Toulouse, La Rochelle et les pièges d'une saison à part de Top 14
Trois journées en août-septembre et plus un seul match pendant deux mois : le Mondial en France (8 septembre-28 octobre) contraint le championnat à une coupure inhabituelle et soulève de nombreuses questions.
"On démarre, mais on s'arrête rapidement et on ne sait pas trop ce qu'on doit faire", reconnaît auprès de l'AFP, perplexe, le directeur général du Stade français, Thomas Lombard.
"Est-ce qu'on continue à s'entraîner très fort? Est-ce qu'on ralentit ? Est-ce qu'on joue des matches amicaux ?", s'interroge le dirigeant parisien. "Et puis il y a la question de la réintégration des joueurs post-Coupe du monde. Quelle gestion physique, on va avoir sur une saison qui risque d'être éreintante ?"
Ces incertitudes sont d'autant plus grandes chez les deux ogres actuels du rugby hexagonal, Stade toulousain et Stade rochelais, qu'ils sont de loin les deux principaux pourvoyeurs du XV de France.
Jusqu'au retour de leurs forces vives – que l'on espère, pour les Bleus, le plus tardif possible –, les finalistes de la saison dernière vont devoir limiter les dégâts face à des adversaires moins affaiblis.
Racing et UBB, nouvelle ère
L'effectif toulousain, déjà riche, n'a quasiment pas bougé à l'intersaison en dehors de l'arrivée du pilier droit international néo-zélandais Nepo Laulala et du renfort, ponctuel, d'une dizaine de jokers Coupe du monde, dont un autre All Black, Owen Franks.
Pas de vagues non plus dans le recrutement des Maritimes, doubles champions d'Europe en quête d'un premier Bouclier de Brennus, surtout marqué par la signature de l'ailier international anglais Jack Nowell. Leurs concurrents ont en revanche opéré quelques ajustements dans l'espoir de combler leur retard, à commencer par les deux autres demi-finalistes, le Racing 92 et Bordeaux-Bègles.
Après dix ans sur le banc francilien, Laurent Travers, promu président, a cédé les rênes du sportif à l'ancien sélectionneur de l'équipe d'Angleterre Stuart Lancaster. Ce dernier pourra s'appuyer sur des recrues de choix, parmi lesquelles le puissant trois-quarts fidjien Josua Tuisova ou le troisième ligne sud-africain Siya Kolisi, capitaine emblématique des champions du monde 2019.
Une nouvelle ère s'ouvre également à l'UBB après une saison en dents de scie, avec l'arrivée de Yannick Bru aux commandes d'une équipe notamment renforcée par l'ailier des Bleus Damian Penaud.
Sam Whitelock superstar
D'autres nouveaux visages vont apparaître cette saison sur les bancs du Top 14. Actuellement dans le staff de l'équipe de France, Laurent Labit et Karim Ghezal succèderont à Gonzalo Quesada au Stade français à l'issue du Mondial.
Franck Azéma le Catalan, dont le binôme à Toulon avec Pierre Mignoni n'aura tenu qu'un an, est de retour chez lui à Perpignan, qu'il tentera de maintenir sans passer par la case barrage, et l'ancien Grenoblois Fabien Gengenbacher, 39 ans, prend à Lyon la place de Xavier Garbajosa, désavoué par son vestiaire.
Comme souvent en année de Coupe du monde, les joueurs de l'hémisphère Sud débarqueront en nombre après le tournoi. Le plus illustre est sans conteste Sam Whitelock, double champion du monde avec les All Blacks (145 sélections), qui retrouvera à Pau son petit frère Luke. Il sera accompagné de ses compatriotes Laulala (Toulouse), Jack Goodhue (Castres) et Brad Weber (Stade français), de l'Australien Reece Hodge (Bayonne) et du Sud-Africain Marvin Orie (Perpignan).
La course à la phase finale promet encore une fois d'être acharnée. Toulon, Clermont, Montpellier et Castres espèrent la retrouver et le seul promu, Oyonnax, pourrait s'inspirer de Bayonne pour jouer à son tour les trouble-fête.