"Big Ben" Tameifuna à la bonne heure avec l'Union Bordeaux-Bègles
Le polyvalent géorgien Lekso Kaulashvili opéré d'un doigt, l'international Sipili Falatea victime d'une rupture des ligaments croisés du genou, le vétéran moldave et joker Coupe du monde Vadim Cobilas définitivement parti à la retraite à 40 ans: le poste de numéro 3 est une denrée rare ces derniers temps à l'Union Bordeaux-Bègles.
Il ne reste que trois postulants: le jeune (19 ans) champion du monde U20 Zaccharie Affane, pas encore lancé dans le grand bain, le Sud-Africain Carlü Sadie venu des Sharks cet été dans les valises de Yannick Bru, et l'indéboulonnable Ben "Big Ben" Tameifuna, qui en est à sa quatrième saison en Gironde.
Surfant sur un Mondial réussi (2 essais inscrits contre l'Écosse et l'Afrique du Sud), le Tongien de 32 ans enchaîne depuis quelques semaines les performances de choix. Celle de samedi a tourné au récital contre Bayonne, entre charges dévastatrices et courses tranchantes (dix comptabilisées, 29 mètres gagnés) dont l'une a fini dernière la ligne avec trois défenseurs cabossés au passage.
Pilier à part
"Comme on le disait dans le vestiaire, il avait l'étoile de Mario (en référence au jeu Super Mario, NDLR). Quand il avait le ballon, c'était carambolage à tous les rucks", savourait son capitaine Maxime Lucu, lui décernant le titre honorifique d'homme du match lors du succès étriqué face à l'Aviron (24-23). "Quand il est comme ça, à la hauteur de sa Coupe du monde, ça fait du bien."
Le bulldozer du Pacifique (1,82 m, 148 kilos), DJ attitré de l'équipe, est un pilier à part: monstre de puissance à l'activité inlassable dans les rucks, il ponctue ses fins d'entraînement de tentatives de pénalités souvent réussies.
Et avec son positionnement libre dans le jeu courant en second ouvreur atypique au milieu de la ligne de trois-quarts bordelaise, il peut créer l'incertitude dans la défense adverse, mobilisée dans l'attente d'une de ses percussions frontales avec raffut, sa spécialité.
Larmes à effacer
Chouchou des supporters, encore ovationné samedi à Chaban, Tameifuna préfère retenir "l'effort collectif" avec, dit-il, "des mecs qui me mettent dans une bonne position pour attaquer avec le ballon".
"Le rugby, poursuit-il, est parfois compliqué mais parfois, tu attrapes la balle, tu la tiens bien et tu fonces."
Ce n'est pas l'UBB version Bru, "un groupe spécial avec un bon état d'esprit, qui aime faire vivre le ballon" selon lui, qui va s'en plaindre.
Dauphin en Top 14 grâce à ces cinq victoires de rang, premier de poule en Champions Cup avec le plein de points, la réception des Saracens arrive à point nommé pour le natif d'Auckland qui n'a rien oublié de sa première face aux Anglais en finale de Coupe d'Europe avec le Racing 92 en mai 2016, conclue par une défaite (21-9).
Lors de la remise du Trophée aux Sarries, ce gros nounours n'avait pu retenir ses larmes. Sans parler de revanche, dimanche, il s'attend à vivre un autre grand moment.
"Presque tous les joueurs de cette équipe ont joué avec la sélection nationale, rappelle-t-il. Il faudra qu'on joue un rugby de très haut niveau. Mais on a aussi des joueurs incroyables. Ça va être génial, surtout à Chaban où jusqu'ici tout va bien pour nous."