Rigueur tactique et tableau noir offensif : 5 matches marquants de Marcelino en Liga
Real Madrid 0 - 3 Recreativo de Huelva (20 décembre 2006)
Marcelino García Toral a réalisé un exploit en guidant le Racing de Santander en Coupe de l'UEFA en 2008. Au Recreativo de Huelva, le plus ancien club d'Espagne, l'Asturien poursuit sa progression avec une montée en Liga et une première saison réussie. Deux joueurs resteront dans les mémoires : Santi Cazorla et Florent Sinama-Pongolle, arrivé en Andalousie sur les conseils d'un certain Pablo Longoria.
Ce froid jour de décembre, le Real Madrid reçoit le Decano endeuillé après le décès de 4 supporters dans un accident de la route. Marcelino est suspendu et c'est son adjoint, Rubén Uría, qui est sur le bord de la pelouse. Aligné en 4-4-2, le Recre corrige l'équipe dirigée par Fabio Capello. On trouve déjà les préceptes tactiques de MGT avec un meneur axial (Emilio Viqueira) et un autre excentré (Cazorla). En attaque, Sinama-Pongolle fait équipe avec Ike Uche.
À la 35e, Huelva ouvre le score sur une action d'école : Viquiera trouve Uche dans l'axe qui lance FSP en une touche. Fabio Cannavaro, Ballon d'Or en titre, est mal inspiré, le Français le devance et ajuste Iker Casillas du gauche.
Défensivement, une statistique résume la 1re période andalouse : seulement 2 fautes commises. L'entrée de Robinho à la place d'Emerson sur le côté gauche ne change rien. À la 52e, Uche part du milieu du terrain côté gauche, déborde Guti, dépose Cannavaro avec une feinte foudroyante et décoche une frappe du droit au ras du piquet. A la 90e+1, après une faute d'Álvaro Mejía sur Cazorla, Viqueira inscrit un maître coup franc dans la lucarne opposée de Casillas. Totalement atone, le Real Madrid peut presque s'estimer heureux de n'en avoir pris que trois. Collectivement, Huelva a concédé le minimum sur le plan offensif face à une attaque Raúl-Ronaldo-Ruud van Nistelrooy, excusez du peu. Huelva terminera 8e et la Maison Blanche championne.
Villarreal 2 - 2 Real Madrid (14 septembre 2013)
Ce n'est pas une victoire mais ce match est à mettre en parallèle avec les débuts de Marcelino sur le banc du sous-marin jaune. Arrivé à la mi-saison au chevet d'une équipe descendue en Segunda, meurtrie par le décès, en août 2012, de Manuel Preciado, l'entraîneur qui avait été choisi pour faire remonter l'équipe, l'Asturien a connu un baptême du feu éreintant avec une punition contre le Real Madrid Castilla (5-0). "Un point d'inflexion" selon lui car Villarreal a ensuite réalisé une seconde partie de saison canon achevée sur une remontée directe en Liga au bout des 42 journées de championnat.
Lorsque le Real Madrid arrive au Madrigal, Villarreal a remporté ses 3 premiers matches de championnat. Si les Vikingos marquent deux fois, par le nouvel arrivant Gareth Bale et par Cristiano Ronaldo au rebond d'une frappe de Karim Benzema détournée par Sergio Asenjo, le sous-marin jaune propose un jeu combinant récupération rapide, défense compacte et attaques tranchante. Sans un grand Diego López, la Casa Blanca aurait pu prendre un vrai bouillon, d'autant que l'arbitre a été clément sur une semelle de Bale sur Jonathan Pereira en 1re période et sur une main de Nacho Fernández en 2e période.
L'ouverture du score de Cani (meneur excentré) est la conclusion d'une entame de match réussie sur tous les plans. Comme lors du but de Sinama-Pongolle avec Huelva, le début d'action vient d'une rentrée en touche dans le dernier tiers adverse, une situation de jeu travaillée en amont (1-0, 21e). Manuel Trigueros (meneur axial) est sollicité à l'entrée de la surface soit pour trouver une passe dans l'espace, soit servir d'appui pour initier la passe clef, en l'espèce celle de Bruno Soriano. Pereira s'empare de la balle, la défense merengue dégage sur Cani qui trouve la faille.
Et quand CR7 fait passer le Real Madrid devant, Giovani dos Santos réplique 3 minutes après, preuve de la ressource mentale de l'équipe (2-2, 70e). Ce but indique l'importance de l'orientation du jeu du milieu défensif (Soriano) qui choisit Cani, cette fois dans une position reculée axiale alors que Trigueros est positionné plus avant. Le milieu tente sa chance de loin, sollicitant la parade de López qui ne peut rien faire au rebond, ce qui atteste de la concentration des attaquants dynamiques pour finir l'action.
Pour son retour en Liga, Villarreal terminera 6e et qualifié pour la Ligue Europa, le Real Madrid remportera la Décima.
