France - Nouvelle-Zélande, c'est l'affiche de légende de la Coupe du monde de rugby
Le premier : 1987
On l'oublie souvent, mais France - Nouvelle-Zélande, c'était l'affiche de la première finale de l'histoire de la Coupe du monde. Les Bleus ont déjà marqué de leur empreinte la compétition en sortant le co-organisateur, l'Australie, devant son public, grâce à un essai légendaire de Serge Blanco au bout d'une demi-finale haletante.
Malheureusement, à l'Eden Park, les Bleus manqueront de kérosène. En face, Grant Fox est impérial dans son rôle de gestionnaire/buteur, et John Kirwan, "Lomu avant Lomu", finit le travail sur son aile. Une victoire 29-9 qui affirme d'entrée le statut des deux équipes. Rouleau compresseur pour l'un, perdant magnifique pour l'autre.
Le plus mythique : 1999
Le match du siècle. Peut-être le plus légendaire de l'histoire de la Coupe du monde. Cette fois, c'est sûr, les Blacks vont remporter leur deuxième trophée William Webb Ellis. Ils sont ultra-dominateurs, Jonah Lomu est au zénith, l'équipe ne semble pas avoir de faille, et les Bleus sont tout sauf convaincants depuis le début de la compétition. Mais restait la glorieuse incertitude du sport.
Une théorie mise à mal pendant 50 minutes. Dominateur, Lomu roule sur la défense française et inscrit deux essais légendaires qui semblent rendre les Blacks intouchables. Sauf pour la France. Avec pragmatisme, les Bleus reviennent au score par la grâce de la botte de Christophe Lamaison. Avant l'ouragan.
Dominici, Dourthe, Bernat-Salles, toute la ligne de trois quarts tricolore assomme totalement les Blacks et renverse la partie sous les yeux ébahis d'un Twickenham pas forcément conscient qu'il vient d'assister à un véritable exploit. La légende ce succès 43-31 perdure encore aujourd'hui, et a bâti pour toujours la réputation du XV de France. S'il y a un match qu'il faut avoir vu dans sa vie, c'est celui-là.
Le plus prévisible : 2007
La France est l'organisatrice principale de l'édition 2007. Mais dès le premier match, les Bleus chutent contre l'Argentine et se tirent une balle dans le pied. S'ils assurent leur qualification en quart de finale, ils sont obligés d'aller le jouer à Cardiff (!) face au rouleau compresseur black qui a inscrit plus de 75 points de moyenne lors de ses matchs de poule. Tellement déséquilibré que tout le monde croit à l'exploit.
Et pour une fois, tout le monde aura raison. Ce n'est pas la tornade de 1999. Non, cette fois, c'est une victoire méthodique grâce à une défense de fer, personnifiée par l'acte de naissance du "Dark Destroyer" Thierry Dusautoir, et une faculté à exploiter les rares occasions d'essai pour permettre à Jauzion d'aller crucifier les Blacks après une relance estampillée "French Flair". Moins mythique que 1999, mais aussi légendaire, ce succès 20-18 rappelle l'imprévisibilité des Bleus.
Le plus cruel : 2011
L'édition 2011 n'est pas restée dans les mémoires. Le niveau de jeu global n'est pas convaincant, et les Bleus encore moins. S'ils s'inclinent logiquement contre les Blacks en poule, ils vont également choir face aux Tongiens et passer à deux doigts d'une élimination qui aurait été clairement honteuse. Mais un tableau favorable et la faillite de leurs rivaux leur vaut de retrouver la finale.
Ainsi que les Blacks, qui ont perdu Dan Carter et tous leurs ouvreurs. Sans doute la pire finale de l'histoire de la compétition entre des locaux incroyablement maladroits et crispés et des Bleus luttant avec leurs armes malgré un écart de niveau assez béant dans l'absolu et un arbitrage déplorable. Finalement, les Blacks s'imposeront d'un point (8-7), soulèveront de nouveau le trophée, laissant un sentiment assez indescriptible dans les esprits, car les Bleus auraient dû gagner alors qu'ils ne le méritaient pas nécessairement.
Le plus à sens unique : 2015
Tenants du titre, les Blacks sont favoris. Comme d'habitude. Les Bleus, clairement dans le creux de la vague en cette période sombre de l'histoire du XV de France, arrivent pour faire un coup, mais ne sont guère reluisants en poules. Comme d'habitude. Mais avant la rencontre, le spectre de 1999 et 2007 ressurgit, et tout le monde pense que les Bleus vont refaire le coup dans ce quart de finale, d'autant qu'il a lieu à Cardiff. Comme d'habitude.
Les habitudes s'arrêteront là, car cette fois, l'écart de niveau est bien trop criant. Trop de certitudes et de talent chez les Blacks, pas assez chez les Bleus : le suspense ne durera même pas une mi-temps. 9 essais néo-zélandais, des Français qui se font littéralement rouler dessus, et un score finale de 62-13 en guise d'humiliation. C'était le dernier en date en Coupe du monde, à voir si celui de ce soir rentrera directement dans la légende.