Montassar Talbi, la trajectoire ascendante du "Titi" parisien de la Tunisie
"On va essayer de gagner contre la France (...) On va jouer le match comme si c'était une finale", a promis le défenseur de Lorient au micro de beIN Sports, après la défaite (0-1) contre l'Australie, samedi, qui complique la tâche des Aigles de Carthage.
Une victoire mercredi contre les Bleus, déjà qualifiés, ne suffira pas. Il faudra espérer un nul entre le Danemark et l'Australie ou une victoire étriquée des Danois dans l'autre match, pour que la Tunisie atteigne les huitièmes pour la première fois, à sa sixième participation.
France-Tunisie n'est, de toute façon, jamais anodin entre deux pays aux liens culturels étroits.
"J'ai la double nationalité, j'ai vécu dans les deux pays, côtoyé les deux cultures. Je ne suis pas le seul dans la sélection tunisienne", a expliqué Talbi quelques jours avant le début du Mondial, évoquant sa famille qui vit en région parisienne.
Né à Paris en 1998, quelques semaines avant que son "idole" Zinédine Zidane ne devienne champion du monde avec les Bleus, le futur international tunisien a tapé ses premiers ballons à cinq ans au Paris FC. A 6 ans, il rejoint le FC Lilas, club phare de la formation en Seine-Saint-Denis avec l'AS Bondy, où sévissait Kylian Mbappé, son cadet de sept mois et qu'il retrouvera sans doute face à lui mercredi à l'Education City Stadium.
Mbappé, "l'un des meilleurs"
Un duel qu'il s'efforce d'appréhender sans crainte.
"En tant que défenseur, je ne peux pas dire qu'un attaquant m'impressionne. Mais on sait tous que Mbappé est l'un des meilleurs joueurs au monde aujourd'hui", avait-il déclaré après la défaite des Merlus, en championnat contre le Paris Saint-Germain (2-1), il y a trois semaines.
"Quand on joue contre ce genre de joueur, on se doit d'être concentré, encore plus que d'habitude", avait-il ajouté.
Mais à 24 ans, Talbi en a vu d'autres. Passé par toutes les catégories d'âge à l'Espérance de Tunis, club qui génère une passion débordante dès les équipes de jeunes, il a ensuite tenté sa chance en Turquie, à Rizespor.
"Pour moi, c'était un bon tremplin, un pont entre le championnat tunisien, le monde du football africain et le football européen", a expliqué à l'AFP celui qui dit faire ses choix "au feeling, au ressenti".
Après une année presque blanche, il finit par faire son trou et devait signer en Serie A italienne, à Benevento, mais la relégation du club a fait capoter le transfert. Il rejoint alors le Rubin Kazan, un club ambitieux, mais dont l'élan est coupé par l'invasion de l'Ukraine et les sanctions contre les clubs russes qui en découlent.
Grandiose
"C'est un club qui avait confiance en moi, qui m'a donné beaucoup de responsabilités et qui a cru en moi (...). J'ai voulu rendre la pareille", a-t-il avancé pour justifier d'y être resté malgré l'exclusion des clubs russes des compétitions européennes.
C'était aussi une période où il y avait "des matches importants pour la qualification pour le Mondial (...) j'ai beaucoup travaillé pendant des années pour ça. D'être si près du but, pour moi c'était important de continuer à être compétitif" en vue du grand rendez-vous au Qatar, a justifié le joueur, débarqué à Lorient en juillet dernier.
Avec un point pris sur les deux premiers matches, le premier bilan de la Tunisie n'est pas tout à fait à la hauteur des émotions que la sélection lui procure.
"Chaque fois que j'entends l'hymne national retentir, ce sont des frissons...", a confié Talbi, se remémorant aussi le sentiment "grandiose" après son but égalisateur en septembre contre le Brésil, au Parc des Princes, en match de préparation, malgré la sévère défaite (5-1).
Le match contre la France lui donnera peut-être d'aussi belles émotions et s'il sait qu'empêcher les Bleus de marquer sera sa principale responsabilité, il s'en délecte d'avance.
"C'est un peu cette responsabilité qui me fait vivre tous les jours", a-t-il assuré.