Raphaël Varane, cadre précieux et couvé
Le contexte auquel est confrontée l'équipe de France, dévastée par les blessures depuis plusieurs semaines, a de quoi faire frissonner l'encadrement médical des champions du monde.
Mais après un mois de soins, de réathlétisation et de reprise progressive de l'entraînement, les conditions semblent réunies pour un retour de Varane au stade 974 de Doha, lors du choc du groupe D, décisif pour la qualification en huitièmes de finale.
Le joueur de Manchester United, sorti en larmes le 22 octobre après avoir été victime d'une blessure musculaire à la cuisse droite, postule pour une 88e sélection dans la défense centrale, après avoir été préservé mardi contre l'Australie (4-1).
"Il a l'expérience. Le plus important c'est qu'il se sente prêt dans sa tête et son corps. Je sais qu'il l'est", a affirmé le sélectionneur Didier Deschamps vendredi.
Le défenseur de 29 ans revient de loin. Sa blessure aux ischios-jambiers (arrière de la cuisse), une zone fragile chez lui ces derniers mois, lui a imposé une périlleuse course contre la montre jusqu'au Qatar, avec un programme de soins réparti entre Manchester et le centre médical fédéral de Clairefontaine.
Il a manqué aux Bleus
Si Deschamps a déclaré son vice-capitaine "apte et disponible" pour le premier match, il s'est néanmoins permis de lui laisser quelques jours supplémentaires sans compétition.
Simple précaution ou crainte de rechute ? Espéré à l'entraînement collectif le 17 novembre, le joueur formé à Lens avait repoussé son retour de deux jours.
Depuis, il s'est entraîné normalement, prenant part mercredi à une rencontre amicale contre le club qatari d'Al-Markhiya aux côtés des remplaçants du premier match (victoire 4-0) ; une séance "bien digérée" par le défenseur, selon Deschamps.
"J'espère qu'il va pouvoir intégrer le groupe, car c'est un joueur important", a souligné Dayot Upamecano, titulaire en défense centrale avec Ibrahima Konaté contre l'Australie.
Battus deux fois cette année par les Danois en Ligue des nations (2-1 en juin et 2-0 en septembre), les Français ont pu mesurer le poids de l'absence de leur leader défensif sur cette double confrontation.
En juin, il quitte les Bleus sur blessure à l'heure de jeu et le Danemark inscrit dans la foulée deux buts pour renverser la rencontre. En septembre, il est préservé à Copenhague et observe depuis le banc la jeune défense tricolore se décomposer, dans le sillage d'Upamecano, encadré par William Saliba et Benoît Badiashile.
"C'est clairement un taulier de l'équipe. L'avoir avec nous, c'est rassurant", a expliqué Marcus Thuram jeudi.
"Une force tranquille"
Après le forfait de Lucas Hernandez et face à la performance moyenne de Benjamin Pavard contre l'Australie, la défense du Mondial 2018 bat de l'aile.
Varane peut y insuffler une sérénité bienvenue, surtout au regard de l'expérience limitée des autres défenseurs convoqués pour jouer dans l'axe, qui comptent tous moins de dix sélections.
"Au sein du groupe, il amène sa sérénité, son calme et son expérience, c'est une force tranquille. Il amène également sa voix dans le vestiaire, c'est un leader qui est présent depuis des années", a décrit vendredi le gardien et capitaine Hugo Lloris. "On le sent prêt à se battre."
Membre de la jeune génération, le milieu Mattéo Guendouzi a confirmé, jeudi : "Il nous parle beaucoup, il est là pour aider les jeunes. Son retour va nous faire beaucoup de bien."
Une potentielle titularisation de Varane samedi contraint néanmoins Deschamps à faire un choix tactique. Qui de Konaté ou Upamecano sortira du "onze" ? Mieux vaut-il aligner le Mancunien comme axial droit, son poste préférentiel ? Ou le décaler sur l'axe gauche, pour conforter l'un de ses deux jeunes partenaires, plus à l'aise à droite ?
La longue discussion entre "DD" et Varane, observée jeudi en fin d'entraînement à Doha, a peut-être apporté une réponse à ces questionnements.