Toulouse, un problème de riche derrière
Laissé sur le banc pour la demi-finale contre les Harlequins (38-26), Ramos est apparu à deux reprises en gros plan sur les écrans géants du Stadium pendant des tentatives de tir au but de Kinghorn, et on pouvait lire sur son visage qu'il n'était pas forcément ravi des choix du réalisateur.
L'arrière français, grand compétiteur, ne devait déjà pas apprécier outre-mesure de figurer parmi les remplaçants pour ce choc européen. Un choix fort de l'encadrement toulousain compte tenu de son très bon Tournoi des six nations avec les Bleus et de ses qualités de buteur.
Il s'explique autant par une logique de continuité – Kinghorn avait débuté les deux tours précédents à l'arrière après que Ramos a été blessé au bassin – que par la dynamique sportive du moment. "On accorde beaucoup d'importance à la performance et à l'entraînement, et malgré les statuts des uns et des autres, il faut repasser par cette case-là pour mériter de postuler", expliquait Ugo Mola avant le quart contre Exeter.
Quatre arrières internationaux
Avec Ramos (France), Kinghorn (Écosse), Mallia (Argentine) et Capuozzo (Italie), tout juste revenu de blessure, le manager toulousain dispose de quatre internationaux au même poste, une situation sans doute unique au monde.
Il dit souvent vouloir voir ses meilleurs joueurs ensemble sur le terrain, quel que soit leur numéro dans le dos. Malgré leur polyvalence, parfois poussée à l'extrême, ce n'est pas toujours possible, surtout depuis que Romain Ntamack est de retour aux affaires à l'ouverture.
Kinghorn a récemment été essayé à l'aile en championnat, avec succès, mais il aurait été délicat humainement d'écarter Matthis Lebel, qui empile les essais en ce moment (six en sept matches), ou Mallia, tellement précieux et performant pendant la période des doublons Top 14/Tournoi des six nations.
"Quand tu es manager, tu n'expliques pas les choses au dernier moment. Ce sont des matches qui se préparent plusieurs semaines à l'avance", témoigne auprès de l'AFP l'ancien entraîneur emblématique du club Guy Novès.
"Il faut insister sur la dimension collective pour que chacun sente qu'il apporte sa pierre à l'édifice. On le voit quand Toulouse gagne un trophée, il n'y a pas 23 joueurs sur l'estrade, mais 40 ou 50 pour la photo", ajoute-t-il. "Aujourd'hui, le Stade a le matériel humain pour faire tourner sans que le niveau de l'équipe ne s'en ressente."
"Une équipe-type, ça n'existe pas"
Après avoir ménagé son effectif ces deux dernières semaines en Top 14, notamment pour le déplacement à Montpellier samedi dernier (victoire 29-22), le staff rouge et noir reconduira-t-il contre le Leinster le même XV de départ qu'en demi-finale?
"Un entraîneur, quand il commence la saison, a toujours envie de faire une équipe-type, mais ça n'existe pas", avait affirmé Mola après le succès contre les Harlequins. "Ce qui existe, c'est avoir un très bon groupe et j'ai cette chance. J'espère qu'on aura l'occasion de le prouver, avec une peut-être une autre compo pour la finale."
Son problème de riche ne se limite pas aux trois-quarts. Entre Peato Mauvaka et Julien Marchand au talonnage ou Emmanuel Meafou, Thibaud Flament et Richie Arnold en deuxième ligne, le technicien toulousain a aussi de quoi se faire quelques nœuds au cerveau parmi ses avants.
"Les entraîneurs qui ont beaucoup d'options sont des entraîneurs heureux, les autres font avec ce qu'ils ont", philosophe-t-il. Ugo Mola doit être aujourd'hui un homme particulièrement heureux.