Betis 3 - 6 Valencia (15 octobre 2017)
Depuis son arrivée sur le banc de Valencia, les débuts en Liga sont satisfaisants avec notamment deux matches nuls contre le Real Madrid (2-2) puis l'Atlético de Madrid (0-0). Après 7 journées, les Murciélagos comptent 15 points et sont sur une série offensive impressionnante avec 11 buts inscrits lors des 3 matches. Le Betis de Quique Setién est aussi sur une phase ascendante avec une victoire au Bernabéu (1-0) suivi de deux matches riches en buts (4-0 contre Levante, 4-4 contre la Real Sociedad).
Pendant 30 minutes, les deux équipes proposent un jeu engagé et intense mais s'annulent complètement. Et puis à partir de la demi-heure de jeu, Valencia appuie sur l'accélérateur. Outre la cohérence tactique pour coulisser et limiter au maximum les offensives verdiblancas, sur le plan offensif, les Blanquinegros marquent sur un corner sortant (Geoffrey Kondogbia, 1-0, 35e), sur un corner rentrant (Rodrigo Moreno, 3-0, 64e), une inspiration lumineuse (Gonçalo Guedes, 2-0, 45e) un contre express après une récupération défensive (Santi Mina, 4-0, 74e).
L'intérêt aussi de ce match, c'est de constater que mentalement, l'équipe de Marcelino n'a pas sombré quand, après une passe en retrait mal ajustée de Dani Parejo qui a offert la réduction de l'écart à Joel Campbell (4-1, 79e), le Betis a inscrit trois buts en 5 minutes. Alors que le Benito-Villamarín a repris espoir, le club che n'a pas craqué et a marqué deux fois en fin de match (Simone Zaza, 5-3, 88e; Andreas Pereira, 6-3, 90e+3).
Au terme d'une rencontre au cours de laquelle six joueurs ont marqué, Valencia accède à la 2e place du championnat. La semaine suivante, les Murciélagos réaliseront une prestation XXL sans erreur défensive cette fois contre Séville (4-0). La série d'invincibilité se prolongera jusqu'à la 14e journée où, après 8 victoires consécutives suivies d'un nul contre le Barça (1-1), le VCF tombera contre Getafe.
Valencia 2 - 1 Huesca (23 décembre 2018)
La deuxième saison de Marcelino à Valencia, celle du centenaire du club, piétine sérieusement. Avec 3 victoires en 17 journées (11 nuls et 3 défaites), le club pointe à la 17e place avant le dernier match de l'année. L'équipe n'arrive pas à conclure ses attaques et le temps commence à presser.
Pour la réception de Huesca, promu et 20e de Liga, la victoire est obligatoire. En bon capitaine, Parejo ouvre la marque (1-0, 25e) mais Roberto Santamaría, qui effectue ses débuts en Liga, met en échec Mina et Carlos Soler notamment. Une faute de Soler permet à Cucho Hernández d'égaliser sur penalty à la 72e minute (1-1). Pour autant, le groupe n'a pas lâché son entraîneur et Mestalla ajoute des décibels pour faire basculer la rencontre, y compris après le coup franc sur la transversale de David Ferreiro, preuve que le doute est prégnant.
La lumière vient grâce à un invité surprise, en l'espèce Cristiano Piccini. Le latéral droit italien décoche un zapatazo du gauche à la 94e minute et offre la victoire aux Murciélagos. Un petit miracle vu le contenu global du match mais un point d'inflexion : en 2019, Valencia remportera la Copa (premier trophée depuis 2008), accèdera aux 1/2 de Ligue Europa et terminera 4e de Liga et donc qualifié pour la Ligue des Champions.
Athletic 4 - 0 Real Sociedad (20 février 2022)
Le passage de Marcelino à l'Athletic reste, malgré la victoire en SuperCoupe d'Espagne après avoir battu consécutivement le Real Madrid et le FC Barcelone, plutôt mitigé en championnat. Les Leones ont perdu la finale de la Copa en 2020 disputée en 2021 contre la Real Sociedad dans un stade de la Cartuja vide en raison de la Covid (1-0). Cet Euskal Derbia de février 2022 est plus emballant mais les deux équipes ne trouvent pas la faille pendant plus d'une heure. Comme à l'accoutumée avec une équipe du technicien asturien, l'Athletic concède peu d'occasions.
Comme avec Valencia contre le Betis, la différence se fait sur les corners. À la 68e, Álex Berenguer frappe rentrant au 2nd poteau pour la tête de Dani Vivian (1-0). Quatre minutes plus tard, Iker Muniain frappe sortant au 1er poteau et Oihan Sancet coupe du pied droit (2-0). Sancet a suivi une courbe de progression très intéressante avec Marcelino. Son positionnement et sa percée sur le 3e but montrent le respect du schéma de contre-attaque avec une passe dans l'espace pour Berenguer et le placement d'Iñaki Williams entre les deux centraux (3-0, 80e). Autre exemple du respect des consignes sur le 4e but : Sancet est entre les lignes à l'entrée de la surface (dans une situation qui rappelle celle de Trigueros sur le but de Cani avec Villarreal) et réédite la même passe dans l'espace pour Muniain qui conclut du droit.
Une telle victoire aussi large lors d'un derby remontait aux années 50.