Moto GP : Fabio Quartararo convaincra-t-il Yamaha d'abandonner le moteur en ligne ?
Fabio Quartararo n'est pas du genre à se satisfaire du minimum et ce n'est pas son podium au Grand Prix des Amériques qui allait le combler. Certes, il s'agit du meilleur résultat du pilote Yamaha cette saison, le meilleur résultat de Yamaha tout court.
Actuellement 7e du classement des pilotes avec 34 points, le Niçois est à 30 unités du surprenant Luca Bezzecchi (Mooney VR46 Ducati) et 19 de Pecco Bagnaia (Ducati), auteur d'une grosse faute à Austin qui l'a privé d'un doublé avec la course sprint. Les 4ᵉˢ places de Franco Morbidelli sur la course sprint puis lors du GP d'Argentine avaient étonné tant l'Italien semblait à la cave après une saison 2022 fantomatique. Néanmoins, Yamaha est à la traîne par rapport aux Ducati et même avec l'Aprilia officielle de Maverick Viñales et la LCR Honda d'Álex Rins, vainqueur aux États-Unis.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation déplaît fortement au "Diablo". Après sa chute lors de la course sprint à Austin, il n'a pas mâché ses mots pour évoquer les performances de sa M1 : "avec la moto que nous avons, il faut oublier le championnat du monde, ce n'est même pas la peine d'y penser".
Le résultat du lendemain n'a pas adouci son ressenti : "il nous manque de la vitesse, beaucoup de vitesse". Et quand Austin propose la plus longue ligne de droite de la saison, la puissance des Ducati fait très mal. "Cette piste est l'une de celles qui est très difficile pour nous, surtout en sortie de virages lents, nous manquons de puissance et nous avons moins de wheelie", a-t-il expliqué au micro de DAZN. "Mon objectif sera de partir en première ligne à Jérez, un circuit où celui que je me suis toujours bien classé."
Un écart qui se réduit, mais pas suffisamment
Cet handicap est-il une conséquence du montage du moteur Yamaha ? En l'espèce, la firme japonaise est la seule du paddock qui monte en ligne, alors que ses rivales adoptent un moteur en V qui offre une capacité de vitesse de pointe beaucoup plus élevée qui limite les options de dépassement pour la M1, malgré une usure moindre des pneus qui peut être décisive en fin de course.
Lors du test de Sepang (Malaisie) avant le coup d'envoi de la saison à Portimao, le Français paraissait plutôt rassuré. En effet, il avait atteint 333,3 km/h (Morbidelli avait poussé à 334,3 km/h) alors que la Ducati d'Enia Bastianini avait été flashé à 336,4 km/h, démontrant un rapproché significatif puisque, en fin de saison 2022, l'écart était de 6 km/h. "On a passé un gros cap", avait-il même estimé. Le ressenti en course n'a pas confirmé ce premier jugement.
L'avantage avec Quartararo, c'est qu'il ne se mord pas la langue pour réclamer publiquement des améliorations, voire carrément une vraie révolution puisque le moteur en ligne est une des spécificités de Yamaha : "ce que nous devons changer est beaucoup plus important qu'un échappement ou quelque chose de petit sur la moto, poursuivait-il à Austin. Pour moi, un grand changement doit être opéré. Cela peut être difficile, mais si nous pouvons garantir une amélioration, je pense que nous devons le faire".
Et d'enfoncer le clou définitivement : "nous devons comprendre pourquoi la vitesse de pointe n'est pas élevée et trouver une solution. Pour profiter de l'aérodynamisme, nous avons besoin d'un moteur. Nous devons avoir beaucoup de puissance pour générer l'appui aérodynamique pour nous aider à tourner".
Lassé d'attendre des nouveautés d'envergure depuis 4 saisons, le Niçois ne veut plus revivre une fin de championnat comme celle de la saison dernière, avec le retour de Bagnaia. En l'état actuel, malgré ses qualités de pilote, il semble désabusé et son podium aux États-Unis n'a pas atténué ses griefs à l'encontre de ses ingénieurs, d'autant que Morbidelli n'a, jusqu'à présent, guère été un coéquipier efficace pour améliorer la Yamaha. Au grand dam, d'El Diablo, une nouvelle fois.