La compétition test de natation en eau libre de Paris 2024 menacée par la pollution
Il faut dire que les cieux sont inhabituellement pluvieux depuis plus d'une semaine.
Près de 104 millimètres de pluie se sont déversées, parfois en mode orage tropical, entre le 20 juillet et début août, selon la préfecture de la région Ile-de-France. Et c'est précisément le scénario noir redouté par les organiseurs : de fortes pluies qui font déborder les égouts et viennent souiller l'eau de la Seine.
"Suite à de fortes pluies récentes à Paris, la qualité de l'eau de la Seine est actuellement en dessous des normes acceptables pour la sauvegarde de la santé des nageurs", a ainsi expliqué jeudi soir la Fédération française de natation (FFN), qui a pris de concert avec la fédération internationale World Aquatics et "les partenaires de santé publique" la décision d'annuler la séance d'entraînement.
Cette épreuve de Coupe du Monde de natation en eau libre, samedi pour les femmes et dimanche pour les hommes, entre le Pont Alexandre III et le Pont de l'Alma -10 km nagés en boucle - fait surtout figure d'épreuve "test" pour les JO de Paris dans un an.
Analyses Escherichia coli
Le comité d'organisation des JO, la mairie de Paris, la préfecture de la région Ile-de-France et les fédérations sportives, entre autres, sont penchés depuis des jours sur les analyses d'eau et les prévisions météo.
Plusieurs options sont possibles : tenue de la compétition samedi, son annulation, ou encore attente de nouveaux résultats qui pourraient être examinés dans la nuit de vendredi à samedi, a-t-on appris auprès de la FFN.
La "dégradation temporaire de la qualité de l'eau", selon la préfecture d'IDF, fait monter le taux le plus scruté, celui de la présence de la bactérie intestinale Escherichia coli. World Aquatics impose pour cette bactérie un taux inférieur à 1000 UFC pour 100 ml pour que la compétition puisse avoir lieu.
Le 27 juillet dernier, se basant sur 42 prélèvements de juin et juillet, la préfecture d'IDF avait donné un feu vert de "principe" à la compétition de ce week-end ainsi qu'à celle du triathlon (17-20 août) dont la partie natation doit se tenir dans la Seine.
"Travaux achevés dans les prochains mois"
Jeudi soir, le comité d'organisation des JO, qui doit se servir de cette compétition pour roder parcours et équipements (pontons, bouées...), la mairie de Paris et la préfecture de la région Ile-de-France assuraient dans un communiqué commun qu'à "un an des Jeux, la dynamique d'assainissement se poursuit avec l'achèvement des travaux les plus significatifs d’amélioration de la qualité de l’eau dans les prochains mois, en particulier pour faire face à ces évènements météorologiques exceptionnels".
Car ces compétitions dans la Seine sont aussi des préludes aux futures baignades promises pour 2025 par la maire de Paris, Anne Hidalgo, sur trois sites alors que la baignade y est interdite depuis 1923.
C'est pourquoi parmi les chantiers de l'État et des collectivités en vue de ces baignades figurent notamment des ouvrages comme le bassin d'Austerlitz, encore en construction, qui va permettre de stocker des eaux pluviales (50 000 m3), et fonctionner en 2024.
Pour l'épreuve olympique, les organisateurs ont prévu de pouvoir décaler les épreuves de deux ou trois jours, en cas d'orages et de fortes pluies.
Discipline olympique depuis 2008, la natation en eau libre fait régulièrement parler d'elle. A Tokyo, à l'issue de l'épreuve test en 2019, les nageurs avaient protesté contre la qualité de l'eau de la baie de Tokyo, de surcroît surchauffée.
Aux JO de Rio en 2016, la perspective de nager dans la baie de Guanabara, elle aussi très polluée, avait défrayé la chronique.