Top 14 : Montpellier va probablement perdre son titre, chronique d'un déclin pas annoncé
Le 24 juin 2022, le Montpellier Hérault Rugby écrivait la plus belle page de son histoire, en remportant son premier titre de champion de France. La saison avait été de qualité, et quand il a fallu aborder les matchs à élimination directe, le MHR n'a pas tremblé. L'aboutissement pour Philippe Saint-André, qui ne se doute pas encore du chemin de croix à venir.
Des tournants mal négociés
Pourtant, l'intersaison n'avait pas bouleversé l'effectif dans sa globalité. Quelques départs marquants - les retraites de Fulgence Ouedraogo et Guilhem Guirado, mais surtout les départs de Benoît Paillaugue et Handre Pollard - compensés par les arrivées d'une charnière jeune et ambitieuse, Léo Coly, meilleur joueur de Pro D2, et Louis Carbonnel, viré comme un malpropre de Toulon. L'ossature, le staff, tout restait en place.
Sauf que comme tout un chacun le sait, tous les ans, la bataille pour la qualification en Top 14 est une guerre. Une lutte intense ou chaque faux pas coûte cher. Et cette saison aura été rythmée par des tournants rarement favorables aux Montpelliérains.
5e journée : après une défaite inaugurale honorable à La Rochelle, Montpellier enchaîne trois victoires d'affilée avant un grand rendez-vous. La visite du Stade Toulousain, qui se présente amoindri, avec une équipe renouvelée quand le MHR sort la grosse artillerie. Mais se fait piéger par la jeunesse toulousaine, qui porte un premier coup aux ambitions locales, principalement à cause d'une fin de match mal maîtrisée. Pire encore, ce match lance une série de quatre défaites d'affilée.
17e journée : le MHR est revenu quelque peu dans le coup, bien que peu flamboyant. La réception de Toulon, concurrent direct pour la qualification, s'annonce décisive. Mais dans un match tendu à l'extrême, disputé dans une ambiance délétère, les Varois viennent s'imposer de deux points et l'état d'urgence est déclaré. Là encore, ce match fait partie d'une série de quatre défaites d'affilée.
22e journée : après une élimination européenne amère, mais dans laquelle les Héraultais ont montré certaines vertus, la victoire est obligatoire contre sa victime en finale du Top 14, le Castres Olympique. Les Tarnais n'ont pas gagné un match à l'extérieur de la saison, mais ils vont venir faire le coup en terre montpelliéraine. "On veut vraiment finir dans les six" déclarait pourtant George Bridge avant la rencontre.
Pas leur destin en mains
Mathématiquement, ce n'est pas impossible. D'autant que le calendrier est en la faveur du champion de France. Réception de la lanterne rouge briviste, réception d'une équipe de La Rochelle qui aura peut-être la tête à sa finale européenne - et qui sera peut-être déjà sûre de terminer dans les deux premiers - et déplacement à la Section Paloise pour finir. Sur le papier, rien d'insurmontable.
Mais bien évidemment, Montpellier dépend du résultat des autres équipes. Car ce sont six équipes qui sont à la lutte pour la qualification - le Stade Français semble trop loin devant. Et en cas d'égalité, la différence particulière départagera les deux équipes. Or, Montpellier n'a l'avantage que sur deux formations - Toulon et l'Aviron Bayonnais).
De plus, les confrontations directes entre candidats aux barrages ne sont guère légion d'ici la fin. Montpellier doit donc compter sur des faux-pas adverses pour entrevoir la lumière. Cependant, si la qualification leur échappe, ce ne sera pas sur ces trois derniers matchs.
Pas de confirmation
Parce que dans un Top 14 aussi dense et compétitif, se qualifier en ayant perdu quatre fois à la maison relèverait du miracle. Et même si le MHR remportait ses trois derniers matchs, cela leur ferait 50% de succès (13/13). Depuis la création du Top 14 en 2005, ce n'est arrivé qu'une fois qu'une équipe se qualifie avec au moins 13 défaites.
En revanche, c'est arrivé à plusieurs reprises que le tenant du titre ne se qualifie pas pour les barrages. Des précédents fâcheux qui montraient ce qu'on a pu constater cette saison à Montpellier. Pas nécessairement de la suffisance, mais de la faiblesse sur les fondamentaux. La mêlée est moins conquérante, la touche plus hésitante, et le jeu bien moins fluide. Un effet du départ soudain en cours de saison de l'entraîneur des avants, Olivier Azam ? Cela semble avoir en effet perturbé la conquête montpelliéraine.
Et ce malgré une belle résilience. Car ce qu'il faut signaler, c'est que le MHR a pris pas moins de neuf points de bonus, deuxième meilleur total du Top 14. Un signe évident de combativité, mais cela ne fait pas tout. L'équipe a clairement été à réaction cette saison, enchaînant série de victoires après séries de défaites, en laissant l'impression désagréable de vivre sur ses acquis.
Alors que l'occasion était belle de s'installer pour de bon parmi les ténors du Top 14, Montpellier va sans doute perdre un an. Ainsi que toute la confiance emmagasinée lors du fabuleux parcours de la saison passée. De quoi provoquer un grand ménage en fin de saison ? Pas forcément. Mais de quoi sans doute remettre en cause le projet et les ambitions, puisque la Champions Cup risque également fort d'échapper au MHR. À moins d'un miracle.