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Et bien évidemment, quand on perd, c'est la faute de l'arbitre

Sébastien Gente
Haro sur l'arbitre.
Haro sur l'arbitre.AFP
Il fallait s'y attendre, après la défaite cruelle du XV de France en quarts de finale de la Coupe du monde de rugby contre l'Afrique du Sud, c'est l'arbitre qui a pris. Les valeurs de l'ovalie ne sont là que quand la gagne est au bout, une finalité décevante.

"Ce que les Français font de bien, c’est que quand il y a une situation de plaquage haut, ils le montrent à l’arbitre. Je pense qu’ils simulent parfois, ce qui est intelligent. Dans certaines situations, l’arbitre va ainsi avoir recours à la vidéo, et c’est là où les Français sont malins." Cette petite phrase de Rassie Erasmus, directeur du rugby sud-africain, mardi dans les colonnes de L'Équipe, n'a pas manqué de faire réagir le XV de France et le microcosme rugby.

Mais elle a prouvé que les Boks ont bien mieux embrassé le jeu médiatique que les Bleus. Parce que cette petite phrase ne visait pas l'arbitre, mais les Français. Et mettait accessoirement la pression sur le corps arbitral, alors que l'on ne savait pas encore qui serait l'homme en noir. Une énorme différence avec la réaction d'Antoine Dupont en conférence de presse. 

Si l'on se doute que c'est la frustration qui parle, connaissant le bonhomme, ce manque de classe confondant n'aide personne et ne sert à rien. C'est juste jouer le jeu médiatique trop tard et dire ce que tout le monde, toute la France du rugby attend de lui. Pourtant, c'est l'avis général, enfin tout du moins dans l'Hexagone, où l'on pense encore que l'on aurait 5 Coupes du monde au compteur si l'on était arbitrés "comme tout le monde".

Organiser une Coupe du monde rajoute un surcroit de pression, et ce n'est pas un hasard s'il n'y a que trois nations sur désormais dix éditions qui l'ont emporté à la maison. La France a vécu au rythme du rugby pendant plus d'un mois, parce que la France adore les Bleus qui gagnent. Et ceux-là devaient gagner, c'était écrit. Mais maintenant, on tire sur l'arbitre, une bien trop fâcheuse habitude, en oubliant de balayer devant notre porte, en oubliant de regarder les erreurs commises par les Bleus pendant le match.

Oui, c'est la troisième fois sur les quatre dernières éditions que l'on perd d'un point. Oui, c'est extrêmement frustrant d'être le perdant le plus magnifique du rugby mondial. Mais faut-il prendre 60 points comme en 2015 pour que tout le monde se taise ? Ou faut il rappeler que trois essais sud-africains sur 4 viennent d'erreur françaises ? Les fameuses valeurs de l'ovalie, tant souvent vantées pour opposer au foot, ne sont là que quand on gagne, parce que c'est bien plus facile de les appliquer quand on n'a pas un goût amer au fond de la bouche. 

Alors on critique l'arbitre, parce que c'est facile, parce que c'est un défouloir. Et on l'insulte sur les réseaux sociaux, parce qu'on est en 2023 et que c'est faisable, contrairement aux annés 90. Et on se plaint en boucle parce que "oui on a fait des erreurs, mais si on était arbitrés correctement aussi". La pétition pour demander à rejouer le match avec un autre arbitre ne devrait pas tarder à arriver. Ce qui renforce notre position dans le jeu le plus facile, "quand on gagne, c'est parce qu'on est les meilleurs, quand on perd, c'est la faute de l'arbitre". Et à ce jeu-là, aucun doute, la France est championne du monde. 

Article de Sébastien Gente.
Article de Sébastien Gente.Flashscore
France gouvernement

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