NBA : c'est l'heure du All-Star Game, événement critiqué mais incontournable ?
Le All-Star Game, jadis, c'était un véritable honneur, une fierté de faire gagner sa conférence dans ce match au sommet. Désormais, c'est une ligne sur un CV qui permet de gagner plus d'argent lors d'une renégociation de contrat ou de se vanter auprès de sa fanbase sur les réseaux sociaux. Ce qui faisait le charme de ce rendez-vous a disparu. La qualité du prétendu "match des étoiles" diminue d'année en année - tout comme celle des concours. Une désolation pour les fans de basket et de spectacle.
La lente descente aux enfers
Sans vouloir jouer au jeu du "c'était mieux avant", la mémoire ne nous joue pas des tours. Le match des étoiles, c'était un événement qui valait le coup de se lever la nuit. Voir tous ses joueurs préférés sur le parquet au même moment, que demander de plus ? Surtout s'ils se donnent du mal pour proposer un match de qualité.
Bien sûr, au XXᵉ siècle, il y a eu certaines boucheries, comme en 1992 quand l'Ouest a collé 40 points à l'Est. Mais c'était pour la dernière de Magic Johnson, et c'était essentiellement et très clairement le seul match d'une qualité inégale dans la décennie. Car spectacle peut aller avec orgie offensive, ce n'est pas exclu, et les exemples sont nombreux dans l'histoire.
Mais à l'heure du "player empowerment" et du tir à trois points, difficile d'être compétitifs sur un tel match. Ainsi, la qualité a graduellement décliné depuis la fin des années 2000, jusqu'à 2017. Le match de trop. 374 points marqués, même pas le minimum d'intensité défensive requis pour participer à un draft combine, un MVP du match - Anthony Davis - qui va inscrire 52 points, et pas moins de 122 tirs à trois points pris pendant le match !
Une bouillie qui provoque une indignation légitime. Le concours de trois points, c'est le samedi soir, pas le dimanche. Consciente du danger, la NBA réagit et met en place une nouvelle formule. Mais pas certain que ce soit vraiment une réussite.
Des changements peu convaincants
Maintenant, fini l'Est et l'Ouest. On désigne des titulaires et des remplaçants, et les capitaines font leur équipe chacun leur tour. Pire encore, cette année, les équipes seront constituées juste avant la rencontre, sur le parquet, devant le public. Un pied de nez à la tradition de plus, comme si deux équipes de balle au prisonnier faisaient un chou-fleur.
Si seulement c'était le plus gros problème du All-Star Game... La formule est chancelante de toute façon, les organisateurs ont tenté de relancer l'intérêt en mettant le score à 0 après chaque quart-temps, en fixant un nombre de points à atteindre - pas la pire idée, des fois le match s'est terminé plus tôt. Mais ce n'est pas pour autant que cela rend le match intéressant.
Pour s'en convaincre, retour sur la dernière édition en date. Cinq ans après le match de 2017 qui était donc censé faire bouger les choses, 121 tirs à trois points ont été pris pendant le match. Soit un de moins qu'en 2017. Et 50 points pour Stephen Curry, MVP. Retour vers le passé, mais pas le bon passé. L'intensité défensive était inexistante, les tentatives de alley-oop ou de dunk spectaculaire trop peu nombreuses. Finalement, qui se souvient de l'équipe victorieuse ? Ou même de la composition des équipes ?
Des concours pour quoi faire ?
Souvent, le concours de dunk a sauvé le All-Star Game. Notamment lors de l'inoubliable édition 2016, avec un duel entre Zach Lavine et Aaron Gordon gravé dans les mémoires. Depuis ? Un fiasco, comme l'an dernier, avec des participants non préparés et obligés de s'y reprendre à 5 fois pour passer leur tentative. Là encore, la baisse de qualité en six ans est hallucinante.
À tel point qu'en 2022, le concours de tirs à trois points était le moment fort du weekend. Il est vrai qu'on est dans l'ère du tir longue distance, mais l'édition de l'an dernier était loin d'être la plus spectaculaire. De plus, on rajoute des ballons primés, ce qui fausse le bilan historique des records. Peu engageant.
Le Skills Challenge était autrefois un concours de meneurs, puis ouvert à tous, puis maintenant par équipes. L'an dernier, c'était un fiasco. Pas la peine d'expliquer pourquoi, regardez juste la vidéo ci-dessous
Le match des célébrités, c'est un amuse-bouche sans prétention. Quant au match des Rookies, le vendredi soir, voilà qu'après le match Est-Ouest et le match USA-Europe, on a droit à quatre équipes différentes, dont une issue de G-League. Incompréhensible. Non, on ne voit rien qui mérite vraiment le détour.
À quand le retour aux sources ?
C'est sans doute tout un système qui est à revoir. Rien que le vote des fans - qui, on le rappelle, compte pour 50 % du choix des sélectionnés - donne toujours lieu à des bizarreries. On n'a rien contre Derrick Rose, mais le MVP 2011 n'a toujours pas foulé les parquets en 2023. Pourtant, il est top 10 des votes du public. Idem Pour Kevon Looney, a minima sixième meilleur joueur des Warriors, mais bénéficiant d'une large fan base, tout comme Austin Reaves ou Nic Claxton.
Les joueurs eux-mêmes sont en roue libre sur l'événement. Exemple parmi tant d'autres, quatre d'entre eux ont voté pour Chet Holmgren. n°2 de la dernière draft, l'intérieur d'OKC, jouissant d'une flatteuse réputation mais blessé, n'a toujours pas mis les pieds sur un parquet NBA. On tutoie le ridicule.
Malgré tout, l'événement reste très suivi sur la planète. Parce que tous les ans, on espère. On espère voir un dunk exceptionnel. On espère voir un joueur sortir le parcours parfait au concours à trois points. On espère que le match, même s'il ne peut pas être intense, nous produira quelques moments d'anthologie auxquels on pourrait faire référence plus tard. L'espoir, est-ce là tout ce qu'il reste aux fans du All-Star Game ? Pas de jugement de valeur ici, juste une opinion.