Face au meilleur n°9 du monde, l'heure est venue de briller pour Nolann Le Garrec
Ce soir, le premier finaliste du Top 14 mouture 2022/2023 sera connu. À San Sebastian, le Stade Toulousain sera bien évidemment le grandissime favori, puisque n°1 de la phase régulière, pour retourner en finale. Après une saison en dents de scie, le Racing 92 va devoir sortir le grand jeu.
Mais le club francilien a tout de même quelques atouts dans sa manche. Et l'un d'entre eux se nomme Nolann Le Garrec. Phénomène de précocité, il est sans conteste l'avenir du club parisien. Mais pour exploser au plus haut niveau, il lui faut un match référence. Et pourquoi pas demain, face à la référence Antoine Dupont ?
L'irrésistible ascension
Cela ne fait que trois saisons que Nolann Le Garrec fait partie intégrante du groupe professionnel au Racing 92. Pourtant, du haut de ses 21 ans, il se comporte déjà comme un taulier. Et c'est tout sauf surprenant, tant il a pu griller les étapes.
Champion de France des U14 avec Vannes - club où son père Goulven est toujours entraîneur adjoint - puis avec les U16 dès sa première saison au Racing, sa côte était tellement élevée qu'en plus de jouer avec les U18 français - dont il sera le capitaine - à 17 ans, il se voit autorisé en 2020 à rejoindre l'équipe des U20, qui dispute tous les ans le Tournoi des 6 Nations.
Là encore, il s'impose comme un élément indispensable, dans une équipe en grand besoin de leader. Un élan fauché par le Covid, qui interrompt les hostilités. Mais le Racing en est convaincu, il tient un grand n°9. Et dès le début de la saison suivante, lance sa pépite, puisque le Breton connaîtra sa grande première en Top 14 en entrant en jeu contre ... le Stade Toulousain.
Preuve qu'il n'y a pas que son club qui croit en lui, il intègre rapidement le Pôle France, et passe sous la surveillance de la Fédération. Et lors de sa seconde saison professionnelle, on assiste à une réelle éclosion. Le Racing est en plein renouvellement. Teddy Iribaren se blesse gravement et Maxime Machenaud acte son départ à la fin de saison 2021/2022. Le champ est libre pour Le Garrec.
Malgré sa première grosse blessure, il fera pas moins de 16 feuilles de match sur 26 en saison régulière, et sera titulaire pour le barrage à Bordeaux, perdu par son club. Cependant, la machine est lancée, et Fabien Galthié lui offre une sélection avec les Barbarians anglais en juin dernier.
Arrive alors la troisième saison, l'actuelle, censée être celle de la confirmation. Et confirmation il y aura. Entre Top 14 et Coupe d'Europe, il va jouer 25 matchs sur 31 possibles, dont 22 comme titulaire. Plus besoin de chercher la concurrence, il est désormais le n°9 indiscutable. Buteur, marqueur, meneur, sa réputation ne fait que grandir. Et comme il l'a dit lui-même en début de carrière sur le site de la FFR, "Je vis rugby, je lis rugby, je visionne rugby". L'homme est concerné. Et en récolte les bénéfices.
Maxime Lucu absent, Galthié en fait le remplaçant d'Antoine Dupont pour le premier match du Tournoi des 6 Nations en Italie. Il n'entrera pas en jeu, conséquence du caractère serré du match, mais c'est la preuve que le sélectionneur va au bout de son idée avec le Breton. Il est dans son radar, puisque jeune, percutant, buteur, bon au pied, et dôté d'un leadership indiscutable. Toutes les qualités d'un n°9 moderne.
Et en point de mire, bien évidemment, la Coupe du monde. Il apparaît évident que Dupont et Lucu seront les tauliers du poste, mais il est quasi certain que Fabien Galthié emmènera 3 demis de mêlée dans son groupe de 33. Et si Nolann Le Garrec peut y prétendre, il n'est pas le seul.
Direction le Mondial ?
Cela va se résumer à un match à 3 avec Baptiste Serin et Baptiste Couilloud. L'avantage majeur de Le Garrec, c'est qu'il lui reste au moins une occasion de briller. Celle de ce soir, et pas contre n'importe qui : contre le meilleur demi de mêlée au monde, Antoine Dupont.
Référence absolue, le Toulousain est attendu à un haut niveau de performance pour emmener son équipe en finale. Et il apparaît évident qu'un grand match du Breton servirait sa cause plus que de raison. L'objectif pour lui ne sera pas forcément de faire un meilleur match que le capitaine du XV de France, mais de prouver qu'il peut être une alternative crédible.
Comment ? Déjà en portant plus le ballon, ce qu'il n'a pas nécessairement fait en barrages contre le Stade Français par exemple. Mais aussi en n'abusant pas du jeu au pied, ce que lui et Finn Russell ont parfois tendance à faire, car cela nuit au Racing, qui est tout simplement la meilleure attaque de la phase régulière du Top 14.
Mais il ne pourra pas échapper au "match dans le match". La façon dont il va défendre sur Dupont va peut-être conditionner une partie du résultat. On le sait, le dénommé "Ministre de l'Intérieur" n'hésite pas à porter le ballon, et à être le premier soutien de l'attaquant. Couper les transmissions sera nécessaire, plus facile à dire qu'à faire, il faut en convenir.
Mais surtout, il faudra apporter une variété énorme. Concassé par son homologue parisien samedi, le 8 de devant Ciel et Blanc ne pourra peut-être pas soutenir la comparaison avec celui de Toulouse. Et si les avants du Racing ne répondent pas au défi, la façon dont il organisera les phases de conservation de son équipe aura un grand impact.
C'est un tout, c'est évident. Et après tout, ce qu'on lui demande, ce n'est pas d'être meilleur qu'Antoine Dupont. Mais avec une finale / une place à la Coupe du monde en ligne de mire, l'heure est venue pour Nolann Le Garrec d'exploser définitivement aux yeux de la planète rugby. Et quoi de mieux que d'affronter le gratin pour cela. Rendez-vous ce soir 21h05 pour en savoir plus.
Les compositions officielles
Stade Toulousain
Le XV de départ : 15. Ramos ; 14. A. Retière, 13. Chocobares, 12. Ahki, 11. Lebel ; 10. Ntamack, 9. Dupont (cap.) ; 7. Cros, 8. Roumat, 6. Willis ; 5. Meafou, 4. Arnold ; 3. Aldegheri, 2. Marchand, 1. Baille.
Remplaçants : 16. Mauvaka, 17. Neti, 18. Flament, 19. Placines, 20. Tolofua, 21. Tauzin, 22. Nanaï-Williams, 23. Faumuina.
Racing 92
Le XV de départ : 15. Spring ; 14. D. Taofifenua, 13. Fickou (cap.), 12. Chavancy, 11. Imhoff ; 10. Russell, 9. Le Garrec ; 7. Chouzenoux, 8. Woki, 6. Diallo ; 5. Poloniati, 4. Sanconnie ; 3. Nyakane, 2. Chat, 1. Gogichashvili.
Remplaçants : 16. Tarrit, 17. Ben Arous, 18. Palu, 19. Lauret, 20. Kamikamica, 21. Gibert, 22. Saili, 23. Gomes Sa.