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Richard Gasquet, Mozart du tennis à la carrière finalement décevante mais qui aura laissé sa marque

Sébastien Gente
Richard Gasquet va s'en aller.
Richard Gasquet va s'en aller.Roberto Tommasini / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Autoproclamé nouvelle star du tennis français à 9 ans, Richard Gasquet prendra sa retraite après Roland-Garros 2025. Passé par tous les états durant une carrière extrêmement riche, son départ laisse un goût d'inachevé, marque la fin d'une époque et permet de se rendre compte du chemin parcouru. Tout ça à la fois.

Richard G. - 9 ans - le champion que la France attend ? Cette une de Tennis Magazine en février 1996 résonne encore aujourd'hui. À l'époque, les réseaux sociaux n'existaient pas, mais cela n'a pas empêché cet acte I de la carrière de Richard Gasquet de devenir une tâche indélébile. 

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La Tennis Magazine

Bien sûr, il est exceptionnel d'être classé 15/4 à 9 ans. Et l'on peut finalement se dire que le Biterrois est né à la bonne époque, car avec l'exposition maximale subie par n'importe quel jeune prometteur pour quelques secondes de vidéo sur les réseaux peu importe l'âge et peu importe le sport, l'engouement autour d'un tel profil aurait pu être dévastateur.

Car malgré cette exposition précoce, Richie a été à la hauteur de sa réputation. L'un des premiers signaux a été sa victoire en 1999 aux "Petits As", championnat du monde officieux des 13/14 ans organisé tous les ans à Tarbes. Il est bien évidemment savoureux de constater qu'il a vaincu Rafael Nadal, de 15 jours son aîné, en demi-finale. Mais surtout, le Tricolore a sans doute une des plus belles carrières de ceux qui ont inscrit leur nom au palmarès de ce tournoi référence des catégories jeunes.

Seuls Nadal, Juan Carlos Ferrero, Richard Krajicek et Michael Chang ont accroché un Grand Chelem parmi les 42 vainqueurs des "Petits As". Pas une garantie donc, tant certains noms annoncés comme des phénomènes (Alexandre Krasnoroutski, Donald Young, Carlos Boluda qui est le seul double vainqueur de l'histoire) ont fait pschitt. Mais une bonne indication, et seulement trois ans après - à même pas 16 ans - il devient le plus jeune vainqueur en tableau principal de Masters 1000 (Masters Series à l'époque) en terrassant le coriace Franco Squillari à Monte-Carlo, avant de s'incliner contre Marat Safin

Mais pas de précipitation et pas d'exposition maximale : jusqu'à l'aube de la saison 2005, pas de réel coup d'éclat, hormis une première finale ATP (perdue) à Metz. Il se signale principalement en remportant le double mixte à Roland-Garros en 2004 en compagnie de Tatiana Golovin. Mais en 2005, l'espoir sort enfin de sa coquille et signe le résultat qui va le placer sur la carte. Et encore une fois à Monte-Carlo.

En quarts de finale, il va tout simplement s'offrir le scalp de Roger Federer. Déjà indiscutable n°1 mondial, déjà lauréat de quatre Grands Chelems, le Suisse sera bluffé par le talent connu et désormais reconnu du Français, qui viendra décrocher une victoire au retentissement incroyable. Dans la foulée, il viendra chatouiller Rafael Nadal en demi-finale, profitant de l'euphorie ambiante sans toutefois vaincre le futur roi de la terre battue. 

Après un tel exploit, sa carrière doit être lancée, et cela est confirmé par sa finale à Hambourg le mois suivant, perdue contre un Federer avide de revanche. On y croit, on voit déjà Gasquet soulever la Coupe des Mousquetaires. Mais dès Roland-Garros, il s'incline logiquement contre Nadal et on devine alors un écart irréversible avec les nouveaux rois du circuit ATP dans les grands évènements. D'où une question légitime : la victoire sur un Federer au sommet de son art est-il le plus grand exploit de la carrière de Richie

