Pierre Lees-Melou, baromètre brestois indispensable et symbole d'une équipe solidaire
Quand on s'impose comme titulaire dans trois clubs français, c'est qu'on est devenu un cadre du championnat. Pierre Lees-Melou (30 ans) a connu la montée en Ligue 1 avec Dijon, trois saisons pleines à Nice et est revenu en 2022 après un crochet d'un an à Norwich en Premier League achevé certes par une descente mais un bagage physique conséquent.
Incontournable pour Éric Roy
À Brest, le milieu de terrain dispute sa deuxième saison et il est plus que jamais une pièce essentielle du collectif finistérien. Contre Clermont, il a encore été omniprésent dans ce rôle de milieu axial qu'il a appris à appréhender au fur et à mesure des mois. "Même si ce n'est pas mon poste préféré, c'est un rôle que j'aime et que je connais pour y avoir joué plusieurs fois auparavant, à Nice avec Patrick Vieira et la saison dernière à Norwich, expliquait-il il y a quelques mois sur le site officile de la Ligue 1. C'est un rôle différent, dans lequel on est plus au début de l'action qu'à la fin, mais j'aime ça. Les coachs m'ont mis là pour que je puisse être plus impliqué dans la construction du jeu, pour trouver des passes dans l'espace, pas seulement pour défendre. C'est vrai qu'il y a des matches où c'est plus compliqué de jouer avec le ballon, mais comme j'aime jouer court et propre, j'apprécie ce poste".
Pour le joueur entré à 10 ans aux Girondins de Bordeaux avant d'être écarté 6 ans plus tard, cette première moitié de saison est particulièrement réussi. Avec une note moyenne de 7,25 selon Flashscore Ratings, Lees-Melou confirme son statut d'indéboulonnable dans l'esprit d'Eric Roy qui lui a fait disputer l'intégralité des 13 premières journées de championnat.
Par son parcours de joueur mais aussi humain (sa fille est décédée quelques jours après sa naissance en raison d'une malformation cardiaque en octobre 2022), le natif de Langon est un modèle d'abnégation et de ténacité. Typiquement le style de profil qui équilibre le jeu de son équipe. "J'ai toujours été un joueur travailleur, avec un profil box-to-box, donc cela ne me dérangeait pas de courir des kilomètres", synthétisait-il.
Sobriété rime avec efficacité
En mai 2023, dans les colonnes du Télégramme, il est revenu sur son recul vis-à-vis de sa corporation, lui qui aurait pu ne pas connaître une telle carrière au terme de son cursus en centre de formation : "avoir signé pro sur le tard et venir du monde amateur fait que je mesure la chance que j’ai. J’essaie de ne jamais rien gâcher et dans ma tête, ne pas fournir les efforts, sur un terrain ou à l’entraînement, c’est impossible. Avoir mon parcours donne une fraîcheur que d’autres n’ont pas. Ce n’est pas contre eux, parce qu’ils ont toujours été programmés pour faire carrière, mais le fait est qu’ils n’ont jamais connu la vraie vie entre guillemets, comme avoir à se lever tôt et respecter des horaires de boulot (il a été préparateur de commandes et responsable périscolaire, ndlr). On a une chance inouïe et, très clairement, je considère qu’en avoir conscience est une force".
Une considération qu'il a étayé dans Free Ligue 1, d'autant qu'il a rebondi très rapidement : "il y en a qui ont plein de rancoeur envers des clubs quand ils sont virés. Moi je l'ai plutôt bien pris parce que je me suis dit, c'est comme ça (...). À 21 ans, je jouais le maintien en CFA 2, donc c'est vrai que c'est allé assez vite". Un état d'esprit qui, même après signé à Dijon, ne l'a pas empêché de remporter la finale de la Coupe d'Aquitaine avec Lège-Cap Ferret.
Les valeurs collectives de Brest n'ont pas changé par rapport aux autres saisons ou depuis l'arrivée de Roy. Mais, cette fois-ci, il semble que les planètes sont alignées. Et même quand l'équipe connaît un coup de moins bien prévisible (défaites consécutives contre Lille, le PSG et Monaco), elle parvient à ne pas se désunir et à se relancer pour l'emporter à Montpellier (3-1) puis à Francis-Le Blé contre Clermont (3-0). Par son positionnement, Lees-Melou est investi d'une mission : jouer proprement, sans fioriture. "Je ne peux pas me permettre de traîner dans la moitié de terrain de l'opposition, analysait-il pour le site de la Ligue 1. Et devant la défense, il faut encore améliorer la possession, essayer de moins dribbler... Quand tu perds le ballon en position huit ou dix, il y a des gens derrière toi pour s'assurer mais maintenant... C'est pour ça il faut être plus propre et défendre un peu plus aussi. Mais dans les challenges et dans l'agressivité, je sens que j'ai évolué, grâce à mon année en Angleterre".
Clef de voûte d'une équipe surprise qui a quasiment acquis son maintien dès la phase aller, Lees-Melou atteint son meilleur niveau en Bretagne. Suspendu contre Strasbourg, il fera son retour contre Metz pour faire ce travail de l'ombre de plus en plus voyant.