Les premières journées de l'édition 2024 de Roland-Garros mettent à mal la réputation de Roland-Garros dans des proportions inédites. Outre les mauvais comportements répétés des spectateurs et épinglés par David Goffin mardi puis carrément par la nº1 mondiale Iga Swiatek mercredi, le nombre de sièges vides dans les bas des tribunes du Philippe-Chatrier, y compris pour des chocs, y compris quand il pleut et qu'il n'y a que le central et le Suzanne-Lenglen d'opérationnels, interpelle une nouvelle fois.
La situation se répète d'année en année et, manifestement, la direction de Roland-Garros continue de feindre le problème. Toute la partie réservée aux hospitalités est clairsemée dans le meilleur des cas, vide dans le pire. Alizé Cornet, qui a tout de même incarné un large pan du tennis féminin tricolore, a achevé sa carrière dans un Chatrier dégarni. La numéro 1 française Caroline Garcia a affronté Sofia Kenin dans une ambiance creuse, alors que tous les courts annexes font (beaucoup) trop de boucan : le monde à l'envers ! Quant à Swiatek et Naomi Osaka se sont livrées une bataille démentielle avec une moitié de stade occupée. S'il faut attendre la potentielle dernière de Rafael Nadal pour afficher complet, c'est tout de même gênant…
Les dirigeants changent, le problème perdure
Que peut-on avoir de mieux à faire à Roland-Garros que voir du tennis quand on a les meilleures places, qu'il pleut et que c'est gratuit ? Non seulement les VIP ne paient pas, mais, en plus, elles font la fine bouche ! Alors que la FFT a voulu augmenter ses revenus en instaurant une double billetterie pour les demi-finales, c'est toujours open bar pour les invité(e)s qui se moquent bien des matches, trop occupées à faire à peu près tout sauf voir du tennis, sauf pour poster des stories sur les réseaux sociaux pour bien montrer leur présence malgré leur absence d'intérêt. Après tout, c'est dans la veine des porteurs de la flamme olympique cooptés par un sponsor, peu importe leur implication dans le sport…
La frustration est maximale pour ceux qui poireautent dans les files d'attente en ligne, qui seraient au nombre de 400 000 (!!!) et qui voient des gradins vides même quand il flotte et qu'il n'y a que deux terrains où ça joue ! Non, payer des boxes ne suffit pas et n'autorise pas tout. Il y a un minimum de décence à avoir, ne serait-ce que par rapport aux vrais passionnés qui ne peuvent pas être là pour des raisons financières.
L'organisation pense que la retape faite par les VIP, les invités des sponsors et les influenceurs suffisent. L'expérience a prouvé à chaque fois que ce calcul était faux, voire contre-productif. Quelle est la valorisation du tournoi quand il est diffusé en Mondovision avec des tribunes aussi désespérément vides ? Que le haut du Chatrier ou du Lenglen ne soit pas comble, après tout, cela concerne surtout ceux qui ont payé leur billet. En revanche, que des invités désertent, c'est absolument intolérable. La FFT compte un million de licenciés et elle trouvera toujours des sponsors et des spectateurs. C'est à elle d'établir les règles, et pas uniquement sur ce sujet, mais aussi sur la bienséance à observer pendant les matches, à moins que se faire afficher sur le central par une Swiatek apeurée alors qu'elle a gagné 3 fois Roland-Garros, ne suffise pas…
En choisissant de mettre les mieux lotis au bord du court plus qu'en haut, le choix a été fait de pénaliser les amoureux du tennis au profit de pique-assiettes. Que ce début de tournoi où rien ne va permette de faire réfléchir les dirigeants. À moins qu'eux aussi soient plus préoccupés par la qualité des petits fours que par la réputation du tournoi qu'ils sont censés promouvoir. Après tout, ce ne serait pas une nouveauté.
