NBA : Ben Simmons et les Nets, c'est quoi la suite ?

En mai 2021, la saison régulière de NBA prenait fin. Ben Simmons avait échoué de peu pour le titre de meilleur défenseur de l'année face à Rudy Gobert. Mais l'Australien, considéré comme le lieutenant de Joel Embiid aux Sixers, possédait une énorme côte dans le grande ligue.

Les origines du mal

Drafté en n°1 en 2016, il n'avait débuté qu'un an plus tard en NBA, ayant passé la première saison à régler ses problèmes de blessure. Mais en quatre saisons, il avat soulevé plus d'enthousiasme que de doutes. Si ses problèmes au tir restaient un sujet de discussion récurrent, sa capacité à défendre sur tous les postes, son côté all-around et sa vision du jeu faisaient l'unanimité.

Mais ça, c'était avant. Avant les playoffs 2021. Là où Philly, n°1 de la saison régulière dans la Conférence Est, s'est vautré lamentablement en demi-finale de Conférence contre les Atlanta Hawks. Une élimination honteuse de l'avis général, au vu du déroulement des sept matchs.

Mais pour l'entraîneur Doc Rivers, le responsable de la défaite était tout désigné : Un certain Ben Simmons.

C'est une action en particulier qui était reprochée au meneur. Un ballon reçu sous le panier, où on l'a vu refuser un shoot tout fait pour transmettre à Matisse Thybulle, moins bien placé. Ce dernier a obtenu une faute, mais n'a rentré qu'un lancer franc sur deux, alors que Philadelphie aurait pu égaliser sur l'action.

Peu importe si Tobias Harris avait shooté à 8/24 ce jour-là, ou si Joel Embiid avait perdu un ballon crucial dans les derniers instants. Le coupable était désigné, et l'on savait ce jour-là que revoir Ben Simmons sous le maillot des Sixers était hautement improbable.

Un transfert pour rien ?

Et les faits ont confirmé cela. Ben Simmons a fini par demander à être transféré avant la reprise de la saison, évoquant ça et là un blocage mental aux Sixers. La franchise, sans s'opposer réellement à son trade, a soumis des exigeances hautes, voire exagérées, aux éventuels prétendants. Pour dissuader et montrer à Simmons que seuls les 76ers voulaient de lui ? Peu importe au final.

Car les 76ers auront finalement profité du marasme présent chez un autre poids lourd de l'Est : Les Brooklyn Nets. À ce moment-là - en février 2022 - alors que Ben Simmons n'a toujours pas remis les pieds sur un parquet, James Harden demande à quitter Brooklyn. Immédiatement, la logique d'un échange Harden - Simmons apparaît au grand jour.

Mais ce n'est que dans les dernières heures avant la trade deadline - heure limite pour effectuer des transferts dans la saison - que le deal est officiel. Ben Simmons prend la direction de Brooklyn avec Seth Curry et André Drummond, en échange de James Harden.

Rapidement, les moqueries fusent sur le fait que les Nets sont perdants dans l'échange. La vérité, c'est que personne n'est gagnant dans un trade de ce type. Les quatre parties avaient des exigences élevées, et au final, tout le monde a pris ce qu'on lui donnait.

Harden n'est plus le scoreur insolent de ses années Rockets, manque de plus en plus de régularité, et la complémentarité avec Joel Embiid saute aux yeux sur le papier, mais pas sur le terrain, comme on le verra lors des playoffs. Simmons, lui, voulait une franchise taillée pour le titre, mais les Nets ont été ridicules lors des derniers playoffs. Brooklyn et Philadelphie voulaient le meilleur deal possible en échange de leurs joueurs, mais force est de constater que les bonnes propositions étaient rares pour les deux franchises, qu'on imaginait récupérer des packages plus conséquents.

La farce des Nets

Quand il débarque aux Nets en février dernier, Ben Simmons est de plus gêné par des problèmes de dos. Il n'est absolument pas certain qu'il refoule les parquets durant la saison, ce qui renforce l'angle "Les Nets ont perdu le trade". 

