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Paris-Roubaix : la Trouée d'Arenberg, là où tout commence... et où tout peut s'arrêter

François Miguel Boudet
Départ de Paris-Roubaix ce dimanche.
Départ de Paris-Roubaix ce dimanche.Profimedia
Aucun coureur n'a remporté Paris-Roubaix à la Trouée Arenberg. En revanche, beaucoup de rêves se sont évanouis, voire fracassés, sur ces pavés emblématiques de l'Enfer du Nord. À l'approche de ce morceau d'histoire cycliste, il faut faire valoir sa science du placement... et aussi s'en remettre parfois à la chance.

Secteur 19, 5 étoiles, 2300 mètres. Un décor de Germinal, à voir surgir Étienne Lantier sur le bord de la route avant de s'enfoncer dans la forêt de Raimes-Saint-Amand-Wallers. Résumer la Trouée d'Arenberg en quelques mots relève de la chimère. Ce sont Jean Stablinski, champion du monde en 1962, et Édouard Delberghe qui ont déniché ce vrai trompe-l'œil, coin bucolique en apparence mais autoroute pour l'enfer un dimanche par an. En 1967, ils soufflent l'idée à Jacques Goddet, directeur de la course comme il l'est du Tour de France. Celui-ci veut remettre les secteurs pavés au centre de l'épreuve. "Stab", coureur et mineur, connaît bien le coin et rappelait avec humour être l'un des seuls à connaître la tranchée dessus comme dessous. 

La drève des boules d'Hérin, son nom authentique, est inconnue de tout un chacun. Mais parlez donc de la Trouée d'Arenberg à un passionné de cyclisme ! La poussière qui se soulève, la respiration des milliers de spectateurs qui se fait plus saccadée à l'approche des coureurs avant d'avoir le souffle coupé par cette meute lancée à plus de 60 à l'heure... Et les jours de pluie, quand la boue éclabousse les lunettes, les paletots, devient collante et vous fait une gueule à la Zola. 600 mètres de ligne droite pour apercevoir le pont minier, frotter, se replacer, être dans le bon wagon. Paris-Roubaix ne fait pas de cadeaux. Tenir le haut du pavé n'est pas une expression. Il faut éviter la crevaison, les écarts. Fut un temps, pas si éloigné, il fallait aussi éviter les spectateurs, masse à la fois compacte et indisciplinée, prêts à tout pour s'offrir le grand frisson, s'emparer, même subrepticement d'un petit morceau de la légende, quitte à prendre tous les risques, pour soi comme pour les coureurs. 

Dans la Trouée, la recherche de la trajectoire idéale est une affaire de spécialiste, de rusés Flahutes ou apparentés, écraseurs de pédale diplômés, envoyeurs de bracasse émérites... qui savent aussi que sur ces saloperies de pavés disjoints, il faut aussi remettre une partie de ses talents d'équilibriste vélocipédiques à une puissance supérieure pour ne pas de fracasser. En 1998, Johan Museeuw a failli y perdre sa jambe. En 2001, Philippe Gaumont y a quasiment perdu sa carrière car, si le Lion des Flandres s'est offert une revanche sur le destin en 2000 puis 2002, la "Gomme" a vu ses illusions se fracasser sur ces saletés de pavés un jour de pluie. 

En 2000, Johan Museeuw gagne à Roubaix, 2 ans après avoir lourdement chuté dans la Trouée d'Arenberg
En 2000, Johan Museeuw gagne à Roubaix, 2 ans après avoir lourdement chuté dans la Trouée d'ArenbergProfimedia

Une seule fois depuis 1967 Paris-Roubaix n'a pas emprunté la Trouée, en 2005, car le sous-sol menaçait de se dérober. Depuis, tous les aménagements pour protéger les coureurs (barrière, désherbage) ont rendu la tranchée moins anarchique, sans pour autant perdre de sa magie quand son nom résonne. 

La Reine des Classiques ne se gagne pas là. C'est un antipasto qui ouvre l'appétit et qui déterminera si le reste du festin de pavés sera à votre convenance. Le Vélodrome de Roubaix est encore loin mais une fois franchie cette mise en bouche, la jambe. Ça ne garantit pas une entrée dans la légende mais c'est au moins la conviction que l'Enfer sera pavé de quelques bonnes intentions. 

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