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Marielle Goitschel : "Shiffrin, je la mettrais dans le vent"

AFP
Marielle Goitschel en février 2018.
Marielle Goitschel en février 2018.AFP
"Quand je vois le ski d'aujourd'hui je me dis que c'est fait pour moi !" Figure historique du ski français, la septuple championne du monde Marielle Goitschel a posé pour l'AFP son regard sur le ski alpin actuel, avec les Championnats du monde de Courchevel/Méribel qui débutent lundi.

Dès les premières secondes au téléphone, l'ex-skieuse âgée de 77 ans fait comprendre qu'elle n'a rien perdu de sa gouaille légendaire, qu'elle promène lors d'un entretien riche et décousu, entre souvenirs et actualités.

Avec onze médailles mondiales, Marielle Goitschel partage le record féminin d'après-guerre avec la Suédoise Anja Pärson et la star américaine Mikaela Shiffrin, proche de devenir la skieuse la plus victorieuse en Coupe du monde. "Il faut arrêter de dire le record, le plus grand de tous les temps, c'est zéro. Pour comparer il faut un même plan", assène Goitschel depuis son domicile d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques), fière d'être la Française la plus médaillée aux Mondiaux (hommes et femmes confondus) avec notamment sept titres entre 1962 et 1968.

"Celles qui me plaisent ce sont les meilleures. J'adore Petra Vlhova, j'aime bien Mikaela Shiffrin, c'est la seule qui approche mon nombre de médailles. J'aime l'équipe italienne avec Sofia Goggia, un 'petit bouchon', elle n'est pas grande, mais elle a une façon unique d'utiliser le terrain, elle transpire le ski."

"Ce sont des battantes, des filles qui n'acceptent pas l'idée de perdre", note-t-elle. "Parfois, j'entends des choses, 'oh la belle 10e place', mais non ! Ceux qui disent ça ne réussira jamais. Quand j'étais deuxième, j'étais mortifiée, sauf si c'était derrière ma sœur Christine."

"Je battais les garçons"

Sur l'équipe de France - "je ne connais pas la composition de l'équipe féminine en dehors de Romane Miradoli et de Tessa Worley" -, Goitschel adoube le champion olympique de slalom Clément Noël. "Il vient des Vosges, comme ma mère, et du ski club de Val d'Isère, comme Killy et nous les Goitschel. Son style, c'est une merveille. C'est le plus beau 'toucher de ski', mais il faut qu'il règle ses problème de tête, il l'a dit, comment se fait-il qu'il sorte autant ?"

Toujours attentive à l'actualité de son sport, elle ne regarde toutefois en direct que les grandes compétitions, diffusés sur des chaînes gratuites, comme sa nouvelle passion : "Je vais te surprendre, je regarde le biathlon. Je connais tout par cœur, Jacquelin, Simon, la toute petite merveilleuse Jeanmonnot. Je suis fan complète." De retour à l'alpin, elle lance que "le ski d'aujourd'hui, je me dis que c'est fait pour moi. En super-G (créé après sa carrière, ndlr) je n'aurais pas laissé une seule médaille ! Et en slalom, alors là, intouchable. Shiffrin, je la mettrais dans le vent les doigts dans le nez".

En soixante ans, les choses ont en effet bien changé, pour elle qui a connu les piquets en bois. "Je les touchais tous. Je me suis terriblement esquintée, ce qui m'a valu des opérations des deux épaules, du coude et des genoux. On n'était pas protégées, on courait en pantalon de ski et en pull. On mettait des serviettes hygiéniques sur les bras pour les coups que je donnais aux piquets, ce qui m'a valu une nécrose terrible. On était peu à skier comme les garçons. D'ailleurs, je te signale qu'à l'époque à l'entraînement en slalom, je battais les garçons."

"Culottée"

Titrée aux Jeux olympiques en 1964 à Innsbruck (géant) et en 1968 à Grenoble (slalom), Goitschel appartient à la génération dorée du ski français avec sa sœur Christine, Jean-Claude Killy, Guy Périllat, Annie Famose ou encore Isabelle Mir, stars de leur temps.

"L'équipe de France de foot était nulle, on a eu les JO de Grenoble, on gagnait tout le temps, on avait fait une razzia aux Mondiaux de Portillo (Chili, 1966) en plein mois d'août, les gens nous lisaient dans L'Équipe sur la plage, le ski était devenu le sport préféré des Français, c'était incroyable. Alors que ces Mondiaux 2023 personne ne semble être au courant", regrette-t-elle.

Entre une virée à bord de sa MGB avec Claude François ("il était fan complet des sœurs Goitschel"), son engagement politique pour Charles de Gaulle et une rencontre avec Audrey Hepburn, cette jeune femme "culottée" se battait contre "l'injustice" pour obtenir notamment des primes équivalentes à celles des hommes. Avec ses anciennes coéquipières, dont elle est restée proche, Marielle Goitschel est invitée aux Mondiaux et devrait se rendre au départ du géant féminin. L'occasion d'une photo avec Mikaela Shiffrin ?

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