Mondiaux 2022 de cyclisme : argent content et pas de regrets pour les Français
"Ce n'est pas toujours le cas mais le plus fort de tout le peloton a gagné et sa victoire est largement méritée", a déclaré le sélectionneur Thomas Voeckler, résumant le sentiment général dans le camp bleu après la démonstration de force du Belge, auteur d'une chevauchée fantastique de plus de 30 kilomètres.
Malgré tout, pas mal de sourires dans la zone mixte où Julian Alaphilippe, le double tenant du titre, et Florian Sénéchal ont rappelé que le maillot restait "dans l'équipe", eux qui sont coéquipiers à l'année du nouveau roi des Belges chez Quick-Step.
"Il a été très fort, et pas qu'aujourd'hui. Il a fait une saison extraordinaire. Je suis vraiment très content pour lui", a souligné "Alaf" qui, à l'arrivée, a tendrement enlacé Evenepoel pour lequel il s'était encore dépouillé lors de la récente Vuelta, jusqu'à son abandon sur chute.
Pas complètement remis, Alaphilippe n'a jamais réussi à réellement peser sur la course et abandonnait sans trop de remords, au bout d'une saison pourrie, un maillot arc-en-ciel parfois lourd à porter.
"J'avais pris le temps de m'imaginer sans maillot. (...) Ca me fera encore plus apprécier les moments que j'ai eus avec", a-t-il commenté.
"Du mouvement"
"Avec tous les malheurs qu'il a eus, Julian n'était pas à 100%, a rapporté Florian Sénéchal. Mais on avait plusieurs cartes. On a fait une course d'action, on n'est pas restés cachés dans le peloton."
De fait, les Français ont dynamité la course comme lors des deux précédentes éditions, plaçant plusieurs coureurs à l'avant dès l'ascension du Mont Keira, la principale difficulté du jour, mais placée trop loin de l'arrivée pour faire la différence.
"Le plan était de durcir la course et on l'a fait", a souligné Christophe Laporte. "On a créé du mouvement, on a été là où il fallait", a abondé Alaphilippe.
Super actifs, les Français sont restés longtemps dans le coup, avec encore quatre coureurs (Romain Bardet, Pavel Sivakov, Florian Sénéchal et Quentin Pacher) dans le groupe de tête dont allait sortir Evenepoel.
"J'ai essayé de marquer Evenepoel le plus longtemps possible, a raconté Bardet. Mais après trois-quatre fois, il a pris 10 mètres. Il m'a surpris à un moment."
"On avait quatre coureurs, on ne pouvait pas aller sur tout ce qui bougeait non plus, mais bon... ça doit être une erreur", a, pour sa part, regretté Valentin Madouas.
Et soudain : le peloton
Le Belge parti, et avec aucun Français dans les petits groupes de chasse, Thomas Voeckler pensait que "c'était foutu et qu'on n'allait même pas ramener un Top 5 ou Top 8".
De fait, le final a été particulièrement flou et, alors qu'on attendait des poursuivants isolés pour compléter le podium, a soudain déboulé à toute vitesse un peloton assez conséquent, réglé sur la ligne par Christophe Laporte, pour une médaille d'argent surgie de nulle part.
Le fait que les oreillettes soient interdites sur les Championnats du monde n'a pas aidé à dissiper le brouillard.
"On ne s'y attendait pas vraiment, c'était un final vraiment étrange. Quand j'ai passé la ligne, je ne savais pas vraiment à quelle place j'étais", a commenté Laporte, qu'on n'avait pas vu de la course.
"J'avais pour consigne de me faire discret. On a essayé de jouer sur plusieurs tableaux et j'ai fait au mieux pour m'accrocher. Cette médaille d'argent a une saveur particulière parce que je ne m'y attendais pas. Dans les deux derniers tours, je pensais réellement que c'était fini", a déclaré le Varois.
Pour Romain Bardet, lui-même vice-champion du monde en 2018, l'affaire ne fait aucun doute : "deuxième, c'était la meilleure place qu'on pouvait obtenir". Pour le reste, la France dispose d'une "super génération, avec des supers mecs", s'est-il réjoui.
"On a peut-être commis une erreur ou deux, j'en ai ma part. Mais les gars ont été admirables, ils y ont cru jusqu'au bout", a également insisté Thomas Voeckler.