Champions Cup : le Stade Toulousain, l'atout fraîcheur
La lourde défaite (40-17) subie au même stade de la compétition, et au même endroit, avait poussé l'encadrement rouge et noir à se mettre autour d'une table afin d'en identifier les causes.
Au-delà des considérations tactiques et d'une entame de match ratée, un constat s'était rapidement dégagé : les joueurs manquaient de jus. Pour plusieurs raisons. "On cravachait pour se qualifier en championnat. Nos internationaux avaient fait le Grand Chelem (dans le Tournoi des six nations) et l'avaient fêté dignement. On avait eu de la casse à des moments clés...", énumère le manager Ugo Mola.
Son équipe, pénalisée en poules par le Covid-19, avait aussi hérité d'une phase finale européenne dantesque, avec le triptyque irlandais Ulster-Munster-Leinster en déplacement. "On avait eu du mal à récupérer", se souvient Mola, dont les hommes avaient laissé beaucoup d'influx nerveux dans une prolongation et une séance de tirs au but épique en quarts contre le Munster, une semaine seulement avant de devoir retourner en Irlande.
"C'était il y a quasiment un an et les choses ont très certainement changé", nuance le manager toulousain, qui avait annoncé dès le début de la saison en septembre vouloir faire davantage tourner son effectif.
"Apprendre de nos erreurs"
"Le staff s'y est tenu", souligne l'entraîneur de la défense Laurent Thuéry. "Notre but était d'arriver sur cette fin de saison avec le plus de fraîcheur possible pour gagner les matches décisifs."
"Ils nous en avait probablement manqué la saison dernière", reconnaît-il. "On a essayé d'apprendre de nos erreurs et tout fait pour arriver dans de meilleures dispositions." Les recrues, notamment derrière avec Melvyn Jaminet, Ange Capuozzo ou Arthur Retière, ont favorisé les rotations. Comme la position beaucoup plus confortable au classement du Top 14 grâce à des périodes de doublons mieux négociées.
Leader avec sept points d'avance sur la 3e place à trois journées de la fin de la phase régulière, Toulouse s'est permis de faire souffler toute son équipe-type le week-end dernier pour le déplacement au Stade français. "On n'avait pas pu lâcher le moindre match l'an dernier pour espérer se qualifier (en Top 14)", rappelle l'ailier Matthis Lebel. "Entre l'équipe de France, le barrage, la demie... La saison avait été interminable."
"Cette année, c'est autre chose", ajoute-t-il. "On a pris le bon bout le plus tôt possible et il n'y a plus à se demander maintenant si on est frais ou pas, il va falloir y aller."
Principal pourvoyeur de l'équipe d'Irlande, le Leinster, qui survole également son championnat, a lui laissé "au chaud" pendant deux semaines entières l'ensemble de ses cadres. "C'est très rare à ce niveau et à ce moment de la saison d'avoir une telle pause", apprécie le pilier international Andrew Porter. "C'était un peu comme la préparation d'avant-saison : on a tout fait pour être prêt pour la dernière ligne droite."
Les Toulousains auront dans leur manche un autre atout fraîcheur : ce sont les Irlandais cette année qui ont sans doute "dignement" célébré le Grand Chelem.