Et effectivement, alors qu'on murmure qu'il pourrait revenir en playoffs, la saison sera finalement blanche. Au grand dam de Kevin Durant et Kyrie Irving, massacrés par les Celtics, futurs finalistes, dès le premier tour (4-0).

La saison des Nets était de toute façon une gigantesque pantalonnade. Entre le refus d'Irving de se faire vacciner, la blessure de KD au moment où le Snake était en feu, la demande de transfert d'un Harden mécontent de devoir porter la franchise sur ses épaules (sic), et donc ce fameux trade, rien n'allait dans cette saison. Et la conclusion en a été logique.

D'où l'onde de choc quand Kevin Durant a annoncé cet été vouloir quitter les Nets. Voilà qui a chamboulé la planète basket. Les contreparties éventuelles annoncées étaient pharaoniques, et l'on parlait alors de possible transfert du siècle, KD possédant encore quatre années de contrat.

Tout ça pour rien, puisque Durant, après une réunion avec les propriétaires et l'entraîneur Steve Nash - lui aussi particulièrement décrié - a pris la décision d'honorer son contrat, et réaffirmer son envie de faire gagner la franchise. On avait presque envie d'y croire.

Rien de neuf à l'horizon

Et même si on a envie d'y croire, les résultats du début de saison prouvent le contraire. Quatre défaites en cinq matchs, et l'Australien ne semble pas avoir trouvé la formule pour devenir le troisième homme tant attendu par les Nets. 

Après presque 18 mois sans match officiel, son retour a été scruté sous toutes les coutures. Et dans le monde impitoyable de la NBA aujourd'hui, chaque erreur prend des proportions démesurées. Comme celle de Ben Simmons face à Ja Morant, qui lui a valu sa sixième faute et donc son exclusion du match. 

Deux exclusions pour six fautes lors des trois premiers matchs de la saison. Pour un défenseur réputé comme lui, c'est cocasse. D'ailleurs, pour parler de la défense, on supposait que Ben Simmons s'occuperait du meilleur joueur adverse pendant les matchs, lui qui était tant loué pour sa capacité à défendre sur les cinq postes.

Les statistiques du meilleur joueur adverse dans les cinq matchs des Nets sont sans appel : 

Zion Williamson : 25 pts à 50% au shoot - Pascal Siakam : 37 pts à 71% - Ja Morant : 38 pts à 54% - Giannis Antetokounmpo : 43 pts à 64 % - Luka Doncic : 41 pts à 50%.

Quitte à défendre un peu moins bien, autant contribuer en attaque. Mais la encore, le bât blesse. 5.6 pts à 44% au tir, c'est trop peu. Surtout, on aperçoit des lacunes évidentes dans la finition, comme cette nuit contre les Mavericks.

On l'a vu, Kevin Durant et Kyrie Irving ne suffiront pas pour gagner des matchs. Exemple criant contre les Grizzlies, où les deux ont inscrit 37 points, alors qu'en face, Ja Morant et Desmond Bane ont mis 38 points chacun. Un troisième homme aurait pu faire pencher la balance, et au vu de son statut et de son contrat, Ben Simmons aurait dû être celui-là. 

Alors peut-être, peut-être qu'il est trop tôt pour tirer des conclusions. Après tout, 5 matchs sur 82, c'est peu. Les Nets et Ben Simmons ont le temps de redresser le tir. Mais tout va très vite, trop vite, en NBA. La complémentarité ne saute pas aux yeux entre les trois joueurs majeurs. La défense des Nets est un chantier permanent. Les role players ne sont pas au niveau attendu. Steve Nash est toujours sur la sellette.

Et Ben Simmons ? On dirait que les attentes diminuent jour après jour. S'il revenait à 15 points de moyenne, et avec une défense correcte, tout le monde crierait Alléluia. Alors qu'un n°1 de draft, all-star, doit faire plus. Annoncé comme le futur LeBron, le futur de la grande ligue, l'Australien est désormais au fond du trou. À lui de prouver qu'il appartient à la caste des champions. Dans le cas contraire, il pourrait devenir l'un des plus grands gâchis des dix dernières années.