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"Porte-voix" des réfugiés, la fierté de l'Afghane Masomah Ali Zada

Masomah Ali Zada aux côtés de Thomas Bach en juillet 2023.
Masomah Ali Zada aux côtés de Thomas Bach en juillet 2023.ALAIN JOCARD/AFP
Cheffe de mission de l'équipe des réfugiés aux Jeux olympiques de Paris, l'ex-cycliste afghane Masomah Ali Zada se dit "fière" de représenter tout ceux qui ont été "forcés" de quitter leur pays et veut montrer à travers son parcours qu'on peut atteindre ses "rêves".

Trois ans après sa participation aux JO de Tokyo avec l'équipe des réfugiés, Masomah, 28 ans, a raccroché son vélo pour se faire "la porte-voix de 120 millions de déplacés dans le monde", enchaînant les interviews au comité d'organisation des Jeux à l'occasion de la Journée des réfugiés organisée ce jeudi par les Nations unies.

"C'est une fierté et un immense honneur de représenter, à travers cette équipe unique et spéciale, les personnes qui ont été forcées de fuir leur pays", explique en français la sportive qui a quitté sa terre natale, l'Afghanistan, en pleine guerre (2001-2021).

Cette équipe olympique des réfugiés (EOR), présente aux JO depuis Rio en 2016, comptera à Paris 36 athlètes de 11 pays dans 12 disciplines. Elle bénéficie de son propre emblème, un cercle de flèches symbolisant leurs périples et surmontant les anneaux olympiques.

La discrète jeune femme a, elle, rejoint en 2016, la France, où elle a obtenu le droit d'asile après un premier refus de visa. Un deuxième déracinement pour Masomah, qui a grandi en Iran entre deux et dix ans.

"Je savais ce que c'était d'être réfugiée, j'avais eu de mauvaises expériences, alors je me demandais si on allait me respecter et je me posais beaucoup de questions sur mon avenir", raconte la jeune femme, les yeux rehaussés d'un trait d'eyeliner et la tête couverte d'un voile noir.

Femmes interdites de sport

"Mais quand je compare ma situation ici, en France, où je peux vivre et voyager seule, à celle des Afghanes… Je suis triste et déçue de ne rien pouvoir faire pour elles", dit, émue, cette fraîche diplômée d'un master en génie civil obtenu à Lille.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans, qui appliquent une interprétation ultra-rigoriste de l'islam, ont interdit aux femmes de pratiquer un sport et d'occuper certains emplois. Les jeunes filles ont été bannies de l'éducation après l'école primaire.

Six athlètes, trois hommes et trois femmes, disputeront les Jeux de Paris (26 juillet-11 août), mais ni le Comité international olympique (CIO) ni le Comité national afghan (CNO) n'ont révélé leurs noms jusqu'ici. "Je suis tellement contente qu'il y ait trois femmes afghanes aux JO et qu'elles soient à égalité avec les hommes", se réjouit en tout cas l'ex-cycliste, qui prévoit d'aller les encourager.

Masomah, qui appartient à la minorité chiite hazara persécutée par les talibans, a connu de violentes réactions lors de son retour de quelques années en Afghanistan, entre l'Iran et la France.

"On vivait dans la peur"

À Kaboul, l'adolescente qui a décidé de se lancer sérieusement dans le cyclisme avec un groupe d'amies, avait essuyé des jets de pierres et des insultes lors de ses virées dans les lacets des routes afghanes. Mais cela ne l'a pas empêchée d'intégrer à 16 ans l'équipe nationale.

"J'ai grandi avec beaucoup d'inégalités et d'insécurité. On vivait dans la peur, mais quand je montais sur mon vélo, je me sentais libre. J'oubliais les problèmes. J'avais l'impression d'avoir un pouvoir, alors qu'en Afghanistan, on pense que les femmes ne sont pas capables de faire certaines choses", se souvient cette femme à la fine carrure, qui a finalement dû quitter son pays face à une presse hostile.

Désormais, Masomah aspire à travailler dans le sport, renforcée par l'expérience du haut niveau et aguerrie par son parcours. "Tu dois beaucoup travailler pour atteindre ton rêve. J'ai dû fournir trois fois plus d'efforts qu'un étudiant français: entre l'apprentissage de la langue, les cours à l'université et le sport", dit la jeune femme.

Aux Jeux de Tokyo, "j'ai atteint mon rêve quand les gens criaient mon nom", confie l'ex-cycliste, pourtant arrivée dernière du contre-la-montre. "Après ce jour, je me suis dit que n'importe quel rêve était possible puisque j'étais là", insiste-t-elle.

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