Olivier Giroud monte dans l'avion, malgré les turbulences
L'histoire entre "Olive" et les Bleus, suspendue à un fil depuis un an, va se prolonger au Qatar, où l'attaquant de 36 ans, cadre étoilé en 2018, devrait devenir le joueur de champ français le plus âgé de l'histoire en Coupe du monde.
Cet énième revirement "girouesque" a été rendu possible par un changement de pied du sélectionneur, dont les réticences à embarquer l'attaquant comme simple remplaçant ont alimenté les gazettes pendant de longs mois.
Le débat se posait en ces termes : un monument aux 114 sélections, obligé désormais de se "contenter de miettes", peut-il se fondre dans le groupe sans état d'âme ? "Humainement, c'est très difficile", répondait encore Didier Deschamps en septembre, après un nouveau pion du grand barbu.
Le boss des Bleus soufflait le chaud et le froid depuis plusieurs mois à propos de l'athlétique avant-centre, poussé sur le banc des remplaçants par le retour de Benzema à l'Euro 2021, voire carrément hors de la sélection après la compétition continentale quittée précocement dès les huitièmes de finale.
Depuis le Championnat d'Europe, où il a dû se contenter de moins d'une heure de jeu en quatre matches, Giroud vit une drôle de vie internationale : non-convoqué quand Benzema est là, titulaire et buteur en son absence, en mars et septembre.
Son efficacité en sélection va de pair, cette saison, avec ses performances à l'AC Milan. L'avant-centre rossonero a déjà empilé neuf buts en dix-huit apparitions, dont quatre en Ligue des champions, avec une merveille de reprise contre La Spezia (2-1) samedi parmi ses "highlights".
Remplaçant modèle ?
Dans l'esprit de Deschamps, attentif à la vie de groupe et soucieux de déminer d'éventuels conflits de personnes, les statistiques ne suffisaient toutefois pas à lui assurer un billet pour Doha.
Avant l'Euro, la petite phrase de Giroud sur les ballons qui "n'arrivent pas" avait créé de vives tensions avec Kylian Mbappé, désormais apaisées. Dans le passé, la concurrence avec Benzema avait pu plomber l'ambiance dans le vestiaire tricolore.
"Même en étant sur le banc, j'ai toujours tiré dans le sens de l'équipe. Je n'ai jamais mis le souk dans un vestiaire", se défendait Giroud en septembre auprès de RTL et M6. "Je n'ai jamais eu d'états d'âme ou de mauvais comportements lorsque j'ai été sur le banc (...) Je ne me suis jamais plaint du retour de Karim", avait-il ajouté auprès de Canal+.
À Arsenal comme à Chelsea, une fois perdue sa place de titulaire, Giroud s'est effectivement fondu dans un rôle de remplaçant modèle, avec un mental d'acier et une mentalité jugée exemplaire par ses entraîneurs, d'Arsène Wenger à Thomas Tuchel en passant par Frank Lampard.
Mais ses déclarations apaisantes auprès des médias français n'avaient pas semblé émouvoir le patron des Bleus. "Je ne sais pas ce qu'il vous dit, à la limite ça ne m'intéresse pas", répliquait-il ainsi durant le stage de septembre. "Je sais comment ça fonctionne. Entre dire les choses et faire, il y a un parcours."
Loin des caméras, les deux hommes ont échangé depuis sur le sujet et les garanties offertes par Giroud ont semble-t-il convaincu le sélectionneur.
À Doha, l'ancien attaquant de Grenoble, Tours et Montpellier va étirer une carrière internationale débutée tardivement, à l'âge de 25 ans, en novembre 2011.
Celui que ses amis surnomment le "Phénix grenoblois" parce qu'il "ne lâche rien" espère au Qatar décrocher une deuxième étoile mondiale en faisant tomber au passage, pourquoi pas, le record de 51 buts détenu par Thierry Henry chez les Bleus. Il n'en est qu'à deux longueurs, une brindille pour cet éternel revenant à la foi inébranlable.