Valentina Shevchenko a déjà eu mille vies. Née en Khirgizie, naturalisée Péruvienne (elle a également défendu les couleurs de la Russie en compétition), elle était déjà une incroyable combattante avant que l'UFC ne vienne lui mettre le grappin dessus en 2015. Pas moins de 8 titres mondiaux en Muay Thaï dans trois catégories différentes, elle s'est ensuite tournée vers le MMA.
Si chez les coqs, une certaine Amanda Nunes lui a rapidement barré la route - notamment pour la ceinture mondiale - elle a tout de même dominé Julianna Peña - celle qui aura plus tard mis fin au règne de Nunes - ou Holly Holm et prouvé son talent. Descendue chez les mouches, elle s'était emparée du titre vacant le 8 décembre 2018, trois ans après son arrivée, en dominant Joanna Jędrzejczyk. Une ceinture à laquelle elle s'est accrochée pendant plus de quatre ans.
La belle époque où elle est devenue une sacrée machine à cash, avec pas moins de sept défenses de titres entre 2019 et 2022. Personne ne pouvait s'approcher du niveau de "Bullett", mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et la fin s'appelle Alexa Grasso.
C'est la Mexicaine qui a mis fin à son règne - le deuxième plus long de l'histoire d'une combattante féminine à l'UFC derrière... Amanda Nunes - et en regardant ce combat de nouveau, on se demande encore comment Bullett a pu le perdre. Tous les rounds étaient en sa faveur, elle dominait en strike comme au sol, mais s'est faite surprendre dans le quatrième round, éreintée de ses efforts.
Une seule ouverture, sous la forme d'un coup de pied retourné raté, a suffi à la Mexicaine pour placer un étranglement incroyable et faire taper sa rivale sous les yeux médusés de l'audience. La fin d'un règne, mais bien évidemment, une telle surprise ouvrait immédiatement la porte à une revanche, qui avait du sens autant sportivement que financièrement. Du moins le croyait-on.
Car cette première défense de titre pour Alexa Grasso n'allait curieusement pas avoir lieu lors d'un évènement numéroté, mais lors d'une Fight Night. Et si le combat a bien été de qualité, le résultat final était inattendu : décision partagée, titre conservé par la Mexicaine, et une belle occasion de manquée pour Bullett.
Le combat de la nuit prochaine - co main event de l'UFC 306 - ne sera donc pas techniquement une belle. Mais il a sans doute une énorme importance pour Shevchenko, car il aura lieu - comme la revanche de l'an dernier - en pleine soirée spéciale fêtant l'indépendance du Mexique, et encore une fois dans le Nevada, dans la fameuse MSG Sphere. Une salle qui sera logiquement acquise à la cause d'Alexa Grasso.
À 31 ans, cette dernière est plus jeune, issue d'un marché porteur - le Mexique - raconte une belle histoire, puisqu'elle n'était pas attendue aussi haut, et semble partie pour une carrière fructueuse. Si elle venait à remporter ce troisième épisode, elle renforcerait son statut, elle qui en plus de la ceinture des mouches détient la première place du prestigieux "Pound-For-Pound Top Rank" - Bullett est 3e. Autrement dit, la combattante la plus forte et la plus bankable de l'UFC.
Une gloire connue auparavant par Valentina Shevchenko. Désormais, Bullett pourrait bien disparaitre du devant de l'affiche. Si elle venait à gagner, un 4e épisode pourrait voir le jour pour trancher pour de bon, le nul aidant en ce sens. Mais si elle ne prenait pas le dessus sur la Mexicaine pour la troisième fois d'affilée, quid de la suite ?
Elle a déjà été coach - avec Grasso - pour l'émission The Ultimate Fighter sur ESPN. Elle a tourné dans le film "Meurtries" pour Netflix avec Halle Berry - interprétant une combattante de MMA, on ne se refait pas. Hormis Grasso, la Française Manon Fiorot a les dents longues pour prendre les rênes de la catégorie des mouches, on trouve Erin Blanchfield, Maycee Barber, alors que l'UFC a signé la Chinoise Wang Cong, qui a récemment fait ses débuts dans l'organisation de la manière la plus impressionnante possible.
Une combattante chinoise qui avait d'ailleurs battu Shevchenko pour son dernier combat en Muay Thai en 2015. Bullett est indiscutablement dans la catégorie la plus concurentielle de l'UFC chez les femmes, et avec tous ces nouveaux et prometteurs visages dans une organisation toujours en recherche de plus de talents, on peut imaginer la suite.
Compliqué, en cas de défaite, d'imaginer l'UFC lui redonner rapidement une chance de ceinture. Elle aura 37 ans en mars prochain, et l'usure du temps pourrait faire son oeuvre. Beaucoup de projets à côté, d'autrs organisations qui continuent de lui faire les yeux doux, beaucoup de concurrence à l'UFC. De quoi envisager un changement total de direction ?
On n'imagine pas, en cas de défaite la nuit prochaine, Valentina Shevchenko annoncer dans la foulée sa retraite. Mais ce que l'on imagine, c'est un break réel avec l'UFC. Une exploration d'autres disciplines, ce dont elle est friande - spécialiste en grappling, deux combats en boxe anglaise (gagnés) à son palmarès, ceinture noire de judo, en plus de ses exploits en kickboxing et en Muay Thaï.
Beaucoup d'éléments qui laissent à penser qu'elle ne quittera pas de sitôt la compétition en sports de combat, quel que soit le sport en question. Mais en ce qui concerne l'UFC, la suite de sa carrière dans l'une des plus puissantes organisations du monde se joue la nuit prochaine. Bullett n'a pas le choix, il va falloir sortir le grand jeu, et sortir le mieux possible du barillet pour abattre sa rivale. Sans quoi, c'est sa carrière qui tombera sans doute à terre.
