Quand on pense "Flying Fijians", on pense forcément à la légende Waisale Serevi
Incroyable mais vrai, alors qu'il était en pleine force de l'âge, Waisale Serevi a joué en France. Et pas n'importe où, à Mont-de-Marsan, pendant cinq saisons, alors que le club oscillait entre les deux premières divisions du rugby professionnel tricolore. Un magicien au pays des frères Boniface, quoi de plus normal ?
C'est Max Godemet, préparateur physiqe du club landais, alors aux Îles Fidji, qui le rencontre par hasard, sur les conseils d'un ami, alors qu'il vient de rentrer au pays en 1998 après une expérience malheureuse à Leicester, qui est allé l'arracher au Championnat Japonais pour ne pas le faire jouer. Difficile de le convaincre de repartir de son île, mais ce sera finalement le cas. Le Stade Montois joue alors en deuxième division, et tout le monde - dont l'auteur de cet article - est éberlué à l'époque.
Un champion du monde en division 2, quelle hérésie ! Pas un champion du monde de rugby à XV, mais de Sevens. L'année précédente, Serevi est capitaine des Fidjiens champions du monde, soulève donc le trophée le premier et termine meilleur réalisateur de la compétition. C'est une star de la discipline, non pardon, c'est LA star de la discipline. Et il joue en France.
Séduit par le côté historique et la réputation de beau jeu de la formation landaise, il y restera cinq saisons, sera deux fois champion d'Élite 2, vivra trois saisons en première division. Replacé à l'ouverture par le coach de l'époque, Jean-Bernard Duplantier - encore un nom célèbre - il apportera sa magie à un public curieux puis séduit par celui qui est encore considéré aujourd'hui comme "le meilleur joueur de rugby à sept de l'histoire".
Une histoire épatante qui ne pourrait plus arriver aujourd'hui, et qui est symbolique de cette période où le rugby est en train de basculer pour de bon vers le professionnalisme exacerbé. Aujourd'hui, l'heure est à la détection, des gens dans les clubs sont payés pour regarder des tournois de Sevens et aller chercher les meilleurs éléments pour les convertir au XV.
Mais un rappel surtout du rugby amateur, que l'auteur de cet article a connu. L'époque où l'ambiance dans l'équipe était plus importante que le chèque. Bien sûr, Serevi n'était pas venu jouer gratuitement, mais le rapport notoriété + niveau / salaire était dérisoire. Et il n'était pas venu en préretraite de surcroit, mais pour apporter quelques chose, laissant une trace indélébile de son passage, inspirant plusieurs compatriotes venus ensuite jouer en Jaune et Noir, comme Vilimoni Satala ou Timoci Matanavou. Pas les plus mauvais.
Comme il l'a fait au Sevens. Double champion du monde, quintuple vainqueur du fameux Hong Kong Sevens, des titres et des records à la pelle, et une réputation tout sauf usurpée. Sans jamais tirer la couverture, en ayant vécu une histoire d'hommes plutôt que d'agents. Une légende qui a perduré et qui inspire encore aujourd'hui les Flying Fijians, un surnom donné de par leurs performances incroyables au Sevens. Ou comment boucler la boucle.