Si elle ne bat pas l'Argentine, l'Irlande aura totalement raté sa tournée d'automne
Les doutes étaient nombreux fin 2023 autour de l'Irlande. Alors que tout était axé depuis des années pour tenter d'aller enfin remporter la Coupe du monde, les Verts ont failli en quarts de finale contre la Nouvelle-Zélande. Une défaite historique après un match légendaire qui a précipité la retraite de quelques cadres, le plus célèbre étant Jonathan Sexton.
Dès lors, on se demandait si quelque chose allait changer. Réponse : non. Le Tournoi des Six Nations, malgré une défaite de justesse en Angleterre, a globalement été mené de main de maître par la bande d'Andy Farrell, avec notamment un succès référence en France d'entrée de jeu histoire de lancer cette nouvelle ère sur de bonnes bases.
Mais bien évidemment, les confrontations avec les nations phare de l'Hémisphère Sud allaient être scrutées de près. Et le double affrontement avec l'Afrique du Sud cet été a permis de vérifier que cette équipe était toujours là. Battue lors du premier test, les Irlandais ont arraché le deuxième après un des plus beaux matchs de l'année, scellé par un drop de Ciarán Frawley à la dernière seconde !
Ainsi, et forte d'une invincibilité à domicile qui courait depuis février 2021 et une défaite contre la France, les Verts étaient confiants quand à exorciser le signe indien pour donner le coup d'envoi de leur tournée d'automne vendredi dernier à l'Aviva Stadium. Au menu, la Nouvelle-Zélande donc, pour tenter de boucler la boucle et vaincre l'équipe qui avait anéanti ses espoirs 12 mois en arrière.
Et jusqu'à l'heure de jeu, on y a cru vigoureusement. Comme toujours, les Irlandais étaient maîtres de la gestion temps fort / temps faible, avaient apputé sur l'accélérateur au retour des vestiaires pour enfin franchir la ligne et marquer au fer rouge les Blacks. Mais tout s'est inversé dans les 20 dernières minutes de jeu, et les Néo-Zélandais, tant sur le talent que sur la fraîcheur, ont fait payer aux locaux au prix fort leurs hésitations et plaquages manqués.
Vaincre les Blacks était l'objectif prioritaire - et logique - de cette tournée d'automne. Cette défaite a eu une première conséquence de marque, et particulièrement négative. Première du classement mondial avant d'entamer cette série de matchs, l'Irlande a d'ores et déjà glissé à la troisième place. Certes, tout se joue dans un mouchoir de poche, mais cette glissade ne doit pas se poursuivre en vue des objectifs futurs.
Et le premier de ces objectifs est bien évidemment de battre l'Argentine ce vendredi soir. Or, on ignore à quel point ce revers inaugural aura fait mal à la tête des Verts. Sans équivoque, Andy Farrell a déclaré après la défaite que "C'est un drôle de sentiment parce que nous n'avons pas l'habitude de le ressentir dans ce vestiaire". Quand une équipe hait la défaite à ce point, difficile de la digérer. Ils avaient su le faire contre les Boks cet été, mais ils n'étaient pas les favoris, contrairement au match du soir.
D'autant que ce n'est pas n'importe quel adversaire qui se présente à l'Aviva Stadium. L'Argentine est en pleine forme, après une Coupe du monde 2023 réussie, mais surtout un Rugby Championship historique pour les Pumas : en effet, pour la première fois de leur histoire, ils ont battu chacune des trois nations historiques de l'Hémisphère Sud dans la même édition !
S'ils ont collé pas moins de 67 points aux Wallabies, c'est leur succès d'un point contre l'Afrique du Sud et surtout une victoire monstrueuse sur la pelouse néo-zélandaise d'entrée de jeu qui ont marqué les esprits. Terminé le temps où l'Argentine était la quatrième roue du carosse : c'est actuellement la troisième force des nations du Sud. Et c'est ce statut que les Pumas viennent défendre ce soir.
On tient là une affiche qui n'a eu lieu "que" 11 fois au XXIe siècle, pour seulement deux victoires argentines. Mais là où cela devient intéressant, c'est que ces deux victoires ont eu lieu en Coupe du monde, un rendez-vous où les Pumas sont souvent performants. S'il n'y a pas d'enjeu réel à cette rencontre, on se doute qu'ils seront prêts pour une nouvelle performance majuscule, emmenés par leur sélectionneur Felipe Contepomi, l'ancien demi d'ouverture... du Leinster (2003-2009).
"Je ne dirais pas que c'est un avantage, mais j'essaie de transmettre ce que je sais de la culture irlandaise, du rugby irlandais et de certains joueurs. Mais en fin de compte, c'est la préparation individuelle et collective qui peut faire la différence." L'ancien international n'avance pas en terrain conquis, mais emmène une équipe habituée aux coups d'éclat, comme lors du succès en Angleterre en novembre 2022. Et puisque ce match est plus important pour l'Irlande que pour les siens...
Les compositions d'équipe
Irlande
Hugo Keenan - Mack Hansen, Garry Ringrose, Robbie Henshaw, James Lowe - Jack Crowley, Jamison Gibson-Park - Josh van der Flier, Caelan Doris (cap), Tadhg Beirne - James Ryan, Joe McCarthy - Finlay Bealham, Rónan Kelleher, Andrew Porter.
Remplaçants : Rob Herring, Cian Healy, Thomas Clarkson, Ryan Baird, Peter O'Mahony, Craig Casey, Sam Prendergast, Jamie Osborne
Argentine
Juan Cruz Mallia - Rodrigo Isgro, Lucio Cinti, Matias Moroni, Bautista Delguy - Tomas Albornoz, Gonzalo Bertranou - Thomas Gallo, Julian Montoya, Joel Sclavi - Guido Petti, Pedro Rubiolo - Pablo Matera, Juan Martin Gonzalez, Joaquin Oviedo.
Remplaçants : Ignacio Ruiz, Ignacio Calles, Francisco Gomez Kodela, Franco Molina, Santiago Grondona, Gonzalo Garcia, Santiago Carreras, Justo Picardo.