Recadré publiquement par son président, Will Still est confronté au principe de réalité du Stade de Reims
Quand le linge sale se lave en public, c'est que le cycle est monté en température. Le mercato à Reims a été marqué par le départ d'Azor Matusiwa à Rennes et, malgré la belle somme récupérée par le club champenois, la perte d'un joueur clef dans l'ossature tactique de Will Still a fortement déplu au technicien belge.
Toujours très sûr de lui, il n'a pas hésité à se plaindre en conférence du transfert du Néerlandais, qui plus est chez un concurrent pour les places européennes. "C’est toujours embêtant de perdre un de ses meilleurs joueurs, s'est-il lamenté en conférence de presse. Forcément, cela ne me remplit pas de joie. Mais je suis responsable de la continuité de l’équipe, c’est l’ADN du club et de son projet, donc on s’adapte".
Vendre à temps
Déjà que Reims est en perte de vitesse depuis plusieurs semaines, cette remarque acerbe en direction de son président, Jean-Pierre Caillot, a fortement déplu au principal intéressé. Ainsi, il a profité d'un entretien sur les ondes de France Bleu pour répliquer. Même en y mettant un minimum de forme, nul besoin d'être un as dans l'art de la divination pour comprendre que Still vit ses derniers mois à Reims. L'imbroglio sur ses aller-retours en Angleterre, refermé par une pirouette sur la nationalité de sa compagne, avait déjà montré que les ambitions du jeune trentenaire devenaient trop étroites pour Reims, voire pour la Ligue 1.
"Un jeune entraîneur comme lui a beaucoup de qualités, il a la fougue, il veut gagner, et tous les matchs, mais il n’a peut-être pas le recul nécessaire sur cette gestion, a tancé Caillot. J’adore Will, j’adore ce qu’il fait et il va apprendre au fil du temps qu’avoir des résultats c’est une chose, mais qu’il faut savoir aussi gérer un club comme on le fait".
Perdre un joueur majeur en cours de saison mais pour 16M€ + 4M€ d'éventuels bonus, c'est un risque mesuré, même si Reims peut toujours rêver d'Europe. De plus, les opportunités de bien vendre peuvent ne pas se représenter et Caillot parle d'expérience : "il y a quelques années en arrière, j’ai eu une proposition très importante de l’Olympique de Marseille pour nous acheter Grejohn Kyei. Comme je suis un président affectif, je n’ai pas écouté mes conseillers. J’ai refusé de le vendre. Et deux ans après, il est parti pour pratiquement zéro. De la même façon, j’ai refusé 8M€ d’un club pour Nathanaël Mbuku, qui était un grand espoir du Stade de Reims. Six mois après, il est parti pour zéro".
Assurer ses arrières
Ce n'est pas la première fois et assurément pas la dernière qu'un entraîneur et un président s'écharpent sur un transfert. Mais le faire publiquement, c'est souvent annonciateur de changements plus grand. Caillot ne s'en est pas beaucoup caché : "il a un grand avenir, le Stade de Reims aussi. Je ne sais pas si notre avenir sera commun, mais aujourd’hui, Will a des résultats parce qu’il est brillant mais aussi parce qu’il a entre les mains un effectif de qualité".
Les états d'âme du Belge ont tout de même étaient amoindris par le retour en France de Benjamin Stambouli et la signature pour 4 ans et demi de Sergio Akieme en provenance d'Almería pour 6M€, ce qui n'est pas un investissement low-cost. L'état du football en France demeure précaire et Reims représente cet entre-deux qui consiste à mêler ambition sportive et pérennité financière. Dans une période troublée par la vente des droits TV et le deal sulfureux avec CVC, Caillot comme l'essentiel des présidents de clubs hexagonaux doit se résoudre à écouter leur raison plutôt que de s'enflammer pour mieux le regretter ensuite.