Trois sur trois possible pour le XV de France, attention à la menace argentine
L'entrée a été facilement avalée contre le Japon. Le plat de résistance, plus coriace, a fini par sourire au XV de France lors d'une victoire homérique sur la Nouvelle-Zélande. Ne reste plus que le dessert d'une tournée d'automne qui pourrait être parfaite pour les Bleus. Mais pour cela, il va falloir prendre la mesure d'une dangereuse équipe d' Argentine.
Une opposition qui rappelle quelques mauvais souvenirs. Historiques d'abord, puisque cette confrontation est un classique du XXIe siècle qui a produit quelques pages malheureuses de l'histoire du rugby français. Outre la double défaite lors de la Coupe du monde 2007, on a vu quelques roustes en amical depuis, mais aussi une victoire charnière lors du Mondial 2019.
Mais aussi extra-sportives, puisque c'est lors de la tournée en Argentine cet été que l'affaire "Auradou - Jegou" a éclaté. Un mauvais souvenir qui a jeté le discrédit sur l'équipe, les joueurs, le staff, le rugby français dans son ensemble. Et si la victoire sur les Blacks a amorcé la réconciliation, facile tant le public est versatile, cette tâche n'est pas prête de disparaitre.
Et avec ça, on en oublie de parler du bilan sportif de cette tournée. Un partout, balle au centre, avec une première victoire pour la France alors que l'Argentine n'avait plus joué depuis la Coupe du monde, durant laquelle elle avait terminé au pied du podium. Cueillis à froid, les Pumas ont réagi la semaine suivante en retrouvant du rythme et cela s'est ressenti dans le jeu. Ce qu'on ne savait pas, ce que cette victoire allait lancer un été de haute volée.
En effet, pour la première fois de son histoire dans le Rugby Championship, l'Argentine a terminé une campagne en battant une fois l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud ! Une énième preuve de la bonne santé de cette équipe, qui continue de progresser au contact des grandes nations mondiales. Et ce fut encore le cas cet automne.
Le match contre l'Irlande la semaine passée en est le meilleur exemple. Certes, le match a été perdu, mais après une rude bataille qui a forcé les Verts à tirer le meilleur d'eux-mêmes. Résistants, les Pumas ont tenu le choc devant comme derrière, et auraient pu l'emporter s'ils avaient maximisé leur momentum au retour des vestiaires. Mais le fait d'avoir maintenu les Irlandais muets pendant toute la deuxième période est clairement impressionnant.
Suffisant pour envoyer un avertissement clair : cette équipe reste toujours capable de vaincre les plus grosses nations du rugby, quelque soit le lieu, quelque soit l'endroit. Et c'est ce qu'elle va tenter de faire ce vendredi au Stade de France. Pour ce faire, elle envoyera son équipe type, articulée autour d'une charnière Gonzalo García - Tomás Albornoz particulièrement affûtée et clairvoyante, qui est devenue un point fort de cette équipe.
Mais celui qui a crevé l'écran, c'est Juan Cruz Mallia. Déjà salué pour son impact au Stade Toulousain, le Puma a sonné la révolte argentine avec un essai monstrueux contre les Irlandais, pour venir valider une prestation haut de gamme. Une de plus, pour un des joueurs en vue de 2024. Les Bleus savent à quoi s'en tenir, les Argentins étant des habitués du Top 14 et donc du jeu français, ce qui leur a permis par le passé de créer de nombreuses surprises dans cette confrontation.
Mais cette victoire sur la Nouvelle-Zélande est supposée être fondatrice pour le XV de France. Sans produire leur meilleur rugby, les Bleus ont réalisé une performance épatante de réalisme, avec un seul essai véritablement construit, mais avec une parfaite assurance lors du seul temps faible néo-zélandais, qui les a vus inscrire deux essais qui pèseront lourd dans le décompte final, alors qu'on avait craint une fessée au vu du début de match.
Après une telle victoire, il serait dommageable de conclure par une défaite. On attend forcément un feu d'artifice pour confirmer que les Bleus sont bien de retour et ont enfin évacué cette cruelle désillusion de la Coupe du monde à domicile. 2027 est l'objectif, martèle Fabien Galthié. Le succès sur les Blacks est une première pierre en vue de cet objectif, mais une pierre ne suffit pas.
Et alors que les deux équipes vont conclure leur tournée d'automne ce vendredi soir, il faudra éviter la décompression, le fameux "match d'après", et montrer un réel changement sur la durée, pas sur juste un match. L'Argentine est l'adversaire idoine pour cela, et une victoire permettra enfin d'afficher de réelles ambitions. À condition d'y mettre les ingrédients...