Rafael Nadal, une pause... à durée indéterminée ?
Il était 16h04 quand Rafael Nadal s'est présenté face à la presse dans les locaux de son académie de tennis. Chez lui, à Manacor, l'homme aux 22 Majeurs dont 14 conquis sur l'ocre de Roland-Garros a annoncé que non seulement il ne serait pas présent à la Porte d'Auteuil la semaine prochaine mais qu'il faisait une pause d'au moins 6 mois. Pour l'heure, le Taureau de Manacor espère disputer la Coupe Davis en novembre et surtout arriver frais pour une dernière saison en 2024 si son corps le lui autorise.
Après Roger Federer l'année dernière, c'est un autre Géant du tennis qui met un terme à sa carrière, laissant Novak Djokovic désormais bien seul face à la meute des jeunes loups.
Pendant toute sa carrière, Nadal a lutté avec son corps et ce syndrome de Müller-Weiss qui lui déforme les os du pied gauche. Andre Agassi avait estimé qu'à 30 ans, le Majorquin ne pourrait plus jouer en raison de son physique. Le Kid de Las Vegas avait sous-estimé les capacités de résilience de l'Espagnol qui a continué plus de 6 ans de plus à force de travail, de patience et aussi d'infiltrations dont on ne sait pas si, plus tard, elles n'auront pas de graves conséquences.
Depuis le 18 janvier dernier et une blessure au psoas, Nadal rongeait son frein. Une absence comprise entre 6 et 8 semaines était prévue. Mais à près de 37 ans, le temps de convalescence compte double voire triple. Privé de toute la saison de terre battue, une première hors période Covid, son forfait au "French" était attendu. Mais la tenue d'une conférence de presse quand un communiqué aurait suffi a insufflé le doute. Insubmersible, Nadal n'a pas rendu les armes. Pas le genre du bonhomme qui pense toujours au futur.
Personne ne veut y croire mais on n'est toujours pas certain de revoir Nadal sur un court de tennis. Même si ce n'est pas une fin de carrière pure et simple, c'est malgré tout un petit séisme et, comme pour "Rodgeur", il faudra du temps pour pleinement réaliser cette fin d'époque, tout simplement l'une des pages les plus glorieuses du tennis. À présent seul, Djokovic fait figure de Dernier des Mohicans, privé de ses deux meilleurs rivaux.
Ce n'était certainement pas le début de la fin dont il rêvait, mais Rafa Nadal n'a plus rien à prouver à quiconque. Qu'il remporte un 15e Roland-Garros ou un 23e Grand Chelem n'ajouterait finalement rien à son aura et sa légende. Devenu père de famille, le temps passé dans les avions et sur les courts ont probablement un goût de sacrifice trop important. Ce n'était pas un adieu, mais ça en avait furieusement l'air.