Mendilibar, le triomphe d'un homme simple qui inspire les supporters de Séville
Séville, un club dont l'équipe de direction sportive emploie des physiciens, des mathématiciens, des ingénieurs, des statisticiens et des analystes pour peaufiner ses recrutements, a décidé de miser sur un homme de football classique, un vétéran très éloigné du big data, quelqu'un qui, bien qu'il utilise des données dans ses analyses, est guidé avant tout par l'instinct et l'expérience. Il n'a jamais laissé une page Excel obscurcir sa raison.
Le passage de Sampaoli à Mendilibar a été un changement très brutal, mais l'équipe avait besoin de quelque chose de fort, d'un électrochoc qui la ferait revivre de toute urgence, et un entraîneur expert qui a commencé à diriger des équipes il y a près de 30 ans et qui a été confronté à tous les scénarios footballistiques possibles, pouvait faire l'affaire. Les doutes à son arrivée étaient logiques. Le scepticisme prévalait, mais le pessimisme envahissait aussi une partie du Sevillismo.
Après plus d'un mois, le résultat est bien meilleur que ce que l'on pouvait imaginer. En 6 matchs, "Mendi" a réussi à faire gagner l'équipe 4 fois et à obtenir 2 nuls, 13 buts pour et 5 contre, 3 clean sheets, une prestation anthologique contre Manchester United dans le chaudron du Sánchez-Pizjuán mais, surtout, à sortir les joueurs et les supporters du sous-sol de la dépression pour les remettre sur orbite. Avec son allure rustique, "Mendi" a fait de la simplicité son étendard. Comme l'a dit un de ses amis, il n'a fait qu'ajouter de la normalité à une situation complexe : il a mis le canapé dans le salon, les tables de chevet dans la chambre principale et le réfrigérateur dans la cuisine. C'est aussi simple que cela.
Lorsqu'il n'avait pas d'équipe, Mendilibar aimait aller à Ipurúa pour regarder les matchs d'Éibar avec sa fille. Il n'allait jamais dans la loge, ce qu'il aurait pu faire à chaque visite, mais plutôt à sa place dans les tribunes. En bon terrien qu'il est, il aime les choses simples. Il a mis de côté ses matchs de padel et ses rendez-vous au fronton avec ses amis pour enfiler son costume de skipper de bateau. Un grand bateau. Aujourd'hui, ses joueurs connaissent un succès aussi foudroyant qu'inattendu il y a un mois et demi, lorsqu'il se promenait, insouciant, parmi les arbres de la forêt de son pays natal, sans jamais imaginer que quelques semaines plus tard, il serait assis sur un banc à Old Trafford.
L'homme prétendument grossier, l'entraîneur brutal aux méthodes dépassées, le classique qui ne veut pas être esclave de la montagne de chiffres engendrée par les nouvelles technologies, s'est avéré être le sauveur d'un paquebot à la dérive. Il a changé le visage, l'humeur et la mentalité du malade. Arrivé comme un bouche-trou, il est de moins en moins considéré comme un intérimaire. Le pari sur sa continuité est devenu une tendance et le Sevillismo a adopté son nouveau guide.