À l'arraché, le XV de France s'impose en Écosse et lance enfin son Tournoi des 6 Nations
Les ambitions du XV de France dans cette édition 2024 du Tournoi des Six Nations en ont pris un coup lors du match d'ouverture. Les Bleus ont été submergés par l'Irlande, et devaient réagir aujourd'hui. Mais ce déplacement en Écosse, pour affronter une équipe en pleine confiance et qui développait un rugby de qualité, s'annonçait semé d'embûches.
Sous un petit crachin, et après un poignant "Flower of Scotland", le match commence par un échange de coups de pied pour réchauffer les botteurs. Avant le début de la bataille des rucks, domaine crucial pour prendre le contrôle de la partie. Les Écossais ont des intentions, mais font preuve de maladresse; c'est cependant celle des Bleus qui va coûter cher, puisqu'une chandelle échappée par Mathieu Jalibert permet de lancer une première offensive d'envergure, qui va aller à dame avec de la réussite par Ben White (8e).
Thomas Ramos réduit rapidement le score au pied, avant un premier tournant. Sur une combinaison bien exécutée, Gaël Fickou transperce le rideau défensif, mais ne parvient pas à trouver son ailier à quelques mètres de la ligne. Une belle occasion gâchée en pleine domination écossaise, mais les Bleus resserrent les rangs en défense, concédant seulement trois nouveaux points sur une séance de pick'n'go contenue. Cependant, le jeu français manque cruellement d'inspiration, de continuité, de liant, de tout.
La conquête en touche est défaillante, et les Bleus font des fautes bêtes, donnant à Finn Russell l'occasion de rallonger la sauce au pied. Heureusement, la réaction arrive sur un petit côté de Louis Bielle-Biarrey après un bon grattage qui concentre la défense et permet à Gaël Fickou, isolé sur l'autre aile, d'aller pointer en coin. Sauf qu'un mauvais geste inutile coute à Uini Atonio un jaune, et c'est un miracle si les Écossais ne marquent pas sur leur dernière phase de domination avant la pause (13-10).
Si les Bleus sont toujours en course pour la victoire, ils souffrent encore en conquête. Et les Écossais, sentant le trouble, appuient sur l'accélérateur. Les brèches s'ouvrent dans la défense française, et en tentant de colmater l'une d'entre elles sur un plaquage sacrifice, Grégory Alldritt se blesse et sort sur civière (50e). L'occasion malgré lui pour Fabien Galthié de lancer le bal des remplacements, mais l'effet n'est pas celui escompté.
L'Écosse domine dans le jeu courant, et les Bleus commettent bien trop de fautes, permettant à Russell de remettre les siens à +6. Le match devient alors stratégique, avec une bien triste partie de "ping-pong rugby", qui démontre la tristesse de l'animation française. Pas d'ambition malgré quelques cartouches de relance évidentes, et des Écossais qui embrassent une stratégie forcément à leur avantage. La deuxième période, n'ayons pas peur des mots, est une purge.
C'est à dix minutes de la fin que Louis Bielle-Biarrey rallume la lumière. Servi petit côté par un Nolan Le Garrec dont l'entrée a été déterminante, après un énième travail de sape d'un royal François Cros, il distille enfin un jeu au pied opportun pour lui-même et grille la politesse à la défense pour aller aplatir. La transformation de Ramos met les Bleus devant d'un petit point, mais il reste alors dix minutes à tenir.
Et puisque cette équipe ne transpire pas la sérénité, c'est dix minutes de tremblote qui s'annoncent. Heureusement, les "finisseurs" apportent clairement un plus, notamment en conquête et dans les rucks. Ce qui permet de gratter une pénalité que Ramos s'empresse de convertir. Mais alors que la défense avait stoppé la percée monumentale de Kyle Rowe, les Bleus cafouillent la sortie de camp et offrent une ultime cartouche au Chardon.
Une cartouche qui se termine dans l'en-but dans la confusion, ouvrant la porte à un interminable arbitrage vidéo, qui sera heureusement en faveur des Bleus. Le XV de France s'impose finalement 16-20. Un succès fondateur ? Peut-être. Mais surtout la preuve que les Bleus ne sont pas morts.