Rugby Champions Cup : la deuxième étoile tend les bras à La Rochelle
C'est une grande première qui aura lieu à l'Aviva Stadium à 17h45. Pour la première fois de l'histoire de la Rugby Champions Cup, la finale sera identique à la précédente. La Rochelle et le Leinster se retrouvent, après avoir été indiscutablement les deux meilleures équipes de la compétition.
Si la première avait eu lieu à Marseille, et avait permis aux Rochelais d'ouvrir enfin leur palmarès après un match à suspense, la seconde prendra place dans l'antre des Irlandais, le plaçant de facto comme les favoris de cette rencontre. Cependant, l'expérience accumulée par les Maritimes lors de ces dernières années fait d'eux des candidats crédibles au titre.
En demi-finales, les Irlandais ont sorti un autre géant européen, le Stade Toulousain. Là encore à domicile, en profitant du soutien d'un public indéfectible. Mais ce match est trompeur, tout comme le score (41-22). En effet, Toulouse a évolué pendant 20 minutes à 14 contre 15, et a encaissé un terrifiant 31-0 dans cet intervalle.
Ne pas faire de fautes, c'est une lapalissade, d'autant que les Irlandais, en supériorité numérique, se sont rués à l'attaque sans réfléchir et ont tout donné pour fragiliser leur adversaire dans cette période. Vous l'aurez compris, le Stade Toulousain, durant les 60 minutes à égalité de joueurs, l'a emporté 22-11. De quoi laisser des regrets, mais aussi envoyer des pistes pour les Bagnards.
Quand Toulouse a réussi à mettre en place son rugby, les Irlandais ont immédiatement été en difficulté. C'est d'ailleurs les Rouge et Noir qui avaient inscrit le premier essai de la rencontre après une belle séquence en alternant parfaitement entre avants et trois quarts.
Outre le fait d'éviter les fautes, il faudra jouer sur ses qualités. La guerre des centres revêt en ce sens un intérêt primordial. À ce titre, le retour de Jonathan Danty est une excellente nouvelle pour le tenant, tant on connaît sa capacité à faire avancer son équipe.
La deuxième bonne nouvelle, c'est l'absence de Jonathan Sexton. Le légendaire ouvreur, blessé, ne sera pas remis à temps pour la finale. Ce qui va priver le Leinster d'un buteur de grand talent, mais surtout d'un maître à jouer exceptionnel. De quoi destabiliser la formation irlandaise ? En partie.
Car le Leinster, ce n'est pas que Sexton. C'est toute l'ossature de l'équipe d'Irlande, récente lauréate du 6 Nations avec le Grand Chelem en prime, et solidement installée dans les meilleures nations mondiales. Une équipe qui cependant, a des faiblesses.
Des faiblesses qui viennent d'être exposées au grand jour, la semaine dernière. Pour la deuxième saison consécutive, le Leinster s'est incliné à domicile en demi-finales de l'United Rugby Championship (Championnat des provinces irlandaises, galloises, écossaises et désormais sud-africaines).
Cette fois, c'est le Munster qui est venu s'imposer 15-16 sur le terrain de son plus grand rival, qui a mené toute la rencontre, mais faute d'un buteur efficace, s'est fait crucifier par un drop tardif. Ce qui nous renvoie à l'absence de Sexton. Mais il faut garder à l'esprit que les Leinstermen ont franchi la ligne à trois reprises, la première sur une erreur de la défense.
Le moment semble toutefois parfait pour se mesurer à cette équipe. En effet, le Leinster va jouer sa saison sur cette partie. En cas d'échec, ce serait pour ce club historique la deuxième d'affilée sans le moindre trophée. En partance pour le Racing 92, Stuart Lancaster conclurait ainsi son aventure irlandaise en queue de poisson.
Seulement, il ne faut pas sous-estimer l'esprit de revanche. Caelan Doris, le troisième ligne irlandais, a précisé à l'AFP que "Après la finale de Marseille contre La Rochelle, c'était horrible dans les vestiaires, notre pire moment: on pouvait sentir le silence et la souffrance". Nul doute qu'ils feront tout pour éviter ça.
Mais La Rochelle a les armes. "La Rochelle a le don de faire déjouer ses adversaires. Ce n'est peut-être pas l'équipe qui joue le mieux mais c'est la plus réaliste, avec un gros paquet d'avants, une très grosse mêlée, une très grosse conquête, beaucoup de gratteurs et une très bonne défense". Ces mots ne sont pas du staff, mais de Gaël Fickou, le centre international du Racing 92, toujours à l'AFP.
Et franchement, on ne pourrait pas décrire mieux cette équipe. La demi-finale contre Exeter en a été la parfaite démonstration. Bousculés en début de match, les Maritimes ont fait parler la force de leur paquet d'avants, concluant avec brio leurs initiatives, et les Anglais n'ont plus jamais vu le jour.
La pression, il faudra la faire peser sur les épaules des locaux. Si La Rochelle perd contre le Leinster sur le terrain du Leinster, c'est tout sauf déshonorant, les Irlandais étant l'une des plus grandes équipes de l'histoire de la compétition. Mais si le Leinster perd à domicile ? En fonction du scénario, on pourrait parler d'humiliation.
Ancien taulier de la maison Leinster, Ronan O'Gara, l'entraîneur en chef du Stade Rochelais, en salive d'avance. Son homologue Lancaster tente lui d'effacer le souvenir de la dernière finale, comme il l'a expliqué à l'AFP. "En tant qu'entraîneur, je ne fais pas trop référence à la finale de l'année dernière à mes joueurs, car cela ne fait que remplir leur esprit d'images négatives. L'année dernière, tout s'est joué sur la dernière action."
Alors, cinquième étoile du Leinster - ce qui leur permettrait d'égaler le Stade Toulousain, recordman de succès - ou deuxième de La Rochelle ? Le doublé n'a été accompli que par quatre équipes dans l'histoire, dont une seule Française - Toulon, auteur du seul triplé de l'histoire -. La Rochelle est face à un énorme défi, mais pourrait rentrer définitivement dans le gotha européen avec un succès. Rendez-vous à 17h45 pour avoir la réponse.
Les compositions
Leinster
15. Hugo Keenan -14. Jimmy O’Brien -13. Garry Ringrose -12. Robbie Henshaw -11. James Lowe -10. Ross Byrne -9. Jamison Gibson-Park - 8. Jack Conan - 7. Josh van der Flier - 6. Caelan Doris - 5. James Ryan (c) - 4. Ross Molony - 3. Tadhg Furlong - 2. Dan Sheehan - 1. Andrew Porter
Remplaçants : 16. Ronan Kelleher - 17. Cian Healy - 18. Michael Ala’alatoa - 19. Jason Jenkins - 20. Ryan Baird - 21. Luke McGrath - 22. Ciaran Frawley - 23. Charlie Ngatai
La Rochelle
15. Brice Dulin - 14. Dillyn Leyds - 13. UJ Seuteni - 12. Jonathan Danty - 11. Raymond Rhule - 10. Antoine Hastoy - 9. Tawera Kerr Barlow - 8. Grégory Alldritt (c) - 7. Levani Botia - 6. Paul Boudehent - 5. Will Skelton - 4. Romain Sazy - 3. Uini Atonio - 2. Pierre Bourgarit - 1. Reda Wardi
Remplaçants : 16. Quentin Lespiaucq-Brettes - 17. Joël Sclavi - 18. Georges-Henri Colombe - 19. Thomas Lavault - 20. Remi Bourdeau - 21. Ultan Dillane - 22. Thomas Berjon - 23. Jules Favre