Amoindris, le XV de France et Fabien Galthié abattent une carte importante contre les All Blacks
Si personne ne doutait que le XV de France réussisse son entrée en piste contre le Japon, l'heure est venue de déguster le plat de résistance. La Nouvelle-Zélande, toujours nation référence au rugby à XV, et toujours un bon moyen pour son adversaire de vérifier son niveau actuel. En l'occurence, ce sera le cas ce samedi soir.
Néanmoins, les Bleus ne défieront pas les All Blacks à pleine puissance. En effet, les blessures n'ont pas épargné cet équipe. Cyril Baille, Uini Atonio, François Cros, Romain Ntamack, Damian Penaud : au moins 5 titulaires indiscutables sont sur le flanc, et l'on peut même rajouter Nicolas Depoortère qui aurait sans doute eu sa place vu son ascension.
De quoi fournir une excuse toute faite à Fabien Galthié en cas de défaite ? Ce serait dommage que cette justification sorte en fin de partie, cela voudrait dire que les Bleus ont abordé ce match comme des perdants. Le réservoir français est vanté depuis longtemps, ce qui veut dire que le sélectionneur a de quoi combler les trous. Mais bien évidemment, certains cas ont fait débat depuis le départ.
Le premier est celui de Charles Ollivon. Ancien capitaine, durant l'ère Galthié, il a été mis de côté dès le premier test au profit d'Alexandre Roumat. On comprenait la volonté de tester le Toulousain face aux Japonais, mais contre les Blacks, et surtout avec les nombreux absents, un taulier de plus n'aurait pas fait mal, d'autant qu'il est sur le banc, donc disponible. Mais ce n'est pas cette absence qui a fait couler le plus d'encre.
Non, c'est celle de Matthieu Jalibert. Arrivé remplaçant officiel de Romain Ntamack, il a été mis au banc contre le Japon, avec une volonté de le voir conserver son rôle de "finisseur". Mais voir le sélectionneur sacrifier l'équilibre de son équipe en plaçant son 15 titulaire en 10 reste difficile à expliquer. Et pour ce test-match, le plus important de la tournée, il a tout simplement fait ses valises.
Problème, cette histoire fait mal au sacro-saint "le groupe vit bien". Fabien Galthié n'a bien sûr pas échappé à des questions sur le cas du n°10, et a renvoyé la balle comme souvent. "Nous, on a besoin de détermination, de joueurs forts. Jusqu'ici, il a toujours apporté le meilleur de lui-même. Il continuera en équipe de France... s'il le souhaite. C'est à lui de prendre cette décision."
Le Parisien livre une toute autre version. En effet, il y a quelques mois, Jalibert avait été mis sur le grill pour une raison futile, un léger "chambrage" lors d'un match de Top 14 en mai entre son Union Bordeaux-Bègles et La Rochelle. Problème, ce chambrage avait pour cible un certain Grégory Alldritt, qui était alors capitaine du XV de France en l'absence d'Antoine Dupont.
Il n'y avait pourtant vraiment pas grand chose, mais de miettes, tout le monde a fait un festin. À un tel point que déjà, à ce moment-là, la question se posait de savoir si ce geste allait compromettre sa carrière internationale. Sans doute que la réponse a été donnée cette semaine, et désormais, tout le monde est prévenu : il est interdit d'avoir des émotions sur un terrain de rugby.
Problème, il s'agit d'un choix fort du sélectionneur. Et comme tous les choix forts, ils doivent être validés par un résultat. Néanmoins, le sélectionneur a sorti le paratonnerre, puisque si problème à l'ouverture concernant Thomas Ramos pendant le match, où si ce dernier est contraint de retourner à l'arrière, c'est tout simplement... Antoine Dupont qui viendra enfiler le costume du 10. Ce qui est médiatiquement très malin : qui oserait critiquer le meilleur joueur du monde pour une performance moyenne à un poste qui n'est pas le sien ?
Malgré tout, Fabien Galthié et le XV de France ont besoin d'un résultat fort. Le sélectionneur n'est pas passé par la fenêtre après la Coupe du monde, une mansuétude dont il n'a pas profité pour relancer son équipe. Le Tournoi des 6 Nations, avec notamment ce match nul affreux contre l'Italie, était raté quoi qu'on en dise. Et cette tournée estivale en Amérique du Sud, pour les conséquences extra-sportives que l'on connait (qui se rappelle des résultats des Bleus ?) a rajouté au marasme : cette équipe ne fait plus peur.
Et ce n'est pas ce large succès sur le Japon qui change cet état de fait, pas plus que le succès arraché contre l'Angleterre dans un match pour du beurre en fin de 6 Nations. Non, pour tourner la page, il faut gagner ce soir, peu importe la manière, pourrait-on presque dire. Car puisque l'objectif réaffirmé reste 2027, autant se mettre en ordre de marche dès maintenant. Fabien Galthié pense avoir sorti une brebis galeuse, à lui de guider son troupeau en direction d'une herbe plus verte, sous peine de voir un autre berger emmener ses bêtes...