Gasquet a remporté 16 titres ATP, pour 33 finales au total, a disputé trois demi-finales en Grand Chelem, a remporté la Coupe Davis. Et pourtant, avec du recul, on peut croire qu'il n'a jamais connu de plus grand moment que cette victoire - la seule de sa carrière contre un numéro 1 mondial et l'une de ses 3 seules en 53 confrontations en carrière avec un membre du Big Three

Car jamais il n'a montré par la suite un réel niveau qui laissait penser qu'il pouvait vaincre n'importe qui. En trois demi-finales de Grand Chelem (une contre chaque membre du Big Three), il n'a remporté aucun set. Car c'est bien de cela qu'on parle : un titre majeur, qui échappe à un tennismen français depuis 1983 et Yannick Noah. Et Gasquet était l'élu du peuple, de la fédération, du circuit, bref de tout le monde pour devenir celui qui mettrait fin à la disette. 

Sacrée carrière pour Richie
Sacrée carrière pour RichieProfimedia / EnetPulse

Au moment de tourner la page, il n'y sera donc pas parvenu. Avec 73 participations en tableau principal de Grand Chelem, les opportunités étaient là. Mais c'est l'heure du bilan, et quels sont les grands moments de Richard Gasquet sur les tournois majeurs ? Sa remontée face à Andy Roddick lors de Wimbledon 2007. Son succès homérique 11-9 au cinquième contre Stan Wawrinka, toujours à Wimbledon mais en 2015. Et... c'est tout ? 

Pourtant, il a gardé une aura incroyable. Notamment grâce à ce revers incroyable à une main, un bijou, une merveille. Des mots prononcés par la majorité des grands joueurs du XXIe siècle quand il s'agit de parler du coup dont on se souviendra pour le Tricolore. Il est indéniable que ce revers a toujours été une pure merveille. Mais bien que ce soit très agréable à regarder, ce revers n'a rien changé à sa carrière.

Cette image d'un jeu de puriste rapidement en décalage avec le tennis actuel lui a collé à la peau. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la préface de sa biographie sortie en 2022. "Ce qui m’a toujours épaté chez Richard, c’est son style à l’ancienne. (...) Il peut monter au filet, slicer, lifter, rentrer sur le court, ou bien à l’inverse patienter pour distribuer le coup juste." L'auteur de ces mots confondants de vérité ? Un certain Rafael Nadal

Tout le monde vantait non seulement son revers, mais aussi son intelligence de jeu, le fameux "Q.I Tennis". Mais malheureusement, il lui manquait une corde essentielle à l'arc de son jeu de puriste : la puissance. Depuis 2010, impossible de dominer sans une première balle qui tutoie les 210 km/h, un état de fait conforté par la domination actuelle des Jannik Sinner et Carlos Alcaraz au service lourd et puissant. 

Mais son départ, c'est la fin annoncée du revers à une main, puisque Federer est parti et que la retraite de Stan Wawrinka se rapproche elle aussi à grands pas. Et dans le Top 20 actuel, hormis Stefanos Tsitsipas et Grigor Dimitrov, le revers à une main à disparu, parce que pas assez puissant ni suffisamment efficace pour tenir le bombardement de fond de court qu'impose désormais la plupart des joueurs de haut niveau. 

Il serait néanmoins injuste de réduire Gasquet à ce seul coup, comme il serait injuste de ne retenir que son vrai-faux contrôle positif à la cocaïne en 2009. Parmi les fameux nouveaux Mousquetaires du tennis français, c'est Jo-Wilfried Tsonga qui a été le seul à disputer une finale de Grand Chelem, mais sans doute que dans les chiffres, Gasquet a la plus belle carrière. 

Sauf que maintenant qu'on sait qu'elle arrive à son terme, il reste forcément un sacré goût d'inachevé par rapport aux attentes soulevées. Et c'est probablement ce qu'on retiendra plus que les revers gagnants. Ainsi va la vie du sport de haut niveau, qui ne retient que les vainqueurs. Et on ne peut pas affirmer que Richard Gasquet était un véritable winner. Il héritera probablement de l'étiquette de perdant magnifique, sans nul doute.

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