qui pourra être solide cet été."
Dans un coin de la tête, toujours
"Là, je vais enchaîner pas mal de compétitions jusqu'aux championnats de France (où se jouera la qualification olympique, ndlr). Ça va me permettre de gagner en explosivité, de me retonifier. J'ai gardé une bonne base d'endurance mais je dois refaire des intensités élevées. Le Giant Open de Nice ce week-end, c'est le début de tout ça pour monter en intensité jusqu'aux Jeux et je vais essayer de mettre ma première pierre sur cette préparation olympique.
La compétition m'a beaucoup manqué et j'ai vraiment hâte, juste de faire la course. Pour le reste, je regarde ça encore d'un peu loin. Je vois que ça commence à beaucoup parler des Jeux, mais je dois rester concentrée sur mon process et mon entraînement. C'est dans un coin de ma tête, mais ça l'est depuis des années ! J'ai des étapes à franchir, les choses concrètes ça viendra après les championnats de France."